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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte —— La musique instrumentale de Beethoven à Schubert.

Ludwig van BeethovenL'œuvre concertante

Le concerto pour piano no 4, opus 58, de Ludwig van Beethoven

Concertos pour piano : no 1, opus 15 ; no 2, opus 19 ; no 3, opus 37 ; no 4, opus 58 ; no 5, opus 73.

beethoven

Le plus tendre, le plus poétique, le plus libre, le plus insaisissable, le plus parfaitement achevé aussi… les superlatifs se succèdent sous les plumes les plus diverses. « Esquissé en 1802-1803 lors de la composition de la troisième symphonie « héroïque », écrit en grande partie en 1805 et terminé l’année suivante, le quatrième concerto subjugue par l’extrême élégance et la perfection de son tissu mélodique, harmonique et rythmique. Chef-d’œuvre miraculeux mais ni révolutionnaire (en apparence), ni héroïque, sans le moindre effet superficiel, ce concerto est d’essence lyrique et, en réalité, profondément introverti.

L’entrée du piano à découvert, aussi poétique que discrète, dès la première mesure de l’allegro moderato, est une innovation qui ne rappelle Mozart (concerto K 271) qu’au niveau conceptuel ; le premier motif, amplifié par le tutti orchestral, rappelle, lui, la cinquième symphonie.

D’une austère gravité, l’andante con moto offre des sonorités préimpressionnistes où le piano et l’orchestre se voient traités en individualités distinctes, personnalisant une fusion (des timbres) et une polarisation (des registres). Ce mouvement lent, concentré, sans doute le plus intérieurement dramatique jamais conçu dans un concerto, trouve peut-être sa source dans l’introduction lente du finale du quintette à cordes en sol mineur K 516 de Mozart : il définit quelque chose qui reste à venir… »206

Dans ce mouvement, où Vincent d’Indy voyait la « lutte entre deux personnages de caractère différent », Beethoven « atteint un des sommets de son œuvre. Piano et orchestre y alternent dans un dialogue aux accents d’une gravité telle qu’aucun concerto n’en a jusqu’alors fait entendre, et où les silences mêmes deviennent des signes tout aussi éloquents que les sons. »207

L’enchaînement avec le brillant finale, où les « combats » vont faire place à une harmonie bienvenue entre piano et orchestre, non sans une certaine alternance très beethovénienne entre douceur et violence, est lui-même confondant de naturel, signe, un de plus dans cette œuvre exceptionnelle, d’une inspiration et d’une aisance absolument souveraines.

Ludwig van Beethoven, Concerto en sol majeur opus 58 (no 5), par Ivan Moravec et la Prague Philharmonia, sous lma direction de Jiri Belohlavec

 

plumeMichel Rusquet
16 décembre 2019

© musicologie.org

Notes

206. Szersnovicz Patrick, dans « Le Monde de la musique » (277), juin 2003. 

207. Boucourechliev André, Beethoven, « Solfèges », Éditions du Seuil, Paris 1963, p. 55.

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Lundi 16 Décembre, 2019 3:06