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Octibre 2014, par François Buhler —

Nikolaï Nikolaiévitch Lodyjenski (1842-1916) et Apollon Goussakovski (1841-1875) : deux compositeurs inconnus du cénacle de Balakirev

Nikolaï Nikolaiévitch Lodyjenski (1842-1916)

(Cet article est en grande partie une traduction libre d'une étude de Nina Drozdetskaïa, spécialiste de la musique à Tver et ses environs)

 

Qui est donc ce Nikolaï Nikolaiévitch Lodyjenski dont le nom est familier à tous les Russes musiciens bien qu'il n'ait écrit que onze mélodies que Stassov trouvait « pleines de poésie, de talent et d'intense émotion », ce personnage énigmatique  que Rimski-Korsakov jugeait « bizarre, incompréhensible, excentrique, intelligent, cultivé, doué, et apparemment bon à rien » et auquel il reconnaissait cependant « un talent puissant, purement lyrique pour la composition »1 ?

Le lecteur francophone ne disposait jusqu'à présent à son sujet que des informations contenues dans la Chronique de ma vie musicale de Rimski-Korsakov. Un livre très remarquable de Nina Drozdetskaïa sur la vie musicale de Tver2 étant venu récemment compléter d'autres ouvrages non traduits de Tsetline3et de Karatyguine4, nous sommes heureux de pouvoir mettre ici pour la première fois à sa disposition les informations que ces textes contiennent sur ce « satellite » du cénacle de Balakirev.

Nikolaï Nikolaiévitch Lodyjenski naît le 20 décembre 1842 / 1er janvier 1843  dans une famille de hobereaux aisés et de vieille souche qui résidait non loin de Tver et meurt à Petrograd (Saint-Pétersbourg) le 2 / 15 février 1916. Le père, Nikolaï Vassiliévitch Lodyjenski, est colonel de la Garde et cousin du compositeur Alexandre Serguéiévitch Dargomyjski5, lequel naquit d'ailleurs dans la maison des Lodyjenski. C'est vraisemblablement l'étroite amitié qui lie les deux hommes qui incite les parents à donner une éducation musicale à leurs dix enfants dont trois autres au moins devinrent des amateurs doués. Ivan composait des pièces pour piano et dirigeait, Barbara composait, Anna, la cadette, devint une assez bonne chanteuse. 

Nikolaï Nikolaiévitch Lodyjenski participe pour la première fois aux réunions musicales du cénacle de Balakirev en 1866, à l'âge de 24 ans, lorsque celui-ci compte déjà huit ans d'existence. « Il jouait du piano pas mal du tout, improvisait et exécutait ses propres compositions […] des fragments de symphonies, d'opéras […] Et tout cela était tellement raffiné, beau, expressif et même correctement écrit qu'il s'attira immédiatement toute notre attention et notre sympathie »6. Des liens d'amitié sincère se forment alors entre Lodyjenski et plusieurs membres du cénacle : Rimski-Korsakov tout d'abord, puis Borodine. Avec Stassov, Lodyjenski correspondra longtemps, lui communiquant les événements de sa vie et prenant conseil de lui.

LodyjenskiNikolaï Lodyjenski, 12 septembre 1870.

En 1866, nous sommes encore dans la période de formation des idéaux créateurs du cénacle, du travail passionné de composition, des rencontres fréquentes et des relations parfois orageuses. « Aujourd'hui nous nous sommes réunis chez Mili [Balakirev], demain [ce sera] chez Lioudma Chestakova [la sœur de Glinka], après-demain chez Cui ou chez lui-même [Stassov]. Les conversations sur la musique, la poésie, sur la peinture allaient bon train, on exécutait les pièces nouvelles. Il arrivait que la soirée chez lui [Stassov] se prolongeât bien après minuit, et alors il raccompagnait lui-même ses hôtes jusqu'au haut escalier. Il allumait un bout de chandelle pour les éclairer mais dans l'escalier les ardentes controverses continuaient ; aussi, quand ils étaient enfin parvenus en bas, le bout de chandelle s'était déjà entièrement consumé et il lui fallait remonter dans l'obscurité. Les visiteurs se raccompagnaient les uns les autres, toute la nuit parfois […] de sorte que vers le matin toute la compagnie revenait à son appartement préparer le café du matin ».8

