Installé sur le site de la Colline aux Oiseaux où il a fallu niveler le sol au bulldozer pour l'installer, l'immense chapiteau (16 semi-remorques, l'un des plus grands d'Europe) peut accueillir 25 000 spectateurs sur 20 séances jusqu'au 23 octobre. Les ultimes représentations de Calacas, nous apprend Bartabas lors de la conférence de presse, trois jours après la première.
La caravane Zingaro. Photographie © Alain Lambert.
Une double scène étonnante, une centrale, pour les tableaux acrobatiques ou oniriques, et une grande scène circulaire en hauteur, pour les cavalcades des chevaux argentins qui tirent les chars décorés ou les grandes traînes de tissus colorés. Entre le ciel et la terre, la sensation est vertigineuse pour les spectateurs.
Tout commence dans la pénombre, avec une danse macabre au milieu des vautours. Mais la lumière se fait, ce ne sont que des dindons et les squelettes des pantins articulés, pour rire. Un gamin l'a dit pour rassurer son petit frère : « C'est pas grave. C'est des squelettes morts ! »
L'idée de base de Bartabas, c'était la danse macabre du Moyen Âge, proche du carnaval, pour dédramatiser et exorciser. Finalement, la musique du Mexique a servi de base à la "chorégraphie" du spectacle, à partir de la culture de la mort telle qu'elle s'est conservée dans ce pays, et des gravures de Posada. Suite à l'achat d'un troupeau de chevaux argentins, qui ne travaillent qu'ensemble.
La troupe argentine. Photographie © Alain Lambert.
Il y a donc de chaque côté du chapiteau deux entrées et sorties et un manège pour les chevaux de la piste centrale ou de la piste circulaire afin de les accueillir au mieux et d'éviter au maximum le stress pour les animaux. Un chien aussi, et surtout un cygne noir au cou serpentin, un vrai mime très à l'aise. Morgane Clerc, l'assistante de Bartabas, lors de la visite des lieux, nous raconte qu'ils n'ont pu l'emmener au Mexique, où le cygne local ne lui arrivait pas à la cheville (palmée).
Quant aux squelettes (calacas) humains, ce sont tous des cavaliers et des acrobates de talent, qui se retrouvent dans une succession de tableaux plus époustouflants les uns que les autres, entre humour et voltige.
Enfin, la musique ne se résume pas à une bande-son d'airs traditionnels mexicains. Quatre percussionnistes l'accompagnent ou jouent leur propre partition. Deux hommes tambours chiliens (chinchineros) tourbillonnants, mais aussi deux percussionnistes français dont le duo de clowns musicaux est un vrai régal. Sinon ils interviennent aux quatre coins de la piste circulaire, en quadriphonie totale.
Confort éternel. Photographie © Alain Lambert.
Un spectacle magique et surréaliste à ne pas manquer. Dépêchez-vous, ce sont les dernières représentations, à Caen, jusqu'au 23 octobre. Avant, pour Zingaro et Bartabas, un nouveau spectacle sur les anges déchus, et des chansons de Tom Waits, si ça ne change pas d'ici la première à Lyon.
Et aussi le dernier rendez-vous hors les murs, car dès janvier, le théâtre rénové et modernisé rouvre ses portes au public.
Tous les renseignements sur le site du théâtre de Caen.
Alain Lambert
1er octobre 2014
Musicologie.org, 56 rue de la Fédération, 93100 Montreuil. ☎ 06 06 61 73 41.
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Jeudi 11 Avril, 2024