Roland Dyens. Photographoe © Lauri Dyens.
Ambiance frisquette dehors, chaleureuse dans l'auditorium, avec sa scène rétrécie par de grandes cloisons. Deux micros dont un à l'ancienne, quatre haut-parleurs de retour tournés vers la salle, au pied de la chaise vide. Il manque juste une cheminée dans le coin.
Roland Dyens s'installe après avoir salué, prend son temps et se lance dans l'improvisation introductive, nécessaire pour chaque récital selon lui, histoire de se mettre dans l'ambiance, et nous avec. Une longue suite plutôt contemporaine, entre classique, brésilien et jazz, avec, entre autres sans doute, une citation de la Rhapsody In Blue au passage.
Pas de programme pré écrit. On découvre au fur et à mesure. Et à part quelques toux (le guitariste fera tousser la salle avec lui pour dégager les bronches hivernées) le silence est complet, et le public très attentif à cette diversité musicale bien venue. Malgré l'amplification, même au cinquième rang, il faut parfois tendre l'oreille tant le son est quasi acoustique.
Deux compositions ensuite, écrites en Californie, The Wise et La Valse des Anges. La virtuosité (du magicien ?) au service de la seule musicalité. Les deux arrangements suivants, une barcarolle de Tchaïkovski et une valse de Chopin, le confirment. Tellement évidents que l'on se demande comment ça peut sonner au piano.
Pas de grands gestes, juste une main envolée pour nous demander d'attendre un peu avant d'applaudir. Ni de grandes phrases, juste un ton de conversation amical pour présenter ses compositions, et son grand plaisir à trouver des titres en jouant sur les mots (la habañera Alba Nera) et à rendre hommage aux grands guitaristes (El Ultimo Recuerdo).
La seconde partie commence, passage obligé encore, par une longue suite de Fernando Sor, Le Calme, qui pourrait presque nous bercer. Mais la pièce suivante, en « décalage horreur » pour le citer, nous réveille par ses dissonances et ruptures de rythmes. Et nous reprenons l'avion avec Nuages, une superbe relecture du thème de Django Reinhardt « le plus grand guitariste classique » nous dit-il avec un petit sourire.
Au Brésil, pays du Choro et du Berimbau, la guitare, d'abord chantante, devient instrument de percussion un peu brute sur le thème de Baden Powell, bien connu dans la version de Nougaro.
Au rappel, brésilien encore, une longue méditation, A Felicitade, de Tom Jobim, envoûtante et un peu triste malgré son titre. Sans doute aussi parce que c'est la fin de ce concert enchanté.
Prochains concerts de la Saison musicale du Conservatoire de Caen :
mardi 10 décembre avec l'orchestre de Caen et le pianiste Jean Claude Pennetirer (Mulsant et Brahms)
mardi 17 décembre concert de Noêl avec des pièces contemporaines (Volans et Lesage) pour deux clavecins (Bibiane Lapointe et Thierry Maeder)
Alain Lambert
3 décembre 2013
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Mardi 20 Février, 2024