Vers 1867-1868 la coopération musicale entre Rimski et Lodyjenski devient active et constante. Ils font de la musique ensemble, des exercices de contrepoint, jouent à quatre mains, passent les soirées «en improvisations et diverses expériences harmoniques»9. Dans une lettre inédite de 1868 adressée à Rimski-Korsakov10, Lodyjenski écrit : « le contrepoint continue... ». Expédiant une somme d'argent à Rimski-Korsakov qui désire se rendre à Vyborg, il décrit en détail dans sa lettre la manière dont il l'a réunie, en faisant référence à leur pratique en commun du contrepoint, à la Sadko de Rimski et à la composition en cette même année 1868 de William Ratcliffe par Cui et d'Antar par Rimski : « Je vous envoie tout ce que j'ai, soit 12 roubles ; je n'ai pu me procurer davantage [...] Mon colocataire entre chez moi... Il a 7 roubles. Cela en fait 19 [...] Il en manque encore un. C'est Aksinya (la cuisinière de Lodyjenski) qui produit la note finale, sur le piccolo au lieu des timbales (1 rouble) [...] 12, 7, 1, chiffre cabalistique, construisez sur eux un contrepoint en mémoire de la façon dont ces 20 pièces d'argent ont été constituées, je peux pour ma part composer les vers [...] Il y a deux heures encore vous étiez dans une grande agitation ; moi-même, en commençant à écrire, je souffrais mentalement [sur ces] quatre accords de tierces augmentées : do - mi - sol♯, do♯ - fa - la, re - fa♯- la, ♯- sol - si... Au total 12 notes. Puis soudain apparut la gamme juste (7 notes) [...] Ainsi est vaincu le méchant magicien Tchernomor de la pénurie d'argent qui empêchait Antar (c'est-à-dire vous) de se rendre au pays natal finnois. Je vous souhaite ne pas y subir le sort de Ratcliffe [qui se suicide] ni de Sadko, c'est-à-dire de ne pas vous noyer».

Pendant l'été 1868 Rimski-Korsakov, accompagné des époux Borodine et de Stassov, rend visite à Lodyjenski à Makovnitsy: « je reçus de lui un billet m'indiquant le jour du départ. Je me souviens comment l'idée d'un voyage au cœur de la Russie profonde éveilla instantanément en moi un flot d'amour pour la vie du peuple russe, son histoire en général et la Pskovitaine  en particulier [...] Dans la propriété [...] je passai fort agréablement une semaine environ à observer les rondes, montant à cheval avec les maîtres des lieux et Borodine, avec qui nous échangions au piano diverses idées musicales. C'est pendant mon séjour à Makovnitsy que Borodine composa la romance La Princesse  de la mer, avec ses curieuses secondes dans les figures de l'accompagnement»11.

Une idylle s'ébauche alors entre Borodine et Anna Nilolaievna, la sœur de Lodyjenski. Après La Princesse  de la mer, Borodine en fait donc des romances, Mes chants sont remplis de venin et La Fausse Note. Et Anna Nikolaievna se met à fréquenter assidûment les cours destinés aux auditrices de l'école de médecine où Borodine enseigne la chimie…

La propriété indivise de Makovnitsy du district Kachinsk où vivait la famille Lodyjenski était de dimensions modestes. Il y avait un haras, ce qui explique pourquoi Rimski-Korsakov et Borodine montaient souvent à cheval quand ils étaient en visite à Makovnitsy. La description de la propriété faite par le GATO (les archives d'État de la province de Tver) en 1858 mentionne une domesticité qui témoigne du statut social de la famille et d'une certaine aisance : un valet de chambre, un aide-médecin, une femme de chambre-couturière et une blanchisseuse. À ces moyens s'ajoute l'école paroissiale située dans le village de Makovnitsy. Dans cette école fondée en 1847, 15 à 25 jeunes fils de paysans bénéficient d'un enseignement régulier dispensé gratuitement par le prêtre de la paroisse.

