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De la suite dans les idées : la saison 2017 de l'Opéra-Comique

 

27 septembre 2016, par Frédéric Norac ——

L'Opéra-Comique rouvrira ses portes en mars prochain après un an et demi de fermeture. La vieille salle tant aimée des amateurs d'œuvres rares et de répertoires oubliés avait besoin d'un bon lifting. Il a permis de redonner de la couleur à ses fresques, de l'air à la salle, du moelleux  aux fauteuils et d'améliorer son accès aux personnes en situation de handicap.

Tout cela va lui redonner une nouvelle jeunesse et lui attirer, espérons-le, un nouveau public.

Succédant à Jérôme Deschamps qui a présidé a ses destinées de 2007 à la fermeture en  juin 2015, Olivier Mantei qui en fut l'adjoint a choisi de jouer  la carte de la continuité tant en termes de programmation que d'accompagnement culturel. Riche en initiatives parallèles, la prochaine saison poursuivra et  développera  ce que l'institution avait jusque là offert, avec l'organisation de colloques, de projection de films historiques autour de son répertoire, de petits concerts en journée et même la création d'une maîtrise « maison » joliment baptisée « Maîtrise populaire » à l'ambition pédagogique affirmée.

Travaux à l'Opéra-Comique. Photographie Jérémie Brion.

Pour ce qui est de la saison proprement dite, elle sera désormais calée sur l'année civile, débutant en janvier et finissant avec les fêtes de fin d'année. Celle de 2017 met d'ores et déjà en appétit par sa diversité et sa richesse tant musicale que théâtrale. Huit productions sont à l'affiche où l'on retrouve les grandes orientations qui font l'identité de cette salle : opéra comique du xixe, répertoire baroque, créations contemporaines.

Après un premier spectacle hors les murs, Fantasio, donné au Châtelet en février — un opéra comique d'Offenbach, disparu dans le désastre du Second Empire et reconstitué en 2013, dont la musique préfigure en grande partie celle des Contes d'Hoffmann —, c'est une création particulièrement orientée vers le public jeune ou familial qui inaugurera la salle rénovée et restaurée. La Princesse légère, musique de Violeta Cruz, livret inspiré d'un conte de George MacDonald, met en scène une princesse qui ignore la gravité au propre comme au figuré.

Suivra Alcione, tragédie lyrique de Marin Marais dont ce sera vraisemblablement la première production scénique depuis la création en 1771. Une production d'autant plus attendue qu'elle a été confiée à Louise Moaty, grande virtuose du théâtre baroque, dont on se souvient avec émerveillement du somptueux Vénus et Adonis in loco en 2012. Continuant dans sa redécouverte du répertoire français oublié, la salle Favart proposera, en collaboration avec la Fondation Bru Zane, Le Timbre d'argent de Camille Saint-Saëns, un drame lyrique de 1877 dont le livret dû à Barbier et Carré semble un prolongement moderne de celui de Faust. C'est à la toute nouvelle « troupe » de l'Opéra Comique où l'on retrouve quelques noms des habitués des saisons précédentes et de l'ancienne et défunte Académie, que sera confiée cette résurrection, placée sous la direction de François-Xavier Roth  qui fut au pupitre déjà de quelques belles soirées des saisons précédentes dont la plus récente est la production de Lakmé avec Sabine Devielhe en 2014.

Travaux à l'Opéra-Comique. Photographie Jérémie Brion.

Katie Mitchell, metteuse en scène britannique très en vogue depuis la création de Written on skin de Walter Benjamin au Festival d'Aix-en-Provence 2012, et Raphaël Pichon seront aux commandes de Miranda, un pasticcio utilisant la musique de Purcell sur une donnée dramaturgique contemporaine.

Philippe Manoury fait partie des quelques compositeurs européens dont les tentatives dans le domaine lyrique se sont révélées pleinement réussies.  De 60e Parallèle (1996) à La Nuit de Gutenberg, créé en 2011, en passant par K (2001) et La Frontière (2003), ses quatre opéras se sont révélés tous d'une authentique originalité. On attend donc beaucoup de ce Kein Licht, « Thinkspiel », d'après Elfriede Jellinek qui sera repris en octobre, après sa création à la Ruhr Triennale en aout.

Renouant avec une tradition qu'avait lancée Thierry Fouquet dans les années 1985-1987, l'Opéra-Comique accueillera un spectacle venu d'une institution étrangère équivalente, en l'occurrence le Komische Oper de Berlin, et présentera une Flûte enchantée que le metteur en scène australien, Barrie Kosky, une vedette de la scène internationale  inconnue en France, a intégrée dans un dispositif de film d'animation.

Enfin, la saison se terminera en mai par un Comte Ory placé sous la direction de Louis Langrée et confié au trio Podalydes, Ruf, Lacroix à qui l'on doit déjà quelques spectacles de qualité in loco, dont le très joli Fortunio de Messager en 2009. Paris n'avait pas vu cette œuvre, si  typiquement française de Rossini, depuis 2003 où Jérôme Savary, alors directeur de l'Opéra-Comique, avait fait venir sa production conçue pour le festival de Glyndebourne. La distribution en sera entièrement française et permettra d'apprécier ce que notre pays a retenu depuis 30 ans de la Rossini Renaissance ou s'il en est resté aux approximations qui faisaient de ce petit chef-d'œuvre d'humour, dans les années 1950 où il était encore au répertoire, une sorte d'opérette dans la veine des Mousquetaires au Couvent.

Si votre impatience est trop grande, quelques évènements devraient permettre de la satisfaire. Ce mois-ci déjà et en octobre l'Opéra-Comique propose quelques rendez-vous hors les murs du premier intérêt. En marge de la grande exposition sur le Second Empire à Orsay ce sera un pasticcio « inédit » intitulé « Un dîner avec Jacques », composé d'extraits musicaux variés des opéras d'Offenbach avec une distribution de tout premier plan qui sera présenté pour 4 représentations à l'auditorium du Musée d'Orsay. Le 16 octobre, à Radio France, on pourra entendre une version concert du rarissime Monsieur Beaucaire d'André Messager, une opérette romantique créée originellement en anglais en 1919 dont l'air de la rose fut en son temps aussi célèbre que celui du fameux Chevalier d'un certain Richard Strauss et le cheval de bataille de nombreux  barytons français.

https://www.opera-comique.com/fr

Frédéric Norac
27 septembre 2017

 

Frédéric Norac : norac@musicologie.org. Ses derniers articles : Sur les sommets de la musique du XXe siècle : Messiaen au Pays de la MeijeLes extrapolations d'un historien mal informé : Rossini sous Napoléon de Jean TulardLa Méditerranée s'invite à Versailles : « Il diluvio universale » de FalvettiL'hymne à Beethoven de Michele Mariotti : symphonie no 9 en ré mineur, avec choeursUne étrange cérémonie : « Luzifers Abschied » de Karheinz Stockhausen Tous les articles de Frédéric Norac.

 

 

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