Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte : Entre le temps de Bach et celui de Mozart : Bohème.
Il fut un violoniste exceptionnel, et c'est en cette qualité qu'il entra dès 1733 au service du futur Frédéric II auquel il allait rester attaché pendant cinquante trois ans, obtenant en 1771 le titre de Konzertmeister de la cour. Pendant tout ce temps, il composa de très nombreuses œuvres instrumentales surtout destinées à son propre instrument et / ou à celui de son souverain flûtiste. Parmi elles, une centaine de sonates pour violon, pour flûte ou en trio qui, bien que ne déméritant nullement, ne sont guère fréquentées par les interprètes, alors que son catalogue de concertos et de symphonies bénéficie d'une certaine considération.
František Benda, Sonate pour violon en la mineur, par Simon Standage et le Collegium Musicum 90.Sur un total d'une vingtaine de concertos, František. Benda n'en a, semble-t-il, destiné que quatre à l'instrument fétiche de Frédéric II, qui il est vrai avait sous la main, en la personne de Quantz, un fournisseur attitré d'œuvres pour flûte. Mais ces concertos pour flûte, à commencer par celui en mi mineur, le plus souvent à l'honneur, réunissent de larges suffrages. On y relève en effet « la coexistence d'une exubérance vivaldienne, d'un dramatisme façon C.P.E. Bach et de jeux de lumière à la Watteau, peintre favori du roi de Prusse. Ce dernier aimait sans doute dans ces pages le mélange de jubilation et de tendresse caressante auquel son hédonisme plutôt conservateur le destinait particulièrement. »1
František Benda, Concerto pour flûte en mi mineur, I. Allegro con brio, par Emmanuel Pahud et la Kammerakademie New Palace in Potsdam.Étrangement peu fréquentés, les autres concertos de František Benda sont naturellement destinés au violon. À en juger par ceux qui ont eu le privilège du disque (concertos en ré majeur, ré mineur et mi♭majeur), on a là aussi une musique d'une grande beauté, parfois proche de celle du Bach de Berlin, qui mériterait probablement, comme certains pans de sa musique de chambre, un meilleur sort de la part des interprètes.
František Benda, Concerto pour violon en mi♭majeur, par Ryo Terakado et l'Ensemble Il Gardinello.František Benda nous a laissé, en nombre limité, de brèves Sinfonias pour cordes qui se signalent avant tout par une remarquable invention mélodique. Dans ces œuvres structurées en trois mouvements, « la vivacité des deux extrêmes forme contraste avec le climat plus détendu de la partie centrale. Le premier et le second violons jouent souvent à l'unisson pour donner davantage de corps à la mélodie qu'enrichissent des éléments dansants d'une couleur parfois naïve, pleins de saveur et d'une rafraîchissante spontanéité, contribuant à donner à la musique de Benda toute son originalité au sein de l'énorme production écrite dans le style galant. Les symphonies no 2 en sol majeur, no 3 ou en ut majeur (cette dernière remarquable par son délicat Andante con sordini), sont le parfait exemple d'un art dont le raffinement se cache sous une allégresse communicative. »2
František Benda, Sinfonia no 2 en sol majeur par l'Ars Rediviva, sous la direction de Milan Munclinger.1. Cabourg Jean, dans « Diapason » (524), avril 2005.
2. Parouty Michel, dans François-René Tranchefort, (direction), « Guide de la Musique symphonique », Fayard, Paris 2002, p. 79.
Voir également : Johann Stamitz (1717-1757) ; Jiri Antonin Benda (1722-1795) ; Josef Antonin Stepan (1726-1797) ; Frantisek Ignac Antonin Tuma (1704-1774).
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Lundi 26 Août, 2024