Dans une lettre à Stassov, Rimski-Korsakov précise : « Chez les Fim j'ai [...] agréablement passé le temps, mangé une effrayante quantité de baies avec de la crème et fait des promenades. Les Fim, bien que Fim, n'en sont pas moins des gens cordiaux, et le principal d'entre eux est un brave homme, positivement bon ; qu'il soit brouillon, cela ne me regarde en rien»12.

Fim ! C'est ainsi que les membres du cénacle, qui aiment à se donner des surnoms, désignent entre eux Lodyjenski. Fim, c'est l'inversion de mif, l'équivalent russe de notre terme de mythe, et ce surnom reflétait la particularité de Lodyjenski de disparaître mystérieusement du champ visuel de ses amis. Ceux-ci, aux réunions du cercle, se montraient l'un à l'autre leurs dernières compositions, les jouaient, les analysaient. Il arrivait parfois que « l'opus frais émoulu » se trouvât en butte à des critiques sévères: on demandait des corrections, des retouches, des mises au point. Or les compositions de Lodyjenski se présentaient essentiellement sous la forme « d'une quantité énorme d'improvisations, pour la plupart non notées »13. En réponse aux demandes de modifications de la part des membres du cénacle, il disparaissait. C'est vraisemblablement la raison pour laquelle ceux-ci se formèrent très tôt de lui l'image d'un être instable, en particulier en ce qui concernait son rapport à la musique. « Fim m'a joué [...] les matériaux prévus pour sa Roussalka » écrit Rimski-Korsakov à Stassov dans une lettre du 30 juillet 1870, « ces matériaux sont bons mais ce qu'il en sortira, je n'en sais rien, on peut attendre beaucoup de lui, mais enfin, c'est Fim »14.

Dans une lettre à Stassov du 11 / 23 avril 1873 adressée de Budapest où il se trouve en service diplomatique, Lodyjenski tente d'expliquer son silence créateur : « Il ne suffit pas d'avoir un talent d'improvisateur. Il faut travailler comme Dargomyjski a travaillé sur Le Convive de pierre.  Et pour cela il faut qu'à l'intérieur de la personne l'attraction pour la musique soit plus forte que tout le reste. Telle est l'humeur personnelle de Moussorgski, Rimski-Korsakov, Cui, Borodine. Malgré tout l'amour que j'éprouve pour la musique j'avoue qu'il existe bien d'autres choses qui me touchent et m'émeuvent. Le domaine de l'art, le domaine du sentiment est trop unilatéral. Je vous écris ceci pour en finir une fois pour toutes avec ce malentendu qui entretient chez vous et d'autres encore l'espoir que quelque chose puisse sortir de moi dans le domaine de la musique. Si cela se produit, ce ne sera que lorsque j'aurai atteint ce que je souhaite dans d'autres domaines qui me sont plus chers. L'activité musicale m'apparaîtra alors comme un beau complément »15.

Ce dilettantisme musical « typiquement russe »16 d'un aristocrate fortuné est mal perçu au sein d'un groupe dans lequel Rimski-Korsakov et Moussorgski doivent renoncer à leur carrière militaire au profit de la musique et où Borodine se plaint périodiquement de manquer de temps pour composer puisque sa profession principale est d'enseigner la chimie, ceci d'autant plus que la société et le statut de compositeur sont en pleine transformation à cette époque et incitent à la professionnalisation.

