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Opéra royal de Versailles, 17 mai 2018 —— Frédéric Norac.

Les enfants de la République chez le Roi Soleil

Génarations Lully, Baptiste ou l’opéra des farceurs. Photographie © D.R.

Générations Lully est un ambitieux projet qui associe depuis 2016, à l'initiative et sous l'égide du Centre de musique baroque de Versailles, plusieurs collèges, conservatoires, écoles de musique et de danse et des associations de Trappes en vue de produire un spectacle. Cette initiative est soutenue par les préfectures régionale et départementale, des ministères (culture, ville, jeunesse et sports), la Ville de Trappes elle-même, le Château de Versailles, et surtout le Commissariat général à l’égalité des territoires.

La comédie-ballet « Baptiste ou l’opéra des farceurs » (mais il s'agit plutôt d'un pasticcio) que présentait, après la Halle culturelle-La Merise de Trappes, l'Opéra royal de Versailles est le résultat de deux années de travail d'un nombre de personnes et d'instances trop nombreuses pour être citées ici (et dont on trouvera le détail sur le site du projet), sous la direction de Vincent Tavernier qui en a écrit le livret et assuré la mise en scène.

Le résultat, avouons-le, manque un peu d’homogénéité, la faute en partie à un livret qui n’est qu’un prétexte autour d’un scénario sans véritable ressort et dont la portée didactique (les démêlés du Théâtre de la Foire avec le système des privilèges et particulièrement celui du surintendant de la musique du roi) reste moyennement convaincante. Du reste, ce qui relève du théâtre ici est singulièrement gauche et pesant, lesté par les hésitations, les faux départs et le manque de rythme des jeunes et moins jeunes acteurs amateurs qui parlent un peu faux et manquent de naturel théâtral. On exceptera bien sûr Olivier Berhault incarnant M. Oudinot et la soprano Marie Favier, sa femme et la prima donna de son théâtre.

Génarations Lully, Baptiste ou l’opéra des farceurs. Photographie © D.R.

Les meilleurs moments sont incontestablement les moments musicaux, notamment les passages choraux portés des chœurs d'enfants remarquablement préparés et soutenus par la participation de l’excellente maîtrise du CMBV et la direction d'Olivier Schneebeli à la tête d'un ensemble de musiciens issus de conservatoires et d'écoles d'Ile-de-France.

Les parties chorégraphiques retiennent également l’attention, singulièrement celle du tableau des Enfers extrait d'Alceste — un des plus réussis visuellement — confié à un groupe de hip hop, les B3.1 particulièrement expressifs et d'une époustouflante virtuosité.

Mais ici le résultat est moins important que le travail accompli car c'est lui qui au final cimente des individualités et des groupes sociaux très hétérogènes et vise à l'intégration d’une large population par le biais d’un projet artistique et culturel, tous âges, toutes origines et toutes classes sociales confondus. À en juger par l'enthousiasme du public présent dans la salle et celui des jeunes interprètes sur le plateau, le pari de la « démocratisation » d'une culture généralement considérée comme très élitaire, est pleinement réussi.

Si tous les jeunes participants de cette expérience ne deviendront pas, tant s'en faut, des solistes ou des comédiens reconnus, encore que parmi eux quelques vrais talents se font déjà sentir, au moins auront-ils eu accès à un univers d'exigence culturelle susceptible de développer chez eux la curiosité intellectuelle et de comprendre et d'apprécier la valeur de l'engagement et de la participation dans un projet collectif.

Génarations Lully, Baptiste ou l’opéra des farceurs. Photographie © D.R.

Frédéric Norac
17 mai 2018

 

Frédéric Norac : norac@musicologie.org. Ses derniers articles : Noir, c'est noir : Orfeo ed Euridice de GluckMichael Spyres : un ténor-phénomèneMélisande et (l'orchestre) Pelléas : Pelléas et Mélisande au Théâtre des Champs- ÉlyséesLes sortilèges d'Olivier Dhénin : L'enfant et les sortilèges de RavelSoirée des Mille et une nuits : Mârouf, savetier du CaireLes régents de la musique française : Musique pour la duchesse du Maine Le retour d'Auber : Le Domino noir à l'Opéra-ComiqueTous les articles de Frédéric Norac.

 

 

 

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bouquetin

Dimanche 27 Mai, 2018 2:21