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Nice, le 8 novembre 2010, Jean-Luc Vannier.

Opéra de Nice : Philippe Auguin et Christiane Libor ovationns dans Fidelio

Seul opéra de Ludwig van Beethoven, « Fidelio » met en musique l'histoire héroïque d'une femme prête à risquer sa vie pour sauver celle de son mari, prisonnier politique injustement détenu dans les geôles d'un dictateur provincial. Autant dire que la dramaturgie du scénario suggère décors, passion et mouvements des principaux personnages. On pouvait donc légitimement craindre la version concert de cette œuvre proposée par l'Opéra de Nice. Crainte totalement injustifiée : après une générale interdite au public, la représentation unique, samedi 6 novembre, de cette production soigneusement travaillée a reçu une ovation amplement méritée.

Fidelio de Beethoven à l'Opéra de NicePhoto D. Jaussein. 

L'harmonisation scénique d'Yves Coudray introduit, en premier lieu, la dose adéquate d'évolutions dans l'espace restreint du plateau tout en sauvegardant l'agréable équilibre du « Singspiel » mêlant théâtre parlé et opéra chanté. Sur tous les fronts à la fois, le maestro Philippe Auguin ne s'autorise aucune approximation: dynamisant un Orchestre philharmonique en très grande forme, il sait également exiger de celui-ci une rigoureuse et constante adaptation des accentuations, en fonction des variations interprétatives des chanteurs. Il retient simultanément l'emballement en puissance des Chœurs de l'Opéra dont il obtient un magnifique « O welche Lust in freier Luft » dans l'air des prisonniers.

Fidélio de Beethoven à l'Opéra de NicePhoto D. Jaussein.

L'impressionnante distribution, essentiellement d'outre-Rhin, ne fut certainement pas le moindre des atouts dans cette performance qui requérait des voix, un subtil dosage de poésie et de violence. Mis à part le souffle parfois court retenant les magnifiques élans haineux du baryton basse Thomas Johannes Mayer dans le rôle de Don Pizaro et le chant par trop rentré du sémillant ténor lituanien Edgaras Montvidas dans celui de Jacquino, les chanteurs lyriques ont su alterner une puissance vocale exceptionnelle avec une diction « deutlich » nette et suave, grâce à laquelle les germanistes auront bu du petit lait. Sa superbe voix de basse permet ainsi à Franz-Joseph Selig d'incarner un Rocco à l'humanisme déchiré tandis que le baryton américain Robert Dean Smith saisit littéralement l'audience dès l'ouverture du second acte par un inextinguible « Gott !... Welch dunkel hier » lancé par un Florestan abandonné au fond d'un cachot. Malgré son arrivée finale de « Deus ex machina », la basse Mischa Schelomianski (Don Fernando) ne rompt en rien avec le niveau de qualité phonique général. Dans les rôles féminins, la soprano Mojca Erdmann joue une Marzelline au timbre clair et envoûtant. Mais la palme revient sans conteste à la soprano berlinoise Christiane Libor pour son interprétation magistrale — et dûment acclamée — de Leonore : une nitescence vocale jamais prise en défaut quel que soit le registre, douloureux, intime ou exalté, requis par sa partition. Christiane Libor en tête, c'est finalement l'ensemble des artistes lyriques qui auront eux aussi, à l'image du héros que Beethoven souhaitait imiter en écrivant cette pièce résolument engagée, « accompli leur devoir ».

Nice, le 8 novembre 2010
Jean-Luc Vannier


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