Cependant, la déclaration de Lodyjenski à Stassov est tardive. Dans la seconde moitié des années 1860 il se passionne pour les idées et l'atmosphère du cénacle. Il participe aux réunions, écoute les œuvres de ses compagnons et prend une part active à leur examen. Il s'imprègne de ces nouvelles impressions musicales et fréquente spectacles musicaux et concerts en leur compagnie. Le fonds Stassov16 conserve un billet de Lodyjenski à Stassov du 18 avril 1871 qui confirme que « Lodyjenski et Korsakov se trouveront  sans doute lundi dans une loge de première galerie, du côté droit » lors de la première, le 19 avril, de l'opéra La Puissance du mal (La Force ennemie) de Serov au théâtre Mariinski de Pétersbourg. Stassov s'occupe des billets et demande à Rimski-Korsakov d'en informer Lodyjenski. Et le 16 février 1872 Lodyjenski assiste au Mariinski au Convive de pierre de Dargomyjski en compagnie de presque tous les membres du cénacle.

Une autre lettre inédite de Lodyjenski à Rimski-Korsakov, datée du 7 mai 187017, précise que les deux musiciens continuent à faire de la musique ensemble: « Samedi il me semble que nous pourrions jouer les variations de flûtes de la seconde partie de Sadko [la scène de saint Nicolas] que vous n'avez pas encore composées. J'attendrai avec impatience que vous me précisiez le jour où nous pourrons jouer les arrangements pour quatre mains des quatuors de Beethoven. Écrivez-moi et pardonnez à votre Fim coupable de tant de fautes ».

Si l'on en croit la Chronique18, Rimski-Korsakov n'a pas inséré l'épisode de l'apparition de saint Nicolas brisant les gouslis de Sadko dans le tableau musical homonyme, ce qu'il a regretté par la suite. Apparemment, il a dû examiner avec Lodyjenski différentes variantes pour cet épisode.

Les jugements de Lodyjenski sur la musique du cénacle sont toujours très élogieux. Lorsqu'à l'approche de l'automne 1871 Borodine termine sa célèbre « symphonie héroïque », il la montre plus d'une fois à ses amis. Une approbation unanime salue la première  partie et une lettre de Borodine précise que « Moussorgski, Rimski-Korsakov et Lodyjenski sont fous du finale aussi »19.

Le 20 mai / 1er juin 1870 Lodyjenski fait connaissance avec les sœurs Purgold, « les p'tites dames musicales » du cénacle, comme les surnomme tendrement Moussorgski. À la demande de Stassov de leur amener « un nouveau brigand » [Lodyjenski] les sœurs répondent:« Nous serons très contentes de faire connaissance avec un nouveau brigand, d'autant plus que cela nous donnera l'occasion d'accueillir de nouveau chez nous tous nos bons et chers brigands »20. Cette nouvelle connaissance se transforme presque immédiatement en amitié. Des relations confidentielles et durables se nouent entre Lodyjenski et Nadejda Nikolaievna Purgold qui est si bonne pianiste que Moussorgski la surnomme « notre cher orchestre ». Lodyjenski, qui lui aussi « jouait du piano pas mal du tout », joue à quatre mains avec elle. Il lui dédie sa romance En rêve j'ai pleuré inconsolablement sur des paroles de Heine. Nadejda Purgold tenait un journal dans lequel Lodyjenski est mentionné le 29 août 1870 comme confident. Le 28 août 1888 encore, il lui envoie sa photo dédicacée de Tchernovtsy où il se trouve en service diplomatique (cf. photo ci-dessous)

LodyjenskiNikolaï Lodyjenski, 28 août 1888

En 1870 Lodyjenski se marie avec Alexandra Ivanovna Zykova à laquelle il est lié de longue date par des relations tempétueuses et avec laquelle il a eu une fille, Alexandra, avant le mariage, en 1865 ; et le 30 juin 1872 Rimski-Korsakov épouse Nadejda Nikolaievna Purgold avec Moussorgski comme garçon d'honneur.

En 1872 naît le fils de Lodyjenski et Rimski-Korsakov devient le parrain de l'enfant comme nous l'apprend une lettre inédite du 14 avril 1886 adressée à Rimski-Korsakov. Le nom de l'enfant, Voïne-Johann (Johann le Combattant), n'est pas choisi au hasard. C'est ainsi que se nomment le frère de Rimsky-Korsakov et son arrière-grand-père, le vice-amiral Voïne Iakovlévitch Rimski-Korsakov.

