Vivaldi, Concerto en ré
majeur RV 312R, pour flautino (flûte à bec soprano) et piano.
Édition réalisée par Jean Cassignol et Anne Napolitano-Dardenne. Noetzel Edition ( n° 4498), Otto Heinrich Noetzel Verlag, Wilhelmhaven 009 [conducteur piano et flûte, parties séparées]
Ce concerto est à l'origine en sol majeur, composé pour le violon. D'après les éditeurs, l'observation des manuscrits montrerait que cette œuvre, aurait été conçue au départ pour la flûte, on suppose la flûte soprano en fa2, au regard de ce qu'on peut déduire des concertos RV 443, 444 et 445. Puis, au cours de l'écriture, Vivaldi aurait changé son projet, et engagé l'écriture dans un style franchement violoniste (« ique » à la place du « e » si vous voulez).
Les chambristes, pianistes et flûtistes, accueilleront avec plaisir cette nouvelle partition enrichissant leur répertoire. L'œuvre a été transposée en Ré pour s'adapter à l'instrument.
On regrettera l'absence d'une traduction en français, des textes accompagnateurs qui sont en en allemand et en anglais.
Si la partie de flûte requiert une belle vélocité, sinon virtuosité, la partie piano, plus sage, n'est peut être pas toujours très heureuse, comme ceci, aux mesures 21-22, mais surtout dans les batteires du second mouvement Larghetto, où le pianiste aura peut-être intérêt à mettre en œuvre quelque ingénuosité pour éviter la lourdeur ou l'effet trop massif.
Si la musique et les musiciens sont servis, il n'en est pas tout à fait de même pour la musicologie, qui, en réalité, ne devrait pas avoir grand-chose à dire à ce sujet.
Mais les éditeurs mettent en avant un travail de « reconstruction », ce qui n'est pas spécialement la meilleure des choses à faire, dans la mesure où cette œuvre n'a jamais été vraiment construite dans cette version, encore moins la réduction des cordes au piano. Cela s'appelle, en musique, un arrangement, ce qui n'est pas le fruit d'une activité mineure ou honteuse.
On ne peut pas reconstruire le passé. Faire de l'histoire, ce n'est pas reconstruire, c'est porter un regard sur des choses qui furent vraies. Peut-être vaudrait-il mieux employer le terme « restauration » qui donne une coloration muséographique, et désigne la galerie ou le cabinet des vieilles choses, sans résoudre le problème. Que restaure-t-on vraiment ? Le temps qui détruit, qui provoque l'oubli, la fragilité des œuvres humaines, les modes, les envies, dans leurs tournoiements fugaces, sont aussi des vérités de l'histoire. En réalité, c'est aussi valable pour la Joconde ou le plafond de la Sixtine, la restauration est toujours un arrangement pour satisfaire au présent, et un déni de l'histoire qui devrait passer, mais qu'on freine des quatre fers, pour se donner l'illusion... de quoi au fait ?
Jean-Marc Warszawski
27 janvier 2010
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Mercredi 21 Février, 2024