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Basilique de Saint-Denis, 15 juin, par frédéric Norac

Mahler en version sonorisée : changement d'esthétique ou gadget

Maxime Pascal et l'ensemble Le Balcon. Basilique de Saint-Denis, 15 juin 2017. Photographie © Musicologie.org.Maxime Pascal et l'ensemble Le Balcon. Basilique de Saint-Denis, 15 juin 2017. Photographie © Musicologie.org.

Après les Vêpres de Monteverdi en 2015 et la Fantastique de Berlioz cet hiver, Le Balcon poursuit sa relecture  des grandes œuvres du répertoire avec cette 7e symphonie de Mahler, revue par Joël Lasry, et sonorisée par Florent Derex.  Il peut paraître paradoxal de transcrire une œuvre aussi monumentale pour un ensemble d'une trentaine de musiciens, surtout pour la faire passer ensuite par le truchement d'une amplification, dans le but de « transmettre à l'auditeur une image cohérente et expressive » et de servir « de passerelle entre l'interprète et le spectateur » pour reprendre les propos du responsable de la « projection sonore » dans le programme de salle.

A priori, la musique de Mahler dans sa version originale possède toute la force et l'expressivité nécessaires pour se transmettre directement à l'auditeur, surtout dans le cadre de la Basilique de Saint-Denis dont l'acoustique naturellement réverbérante ne semble pas réclamer d'artefact.

Le résultat de cette transformation électroacoustique, nous a semblé  assez mitigé malgré le succès et le consensus qu'il semble rencontrer chez le public. La complexité de l'écriture malhérienne n'en sort pas nécessairement « éclaircie », singulièrement dans le premier mouvement où les perpétuels changements de plan, les modulations abruptes, les ruptures de développement sont exagérés et durcis et le son appauvri par l'amplification. De même, le dernier mouvement et son caractère triomphal, dominé par les cuivres et les percussions,  a un peu tendance à tomber dans un pompiérisme tonitruant que la sonorisation ne fait que renforcer. La volonté donc d'unir « l'écriture et la performance » dans cette réécriture ne sous semble pas complètement évident, sauf dans les trois mouvements centraux où  le caractère originellement chambriste de la musique bénéficie largement de la mise en relief que lui offre la sonorisation, donnant l'impression d'un orchestre composé de solistes, et qui par la lisibilité accrue des détails d'orchestration du coup captive tout à fait l'auditeur et renforce l'impact de la musique.

Maxime Pascal à la tête de son ensemble de virtuoses où l'on distinguera le premier violon somptueux de You-Jung Han se révèle d'une grande sensibilité à l'univers mahlérien dont il communique autant que faire se puisse dans ces conditions un peu réductrices la poésie inquiète et l'ironie angoissée. Son engagement sans faille se lit dans sa gestique swingante et sa mobilité de tous les instants. Un grand chef donc, un bel ensemble  mais on se demande tout de même au final si cette  vision un peu « réduite » et partiellement appauvrie d'une grande œuvre, relève vraiment du changement d'esthétique ou du gadget et ce qu'elle apporte réellement à la symphonie de Mahler et à l'auditeur.

Frédéric Norac
15 juin 2017


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