Une amitié de longue durée lie Lodyjenski à un autre membre du cercle, le compositeur Alexandre Porfiriévitch Borodine. « La royauté fimique avec monsieur chimique », c'est ainsi que Moussorgski désigne solennellement leurs rencontres. Or Borodine est bien celui  de tous les membres du cercle celui qui condamne le plus rudement la paresse musicale de Lodyjenski. Borodine n'éprouve en effet aucune indulgence pour le vieux monde antérieur aux réformes, celui de la noblesse et des propriétaires terriens. Dans ses lettres transparaît l'ironie à l'adresse des aristocrates et des propriétaires fonciers, de leur tournure d'esprit, de leurs goûts, de leur mode de vie. Les façons de grand seigneur, « le désœuvrement », « la veulerie », « la bêtise », l'éducation « idiote » de ces « Fim », (propriétaires fonciers nobles), de ces « incohérents  inutiles et bons à rien » l'écœurent. Les mots « fimique », « Fim pur sang » sonnent toujours chez Borodine comme une condamnation évidente21.

Cette profession de foi n'empêche cependant pas Borodine d'entretenir avec Lodyjenski des liens plus étroits que les autres membres du cénacle et de lui rendre souvent visite dans sa propriété pour des séjours assez longs. Lorsque Lodyjenski se distance du groupe, leurs relations amicales ne s'interrompent  pas. On sait que pendant l'été 1881 la famille Borodine vit dans la propriété de Lodyjenski située aux abords de la station Jitovo du chemin de fer Moscou-Koursk, à trente verstes de Toula.

Les membres du groupe se forment donc petit à petit de Lodyjenski l'opinion d'un jeune homme certes talentueux, mais excentrique. Par la suite, l'espoir de le voir se consacrer davantage à la musique s'étant éteint, Rimski-Korsakov le juge de façon très critique : « j'ai entendu dire que sous l'influence de l'ascétisme moderne Lodyjenski dort sur des planches nues, et paraît-il, même garnies de clous; qu'il fait ses dévotions au village vêtu d'habits vieux et sales, qu'il s'est rendu à confesse sur une vieille rosse et que le lendemain matin, habillé tout de neuf, en allant communier dans son élégante troïka, il a rebroussé chemin en s'exclamant : « tout cela est absurde » et que, de retour chez lui, il a commencé à danser une polonaise ou quelque chose de ce genre. Etrange personnage, incompréhensible ! Intelligent, cultivé et talentueux, et pourtant c'est comme s'il n'était bon à rien.»22

Stassov, l'idéologue du groupe, juge Lodyjenski « timide et insécure ». Il rencontre un jour par hasard Lodyjenski qui, à l'âge de 40 ans vient de perdre sa place au ministère des Affaires étrangères et il est frappé par son état de prostration. Lodyjenski lui ayant avoué que « la prose de la vie l'avait complètement vaincu », et qu'il ne pouvait composer, Stassov promet d'intercéder en sa faveur. Peu de temps après Lodyjenski entre en effet au ministère des Finances23.

Lodyjenski appartenait probablement à ce type de gens sensibles à « l'atmosphère », modelés par le milieu, fortement influencés par leur entourage et qui, lorsqu'ils se trouvent éloignés de toute vie créatrice active, s'étiolent et s'éteignent. Dans la lettre à Stassov de Belgrade du 22 septembre / 4 octobre 1874, Lodyjenski se plaint  de ce que « la vie ici est tout à fait antimusicale, il n'y a rien à écouter. La vie quotidienne, les occupations, la façon de passer le temps sont des plus terre à terre. Tristesse muette, ennui complet parce que mes journées sont ainsi faites : le matin, sagesse bureaucratique, le soir à la maison avec des livres, voilà comment je végète. C'est une existence aliénante, vulgaire, misérable, vide et de mauvais goût, un vrai désert. J'ai trouvé deux ou trois amateurs, nous nous réunissons une fois par semaine, nous jouons les sonates et les symphonies de Beethoven. Schumann et Chopin sont inconnus, Dieu merci ! Malgré tout, ces réunions en petit comité meublent quelque peu la solitude habituelle.»24

