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Le triomphe du Hun : Attila de Verdi au Théâtre des Champs-Élysées

Erwin SchrottErwin Schrott. Photographie © Decca, Uli Weber.

Paris, 15 novembre 2017, par Frédéric Norac ——

Rien que pour la scène du rêve et le magnifique finale qui le suit, cet Attila, neuvième opéra de Verdi créé à Venise en 1846 et dont la fin du prologue évoque la fondation, vaudrait le détour. Typique de ces fameuses « années de galère » où il fallait au compositeur produire un opéra aux échos patriotiques par an pour survivre au succès de son Nabucco, on y entend déjà ce sens de la tinta (la couleur juste) dans des préludes magnifiquement évocateurs. On y sent cet élan dramatique et ce goût des situations fortes qui porteront bientôt les grandes œuvres de la maturité. Certes, il faut faire avec ces airs de bravoure avec cabalette obligée qui ne sont pas toujours des plus inspirés et ne tiennent la route que s'ils sont portés par des interprètes exceptionnels mais il y a même dans ces transitions abruptes d'un numéro à l'autre une originalité évidente et, déjà, tous les éléments d'un langage musical destiné à révolutionner le mélodrame italien.

À la tête de l’orchestre de l’Opéra de Lyon, Daniele Rustoni, son nouveau directeur musical, se révèle comme un très grand chef verdien, exaltant les coloris d’une orchestration plus subtile qu’on l’a souvent dit, portant avec attention ses chanteurs confrontés à une écriture vocale terriblement exigeante, insufflant à l'ensemble cette énergie sans laquelle l'œuvre ne peut atteindre à son plein impact. C'est sûrement dans sa conduite des ensembles et l'unité qu'il parvient à donner à ce qui relève encore, surtout dans le prologue et le premier acte, de l'opéra à numéros qu'il révèle son génie de maestro concertatore et son instinct théâtral.

Tatiana Serjan. Photographie © Todd Rosenberg.

Dans le rôle-titre, Erwin Schrott fait valoir une voix de baryton-basse longue et puissante où pour passer d'un registre à l'autre il semble changer d'émission. Certes le chanteur n'a pas le raffinement, en termes de ligne de chant, d'un Samuel Ramey (dernier interprète du rôle sur la scène de l'opéra de Paris en 2001) mais il le compense largement par la beauté du timbre et le volume sonore, se risquant même à quelques variations dans les reprises de ses airs. Face à la tessiture meurtrière d'Odabella et ses écarts incroyables, Tatiana Serjan ne démérite pas, même si ses aigus tout en force ne sont pas toujours des plus agréables. Elle domine le redoutable air d'entrée avec un grave impressionnant et ne manque pas de poésie dans sa scène avec prière du premier acte. Son partenaire, le ténor Massimo Giordano déçoit quelque peu : sa voix aux aigus trop couverts parait bien modeste auprès de ses partenaires surdimensionnés. Authentique baryton verdien, Alexey Markov incarne le Romain Ezio avec panache, notamment dans sa grande scène de l'acte II. Dans le modeste rôle d'Uldino, confident d'Attila, le jeune Grégoire Mour, (pensionnaire de l'Opéra Studio de Lyon) arrive à s'imposer grâce à une voix bien projetée et une articulation parfaite. Excellents les chœurs de l'Opéra de Lyon qui incarnent tour à tour les guerriers d'Attila, l'armée romaine, les habitants des lagunes vénitiennes. Au final une belle soirée, très applaudie, impressionnante aussi dans sa concision : 2h30 entracte compris.

Concert diffusé sur France Musique le 3 décembre à 20h
Reprise le 16 mars 2018 à l'Auditorium de Lyon

Frédéric Norac
15 novembre 2017

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bouquetin

Vendredi 17 Novembre, 2017 17:11