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Jean-Marc Warszawski, 4 février 2012.

Georges Enesco, Sonates pour violoncelle et piano opus 26

Alexandre Dmitriev (violoncelle), Alexandre Paley (Piano).

Enesco - Saphir

Dmitirev Alexandre & Paley Alexandre, Georges Anesco, sonates pour violoncelle et piano opus 26. Saphir Productions 2011.

Concert public enregistré par France musique au Festival de Montpellier le 23 juillet 2009. Livret par Philippe von den Bosch.

Georges Enesco (1881-1955) est un des géants musicaux du siècle passé. Il est connu comme un violoniste virtuose, un peu moins comme brillant chef d'orchestre, comme le compositeur d'un chef d'œuvre lyrique, l'opéra Œdipe, beaucoup moins comme un compositeur inspiré et prolixe.

Les deux sonates de l'opus 26 sont très différentes. Quarante années séparent leurs compositions respectives, mais elles ont en commun le goût du contraste qui tient en alerte, un lyrisme certain, surtout dans le chanté des cordes — le compositeur à une oreille d'intreprète —, une recherche heureuse dans les sonorités, une grande habileté contrapuntique, une solide cohésion ancrée par l'obstination des cellules et motifs, qui permet à l'inverse une diversification étonnante des techniques et genres compositionnelles.

La première, œuvre de jeunesse, non pas scolaire, date de 1898. Enesco semble ne l'avoir pas particulièrement estimée, il revient sur son jugement en attribuant un numéro d'opus en 1935, alors qu'il compose sa seconde et dernière sonate pour violoncelle et piano.

Cette première sonate est introduite par une cellule rythmique à l'unisson de toutes les voix, puissante, joyeuse, voire agressive, qui envoute avec obstination toute la durée de l'œuvre en quatre mouvements, et contraste avec de généreux élans lyriques, particulièrement dans le magnifique chant rhapsodique du violoncelle dans le troisième mouvement Molto andante. Ce troisième mouvement est symétriquement encadré par deux mouvements fugato, dont le Finale qui réaffirme le motif de départ, logique de la forme cyclique.

Le lyrisme sombre, ample, parfois inquiet de la première sonate enrobe également la seconde sonate dédicacée à Pablo Casals. Mais en 40 ans, le métier d'Enesco et sa virtuosité d'écriture ont considérablement évolué. La polyphonie concertante des voix y est plus dense, serrée et complexe, les schémas mélodiques plus libres, moins clairement dessinés. Du romantisme quelque peut teinté d'expressionnisme de 1898, l'Enesco, de la deuxième sonate est passé — avec son temps — dans une modernité émancipée de la tonalité canonique, serait-elle poussée de chromatismes (magnifiques « dépressions » ou « chutes » chromatiques théâtrales dans la première sonate), grâce notamment à la modalité — comme chez Bartók — inspirée des musiques populaires. Le dernier mouvement est d'ailleurs intitulé « Final à la roumaine ».

1-4. Sonate en fa mineur opus 26 n° 1 (Allegro molto moderato ; Allegro scherzando ; Molto andante ; Presto) ; 5-8. Sonate en ut majeur ops 26 n° 2 (Allegro moderato ed amabile ; Allegro agitato non troppo mosso ; Andantino cantabile, senza lentezza ; Final à la roumaine).

Sonate opus 26 n° 1, extrait du premier mouvement.

Il est assez rare qu'un enregistrement public convienne au disque, là ou « rien ne passe », surtout dans la musique de chambre sans cache-misère, et dans des œuvres aussi complexes à mettre en place. C'est assez magistral, même avec une ou deux toux, et ici ou là de légers problèmes de justesse. Au fond, cela donne de la vérité et du vivant, du musicien contre de l'ingénieur son.

Alexandre Dimitriev vit en France depuis 1991, il est depuis 1996, violoncelliste solo de l'Orchestre National de Montpellier, et se produit dans d'autres ensembles, tels l'Orchestre National d'Ukraine ou l'Orchestre de Chambre de Wallonie.

En 1981, il termine ses études à l'école Spéciale de Musique du Conservatoire de Kiev pour les enfants surdoués et entre au Conservatoire Gnessine à Moscou. En 1986, il intègre « Les Solistes de Moscou » (sous la direction de Yuri Bashmet) et en devient violoncelliste solo.

Depuis 1991, il vit en France. En 1996, il devient violoncelliste solo de l'Orchestre National de Montpellier. Chambriste internationalement reconnu, il se produit également en soliste avec l'Orchestre National de Montpellier.

Alexandre Paley, né en Moldavie, achève ses études au Conservatoire de Moscou.

En 1984, il remporte le Premier Prix au Concours International J.-S. Bach de Leipzig, le Prix Bösendorfer deux ans plus tard, puis Grand Prix au premier Concours International Pancho Vladigerov de Bulgarie.

Il se partage entre les états-Unis, l'Europe et la Chine pour des tournées de récitals et de concerts avec orchestre. Il s'est produit avec des artistes tel que Bella Davidovich et Mstislav Rostropovich, Spivakov, ainsi qu'avec les quatuors Vermeer, Fine Arts, Anton et Ysaye.

Alexandre Paley est le directeur artistique et le principal interprète du Festival Richmond aux états-Unis, et en France, du festival « Alexandre Paley et ses amis », qui a lieu chaque année au Moulin d'Andé.

Jean-Marc Warszawski
4 février 2012


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