En 1873 se termine donc la période d'appartenance de Lodyjenski au cénacle initiée en 1866. À partir de cette date il réside le plus souvent à l'étranger où il se trouve en service diplomatique : à Budapest tout d'abord, puis à Belgrade, Sarajevo, Königsberg, Galata et enfin à New York. « Аvez-vous lu l'article du Times sur notre Fim ? » demande Stassov par lettre à Golenichtchev-Koutouzov. « De bonne heure tous les matins, il réveille Milanov au palais, [puis] Ristitcheï à la maison, et leur communique les importantes affaires politiques dont on parlera ensuite dans toute l'Europe. […] Voilà ce qu'il fabrique aujourd'hui au lieu de composer sa Roussalka et tout le reste !»25

Les contacts entre Lodyjenski et le cénacle cessèrent plus ou moins d'eux-mêmes. En mars 1902, pendant le bref séjour qu'il passe alors à Pétersbourg, il est invité avec Stassov chez Rimski-Korsakov mais ne s'y rend pas, prétextant une indisposition. Il envoie à Stassov le message suivant : « je vous présente mes excuses de ce que je n'ai pu, contrairement à ma promesse, me rendre avec vous chez Nikolaï Andreïévitch. J'ai ressenti soudain de tels troubles (je suis sujet depuis le printemps 1898 à des troubles cardio-vasculaires qui exigent de ma part une extrême prudence) que j'ai dû revenir immédiatement chez moi et tâcher de me calmer. Si vous pensez qu'il ne s'agit que de simagrées et d'affectation, vous vous trompez. J'ai 60 ans et je ne peux déjà plus ni faire ni supporter ce que je supportais il y a trente ans quand nous nous rencontrions chez Vladimir Fiodorovitch Purgold.»26

Il quitte le service à l'âge de 65 ans et rentre au pays natal. Pendant le reste de sa vie il déploie une activité débordante, occupant les fonctions de maréchal de la noblesse du district Kachinsk, de fonctionnaire des commissions spéciales auprès du procureur du Saint Synode, de trésorier de la Société pour la  Palestine, de membre de la Société slave et fondant la Société de l'Union des églises orthodoxes et anglicanes27. Les archives de Tver conservent l'avis d'un congrès des sociétés autorisées nobles à Saint-Pétersbourg en 1913 auquel il est invité en compagnie de Rimski-Korsakov. Pendant ses dernières années Lodyjenski est connu comme un homme de droite, slavophile actif, étroitement lié à l'église. Combien peu cela ressemble à sa jeunesse excentrique de « Fim » ! La liste  seule  de ses fonctions exclut toute allusion à la paresse ou à une vie désordonnée ! Conseiller d'État, Lodyjenski obtient en outre de nombreuses récompenses qu'énumèrent ses états de service conservés dans les archives de Tver.

Le musicologue Karatyguine rédige son article nécrologique. Le livre des inventaires des propriétés privées conservé au GATO mentionne comme héritière de Nikolaï Nikolaiévitch sa fille aînée, Alexandra Nikolaievna Lodyjenskaïa, dont on ne sait rien. Le fils né le 14 mai 1872 et parrainé par Rimski-Korsakov devint juriste et fit lui aussi une carrière diplomatique, occupant un poste au Conseil des Ministres du 24 mai 1914 au 14 mars 1917. Le 19 juillet de cette année-là, il est arrêté puis émigre en Bulgarie où il meurt le 30 août 1931.

Quelques mots pour conclure sur l'œuvre de Lodyjenski.

