musicologie
27 mars 2017, par Frédéric Norac ——

Les amours des poètes : Cyrille Dubois aux Lundis musicaux de l'Athénée

Cyrille Dubois. Photographie © D.R.

Dans ses leçons de chant parues en 1959, Charles Panzéra, grand interprète des mélodies de Fauré et dédicataire d'un de ses cycles les plus célèbres, L'Horizon chimérique, pose en axiome que pour trouver sa voix (sa voie aussi), le chanteur doit en passer par son répertoire naturel, celui de sa culture et de sa langue maternelle.

Les cinq mélodies de Venise que Cyrille Dubois a placé au cœur de son récital en sont la parfaite illustration. Sa voix de ténor lyrique (léger) ou de haute-contre à la française s'y révèle absolument idéale. Alliée à une diction parfaite, à des demies-teintes de rêve, à un phrasé élégant et d'une remarquable intensité et à un timbre immaculé, elle transmet toute la délicatesse un peu précieuse des textes de Verlaine autant que la belle profondeur que leur donne la musique de Fauré.

En première partie, ses Dichterliebe de Schumann ne sont d'évidence pas moins travaillés et articulés avec probité, mais la tessiture assez grave — le cycle est plutôt habituellement l'apanage des barytons — constitue avec la langue allemande un handicap difficile à surmonter, et le résultat parait moins spontané, mais reste cependant à un niveau très élevé et plus qu'honorable.

C'est avec Britten et ses rares Sonnets de Michel-Ange, cette fois en italien, que le chanteur conclut brillamment son récital, offrant au public l'occasion d'une belle découverte. On regrette juste que le programme ne fournisse pas les textes pour savourer un peu plus la qualité de l'interprétation et la variété de la musique. Trois généreux bis toujours de Britten dont deux en anglais —  Sally Gardens, Quand j'étais chez mon père, et une mélodie non identifiée — viennent compléter un programme de très haute tenue où le ténor fait la démonstration de sa versatilité. Depuis sa sortie de l'Atelier lyrique de l'Opéra de Paris, Cyrille Dubois n'a cessé de multiplier les prises de rôle dans des répertoires très variés (Rameau, Mozart, Offenbach, Rossini, etc.). Il est actuellement à l'Opéra de Paris dans une création de Luca Francesconi, Trompe-la-Mort, d'après Balzac, et on l'attend bientôt dans les Pêcheurs de perles en version de concert au TCE. Il prouve avec ce récital original, varié et de très haut niveau qu'il est incontestablement une des valeurs sûres du chant français actuel dans la pleine maturité de son talent d'interprète.

Frédéric Norac
27 mars 2017
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