Ce concerto est à l'origine en sol majeur, composé pour le
violon. D'après les éditeurs, l'observation des manuscrits montrerait que cette
œuvre, aurait été conçue au départ pour la flûte, on suppose la flûte soprano en
fa2, au regard de ce qu'on peut déduire des concertos RV 443, 444 et
445. Puis, au cours de l'écriture, Vivaldi aurait changé son projet, et engagé
l'écriture dans un style franchement violoniste (« ique » à la place du « e » si
vous voulez).
Les chambristes, pianistes et flûtistes, accueilleront avec
plaisir cette nouvelle partition enrichissant leur répertoire. L'œuvre a été
transposée en Ré pour s'adapter à l'instrument.
On regrettera l'absence d'une traduction en français, des
textes accompagnateurs qui sont en en allemand et en anglais.
Si la partie de flûte requiert une belle vélocité, sinon
virtuosité, la partie piano, plus sage, n'est peut être pas toujours très
heureuse, comme ceci, aux mesures 21-22,

mais surtout dans les batteires du second mouvement Larghetto,
où le pianiste aura peut-être intérêt à mettre
en œuvre quelque ingénuosité pour éviter la lourdeur ou
l'effet trop massif.

Si la musique et les musiciens sont servis, il n'en est pas tout à fait de
même pour la musicologie, qui, en réalité, ne devrait pas avoir grand-chose à
dire à ce sujet.
Mais les éditeurs mettent en avant un travail de «
reconstruction », ce qui n'est pas spécialement la meilleure des choses à faire,
dans la mesure où cette œuvre n'a jamais été vraiment construite dans cette
version, encore moins la réduction des cordes au piano. Cela s'appelle, en
musique, un arrangement, ce qui n'est pas le fruit d'une activité mineure ou
honteuse.
On ne peut pas reconstruire le passé. Faire de l'histoire, ce
n'est pas reconstruire, c'est porter un regard sur des choses qui furent vraies.
Peut-être vaudrait-il mieux employer le terme « restauration » qui donne une
coloration muséographique, et désigne la galerie ou le cabinet des vieilles
choses, sans résoudre le problème. Que restaure-t-on vraiment ? Le temps qui
détruit, qui provoque l'oubli, la fragilité des œuvres humaines, les modes, les
envies, dans leurs tournoiements fugaces, sont aussi des vérités de l'histoire.
En réalité, c'est aussi valable pour la Joconde ou le plafond de la Sixtine, la
restauration est toujours un arrangement pour satisfaire au présent, et un déni
de l'histoire qui devrait passer, mais qu'on freine des quatre fers, pour se
donner l'illusion... de quoi au fait ?
Jean-Marc Warszawski 27 janvier 2010
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