John Blow, Venus et Adonis. Céline Scheen, Marc Mauillon, Les Musiciens du Paradis, La Maîtrise de Caen, Bertrand Cuiller. Outhere Music, 2013 (DVD Alpha 703).
Une belle réussite que cette production du Théâtre de Caen en DVD, réalisé par François-René Martin, reprenant le spectacle d'octobre 2012 à Caen, avant le départ en tournée !
Il semble que Venus et Adonis ait été composé par John Blow, au sortir d'une longue période d'austérité puritaine, six ans avant le Didon et Enée de Purcell, son élève.
Mais il a été lui-même précédé de sept années par Athys de Lully. On retrouve de nombreux échos de ce dernier dans la forme (ouverture, prologues, danses, pastorale), mais aussi la musique et le chant, particulièrement l'air final de Venus pleurant la mort d'Adonis, presque avec culpabilité, comme Cybèle celle d'Athys, volontairement provoquée, alors que Vénus n'a fait que croire que son amant était comme elle immortel, ignorant tous les signes pouvant l'avertir.
Ce premier opéra anglais, créé en 1683, revit dans une mise en scène aux bougies, simple, élégante, de Louise Moaty, dont les symboles de vanités distillés ici et là (fleurs coupées, puis éparpillées, bulles de savon, cire fondue, urnes, obscurité mouvante, ombres longues...) donnent une grande profondeur à cette tragédie champêtre, où la déesse souffre autant que son amour mortel, au point de regretter de ne pouvoir mourir. Son cri de détresse annonce celui d'Orphée de Gluck, un siècle plus tard.
Vénus et Adonis. Céline Scheen (Venus) et Marc Mauillon (Adonis) Photographie © Philippe Delva, Théâtre de Caen.
Avec les jeunes et talentueux soprano Céline Scheen et baryton Marc Mauillon, les Chanteurs et Musiciens du Paradis d'Alençon, sept enfants de la Maîtrise de Caen, dont Grégoire Augustin dans le rôle de Cupidon, et six danseurs. Tout cet ensemble dirigé par Bertrand Cuillier.
Un travail d'amateurs, au bon sens du terme, rajeuni par la présence des enfants, où les chanteurs ne sont pas guindés, alourdis par le poids de la renommée, malgré la gestuelle baroque, et où l'on entend bien le théorbe, les flûtes et autres instruments.
La pièce est courte aussi, très musicale, sans pesanteurs ni longueurs.
D'où la bonne idée de proposer, en bonus, l'Ode à Sainte Cécile de 1684, une petite merveille de chant, de musique et de danse.
Et le reportage diffusé par France 3 Normandie entre le 8 et le 12 octobre 2012 racontant la participation de la Maîtrise de Caen, dirigée par Olivier Opdebeeck, des premières répétitions jusqu'à la Première au Théâtre.
Un joli cadeau pour les fêtes de fin d'année.
Alain Lambert
26 décembre 2013
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