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5 juillet 2018 —— Jean-Marc Warszawski.

Christophe Marchand, musiques d'orgue en miroirs

Christophe Marchand, Musiques en miroirs, Pascale Rouet, orgue Yves Koenig de la basilique de Mézière. Triton, 2018 (TRI 331211). Enregistré les 2-4 septembe 2017.

Pascale Rouet a  commencé à faire ses gammes au Conservatoire de Charleville-Mézières, les a continuées à Reims avant le grand jeu du Conservatoire national supérieur de Paris : orgue, improvisation, harmonie, contrepoint, fugue, orchestration, en empochant les Prix qui vont avec. Le temps de se perfectionner à l’orgue et au clavecin  auprès de maîtres tels  Jean-Pierre Leguay, Yannick Le Gaillard, André Isoir, Bernard Foccroulle, de passer par Toulouse pour gagner le Premier Prix du concours international d'orgue (musique contemporaine), elle revient là d’où elle est partie, le Conservatoire de Charleville-Mézières, cette fois comme professeure d’orgue, tout en menant une carrière européenne d’organiste, en soliste, avec chœurs, ensembles instrumentaux, dans des répertoires anciens et contemporains, dont de nombreuses œuvres lui sont dédicacées.  Elle a enregistré une vingtaine de disques, elle est rédactrice en chef de la revue « Orgues nouvelles ».

Son nouvel enregistrement  est tout entier consacré aux œuvres de Christophe Marchand, qui fut son élève organiste et élève compositeur de François Leclère. Titulaire d’un DEA d’histoire grecque et agrégé d’histoire-géographie, il est inspecteur pédagogique, mais toujours organiste et compositeur. Peu médiatisé, il est, avec un catalogue d’une quarantaine de pièces, un compositeur qui compte dans le monde de l’orgue, aussi de sa pédagogie. Il est un musicographe actif.
On pourrait le croire élève de Claude Ballif, le marieur de la tonalité et de l’atonalité, à une époque où cela pouvait faire bizarre, bricolage esthétiquement impur, tant pour les mordus du traité d’harmonie tonale que pour les militants dodécaphonistes. Des théorisations un peu vieillies aujourd’hui par nos oreilles assouplies par bien des expériences sonores.

On ne peut pas vraiment parler d’atonalité chez Christophe Marchand, mais plutôt d’une harmonie libérée des obligations de résolutions de dissonances à consonances et du règne de la relation tonique dominante, qui n'abolit pas toute polarisation tonale. Sans être dans le mariage des extrêmes, l’alliance d'évocations explicites et explicitées des musiques des xvie et xviie siècles avec une écriture contemporaine  attire indéniablement l’oreille. Musiques en miroirs ? Certainement, avec un balancement de va-et-vient entre ombre et lumière, introspection et danses populaires, qui n’est pas sans exhaler une sensation de mystère dans une impression d’espace monumental.

Ombres et lumières fort à propos pour les vitraux de la basilique de Mézières, créés par René Dürbach entre 1955 et 1979, présentés dans un livret séparé, qui sont comme la musique de Christophe Marchand un questionnement ou une  interprétation moderne des formes anciennes.

L’orgue de la basilique Notre-Dame d’Espérance de Charleville-Mézières, le cinquième depuis 1505, a été élevé en 1996 par Yves Koenig dans un esprit début xviiie siècle entre France et Allemagne qui convient particulièrement bien, par ses sonorités franches, aux œuvres  de Christophe Marchand.

Un enregistrement totalement Charleville de chez Mézières.  Ardennes que pourra.

Christophe Marchand, Le Songe de Jan Pieterszoon Sweelinck (extrait de la plage 8), par Pascale Rouet.

 

plume 6 Jean-Marc Warszawski
5 juillet 2018

 

1. Sonate « À travers les étoiles »

2. 4 - Orchésographie II, V & III (d’après l'Orchésographie de Thoinot Arbeau (1588), premier traité de danses connu, comprenant des mélodies à danser).

5. Stella Splendens in monte (d’après le Livre vermeil de Montserrat, xive siècle)

6. - Étude 4 « Per Elevazione »

7-13. Le Songe de Jan Pieterszoon Sweelinck (Polyptyque alternant des pièces de Sweelinck (1562 – 1621)

14-16. Trois danses macabres.

 

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