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Paris, Salle Gaveau, 9 novembre 2015, par Frédéric Norac ——

Début d'automne radieux : Sandrine Piau et le Concert de la Loge Olympique

Sandrine Piau, Salle Gaveau, 9 novembre 2015. Photographie © Guillaume Lhôte.Sandrine Piau, Salle Gaveau, 9 novembre 2015. Photographie © Guillaume Lhôte.

Cinq airs et deux bis pour dessiner le portrait d'une chanteuse qui, depuis ses débuts dans les emplois légers de soubrette ou de seconda donna à la fin des années 80, a su se forger une vocalité qui lui permet désormais de prétendre aux rôles titres et aux tessitures de grands lyriques comme cette Alcina qu'elle a abordée la saison dernière à Amsterdam ou Tytania dans A midsummer night dream  de Britten cet été au festival d'Aix en Provence.

Si le médium s'est singulièrement élargi, la palette de couleurs enrichie, avec des nuances de plus en plus raffinées et des teintes légèrement assombries, la voix n'a rien perdu de sa souplesse, de sa pureté dans l'aigu et de sa facilité dans la colorature, comme vient le prouver en seconde partie l'air à vocalises extrait de L'Endimione de Johann Christian Bach où elle rivalise de virtuosité avec la flûte délicate de Tami Krausz.

À part le « Ach ich fuhl's » de Pamina (La Flûte enchantée), un de ses rôles fétiches où s'entend déjà sortir des limbes du Singspiel tout l'opéra romantique allemand, c'est un programme aux frontières de l'opéra séria triomphant et des premiers linéaments de la réforme gluckiste que nous propose Sandrine Piau, dressant un intéressant paysage d'un genre en mutation autour de 1770. La Didone abbandonata de Giuseppe Sarti à l'orchestration nourrie — avec son double obbligato de hautbois et de basson — laisse entendre cette évolution dans une ligne mélodique simplifiée où se fond presque complètement la traditionnelle structure tripartite de l'air da capo.

Le jeune Mozart est présent aussi  dans la  suavité de « L'amero saro costante » du Re pastore écrit pour les moyens du castrat  soprano Tommaso Consoli ou dans la virtuosité exacerbée et expressive d'Aspasie dans  Mitridate, re di ponto. Le premier exige une voix centrale et un sens de la ligne, le second un sens de la pulsation dramatique, qualités que la chanteuse possède à la perfection.

Pour ses bis elle reviendra au début de son parcours avec la candide Barbarina des Noces (« L'ho perduta ») et le charmant « Nehmt meinen Dank » (air de concert K.383), parfaitement de circonstance.

À l'aube de son automne vocal, la chanteuse se montre sous un jour radieux avec des moyens décuplés  et une capacité expressive que limite seule quelque peu une nature que l'on sent foncièrement réservée. Les musiciens de la Loge Olympique ne se contentent pas de l'accompagner, ils apportent à chaque air la tonalité juste. Notre seul regret concerne le volet orchestral du concert. Pourquoi sous prétexte d'authenticité avoir fragmenté la symphonie no 88 de Haydn et donné un seul mouvement de celle de Rigel ou du concerto de violon du Chevalier de Saint Georges ? Si l'on apprécie la merveilleuse sonorité de l'ensemble et celle de Julien Chauvin dans la partie soliste, on aimerait pouvoir juger de leur capacité à donner une image globale d'une œuvre orchestrale dans sa continuité. Traitées de cette façon, les pièces orchestrales perdent de leur impact et font un peu figure de remplissage ou divertissement.

plume Frédéric Norac
9 novembre 2015
© musicologie.org

La Loge Olympique et Sandrine PIau, Salle Gaveau, 9 novembre 2015. Photographie Guillaume Lhôte.La Loge Olympique et Sandrine PIau, Salle Gaveau, 9 novembre 2015. Photographie Guillaume Lhôte.


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