Les six ans pendant lesquels Lodyjenski est étroitement lié au cénacle de Balakirev s'achèvent par l'édition en 1873 des six romances suivantes  aux éditions Besselya sous le titre général de Romances de N. N. Lodyjenski : « Une jeune Géorgienne vivait » (sur texte de Lermontov, dédiée à A. N. Lodyjenski) ; « Oui, je suis de nouveau avec toi » (sur texte de Lodyjenski, dédiée. à Rimski-Korsakov) ; « L'Appel » (peut-être aussi sur texte du compositeur, dédiée à Moussorgski) ; « En rêve je pleurais inconsolablement » (sur texte de Heine, dédiée à N. N. Purgold) ; « L'Aube » (peut-être sur texte du compositeur, dédiée à A. N. Purgold) ; et « Je meurs de bonheur » (sur texte d'Uhland, dédiée à L. I. Chestakova). Les manuscrits de quatre de ces six romances se trouvent au RNB. Les dates inscrites sur les manuscrits s'échelonnent entre 1870 et 1873. La romance « En rêve je pleurais inconsolablement », dont le manuscrit n'a pas été conservé, date de la même période. Seule la « Géorgienne » aurait été composée plus tôt, en 1863 selon Karatyguine.

Les amis du cénacle prennent part à la préparation des romances à l'édition. Dans sa lettre à Stassov de Budapest du 11/23 avril 1873, Lodyjenski accuse réception d'un exemplaire envoyé par Besselya et le prie de «remercier chaleureusement Korsakov de la part qu'il a prise à l'édition des romances»28.

Dans les archives Moussorgski du cabinet des manuscrits du RNB se trouve une autre romance de Lodyjenski, la « Berceuse orientale » (sur texte de Golenichtchev-Koutouzov, qui lui est dédiée). Cette romance est publiée pour la première fois par Rozanov dans le volume II de « L'Héritage musical ». Il existe de plus quatre romances de  Lodyjenski qui constituent le cycle resté inédit du Requiem d'amour, à savoir « Mes jours s'écoulent lentement »  (Pouchkine), « Entends-je ta voix ? » (Lermontov), « Nous nous sommes séparés » (Lermontov) et « J'emporterai avec moi dans la tombe » (Lodyjenski)29.

Il reste à dire quelques mots de la Roussalka de Lodyjenski, cette composition presque mythique ou, pour se servir du terme utilisé dans le cénacle, « fimique ». Elle est mentionnée par Rimski-Korsakov : « Parmi ses œuvres, celles que nous admirions le plus étaient la scène nuptiale de Dimitri et Marina et un solo avec chœur sur la Roussalka de Lermontov »30 et Stassov. Lodyjenski déclare  lui-même dans sa lettre de Belgrade à Stassov : « j'ai achevé Roussalka comme j'ai pu, c'est-à-dire les voix et l'accompagnement au piano, ce n'est pas vraiment exécutable ainsi, cela montre seulement, et de façon approximative, ce que doit être l'orchestre. Si j'étais à Pétersbourg et non ici, j'espère que Nik. Andr. [Rimski-Korsakov] ne refuserait pas de m'apprendre à orchestrer, et l'affaire serait réglée »31. Néanmoins, le fils de l'auteur, Ivan Nikolaévitch Lodyjenski, a catégoriquement nié l'existence de cette Roussalka et le manuscrit n'en a jamais été découvert, même sous forme d'esquisse.

Le legs artistique de Lodyjenski s'arrête là. Citons cependant encore ce passage de la Chronique dans lequel Rimski-Korsakov nous signale que dans la « quantité énorme d'improvisations, pour la plupart non notées », que Lodyjenski jouait à ses débuts dans le cercle figuraient « des débuts de symphonies, même un opéra, Dimitri l'usurpateur (sur un livret inexistant et purement hypothétique).»32

Mais peut-être le véritable legs artistique de Lodyjenski est-il ailleurs que dans ces onze magnifiques romances qui à elles seules justifient pourtant à nos yeux le jugement favorable porté autrefois par les membres du cénacle. Lodyjenski stimula autant l'enthousiasme de ces grands musiciens et leurs capacités créatrices par son talent d'improvisateur qu'il fut lui-même encouragé à composer par leur amitié. Il fut un catalyseur, le miroir d'une époque. Comme les idées du cénacle, l'atmosphère des réunions musicales se précisent, se complètent dans ses lettres ! Comme la personnalité de Rimski-Korsakov, de Borodine, et même de Moussorgski s'étoffe et s'humanise sous ce nouvel éclairage ! C'est là son principal apport et son plus grand mérite, comme ils sont ceux de Nina Drozdetskaïa, à qui nous devons ces découvertes dans le travail remarquable dont nous venons de rendre fidèlement compte dans une version toutefois légèrement abrégée et remaniée et dont les lecteurs russophones intéressés peuvent se procurer la version intégrale sur le site tmo.tvercult.ru/0062.htm

Le blason des Lodyjenski.

