musicologie
Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte.

Les concertos pour clavecin de Johann Sebastian Bach

Johann Sebastian Bach

On dénombre huit concertos pour un seul clavecin (BWV 1052 à 1059), tous écrits — fabriqués, pourrait-on dire — au cours des années de Leipzig, à une époque où, s'étant vu confier la direction des concerts du Collegium Musicum, Bach devait de fournir un répertoire sans cesse renouvelé et, s'agissant de la musique pour clavier, de répondre aux besoins de ses propres fils lorsque ceux-ci se produisaient dans ces mêmes concerts.

Il fallait donc fournir, et, pour ce faire, le musicien eut recours à une méthode qui lui était familière, consistant à reprendre et adapter quelques-unes de ses compositions antérieures, en l'espèce principalement des concertos pour violon. Dans trois cas seulement, les originaux nous sont parfaitement connus : le BWV 1054 en re majeur est dérivé du concerto pour violon en mi majeur BWV 1042 ; le BWV 1057 en fa majeur est une adaptation du 4e Concerto brandebourgeois BWV 1049, et le BWV 1058 en sol mineur est issu du concerto pour violon en la mineur BWV 1041. Dans les autres cas, les originaux ayant été perdus, on n'est pas certain que ces œuvres soient toutes dérivées de concertos pour violon. Selon les musicologues, deux ou trois d'entre elles pourraient bien avoir leur source dans un concerto pour hautbois, ce qui conduit d'ailleurs certains interprètes à procéder à des expériences intéressantes de reconstitution. C'est notamment le cas du BWV 1055 en la majeur dont l'original était très probablement destiné au hautbois d'amour.

Quelles que soient leurs vertus, ce ne sont pas les trois transcriptions dûment identifiées (BWV 1054, 1057 et 1058) qui suscitent ici le plus vif intérêt : inévitablement ou presque, on gardera une préférence pour les originaux, même si, une fois de plus, on se prend d'admiration devant l'habileté du musicien, tout particulièrement dans le BWV 1058 dont le niveau d'élaboration le rend hautement compétitif face à son modèle. Reflétant la vox populi, nos suffrages iront avant tout à trois autres concertos : le BWV 1052 en re mineur, une œuvre vigoureuse que Bach lui-même devait affectionner puisqu'il en a donné diverses versions successives ; le BWV 1055 en la majeur, moins ambitieux, moins connu aussi, mais dont le superbe Larghetto — encore plus charmeur dans les reconstitutions pour hautbois d'amour — vaut à lui seul le détour ; enfin le BWV 1056 en fa mineur, dont le pouvoir de conviction est tel qu'on n'échappe pas à des tentatives de reconstitution pour violon, voire pour hautbois. Le BWV 1053 en mi majeur, bien que formellement très accompli, n'a pas le même attrait. Quant au tout dernier, le BWV 1059 en re mineur, on n'en détient en fait qu'un court fragment de la main de Bach, de sorte qu'il n'existe qu'à travers quelques tentatives de reconstitution opérées dans une période récente.

Concerto en re mineur BWV 1052, I. Allegro, Trevor Pinnock, The English Concert.
Concerto en la majeur BWV 1055, I. Allegro, Munich Bach Orchestra, Karl Richter, clavecin et direction.
Concerto en la majeur BWV 1055, II. Larghetto, Trevor Pinnock, The English Concert.

Johann Sebastian Bach, concerto BWV 1055, Albrecht Mayer, hautbois.


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Samedi 27 Janvier, 2024