Apollon Goussakovski (1841-1875)

Le public francophone dispose de très peu d'informations sur la vie et l'œuvre de ce compositeur extrêmement talentueux, décédé de la tuberculose à l'âge de 34 ans, et qui, comme Lodyjenski, fit le choix de rester amateur malgré le soutien et l'admiration que lui portaient Balakirev et les membres les plus influents de son cénacle. Les mentions que lui consacrent les encyclopédies musicales traditionnelles et les livres sur les compositeurs russes du cercle de Balakirev étant succinctes et parfois imprécises, cet article tente de les corriger et de les augmenter quelque peu en se référant à la principale source connue, l'article d'Abram Gozenpud, « Un talent perdu »33, publié dans Sovietskaïa mouzyica.

Apollon Goussakovski (1841-1875), comme ses amis du cénacle de Balakirev dont il fait partie pendant ses années d'étudiant en chimie, ne reçut jamais d'éducation musicale théorique à proprement parler, le premier conservatoire de Russie n'ayant ouvert ses portes qu'en 1862 à Saint-Pétersbourg. Ami personnel de Balakirev et Moussorgski, chimiste comme Borodine, il ne contribue au cénacle que jusqu'à l'obtention de son diplôme puis abandonne définitivement la composition.

A part plusieurs mélodies et quelques ébauches d'un opéra inachevé, Le boyard Orcha, (notamment un duo entre Arsène et la fille du boyard) sur un texte de Lermontov, la plupart de ses œuvres sont dédiées au piano et composées dans les années 1857-1861. Le 15 janvier 1861 est joué en public un allegro pour orchestre qui devait constituer le premier mouvement d'une symphonie qu'il ne termina jamais. Cette œuvre « écrite par un étudiant en sciences » et orchestrée par Balakirev est bien reçue par le public et la presse et redonnée l'année suivante sous la direction d'Anton Rubinstein. En octobre 1870 Vladimir Nikolski (l'homme qui avait suggéré Boris Godounov comme sujet d'opéra à Moussorgski)34 écrit dans son journal: « Balakirev a joué des œuvres non publiées d'un certain Goussakovski, parmi lesquelles  se trouvaient quelques  pièces merveilleuses. »

C'est au printemps 1857 qu'Apollon Goussakovski, alors encore tout jeune étudiant, fait sa première apparition au cénacle pour faire voir ses compositions musicales à Balakirev. Celui-ci, très impressionné, l'encourage et lui présente ses amis, dont Cui, Moussorgski et les frères Stassov. Goussakovski participe dès lors régulièrement aux réunions du cénacle pendant plusieurs années, sans pour autant négliger ses études de sciences. Moussorgski, dont il est particulièrement proche, lui dédie plusieurs compositions. Balakirev et Moussorgski tiennent les dons de compositeur de Goussakovski en haute estime et l'encouragent. Goussakovski étant très pauvre, les frères Stassov l'aident à entrer à l'université de Pétersbourg pour étudier la chimie et il améliore sa situation financière en donnant des leçons privées. Alors qu'il n'est encore qu'étudiant, Goussakovski épouse la fille d'un petit fonctionnaire civil mais celle-ci ne montra jamais d'intérêt pour la musique. Diplômé de la Faculté des sciences en 1863, Goussakovski est envoyé à l'étranger pour un séjour de trois ans dans le but d'étudier la chimie et les sciences liées à l'agriculture afin de se préparer à assumer un emploi au Département de l'Agriculture. C'est là une pratique courante à l'époque: Alexandre Borodine avait accompli un tel séjour quelques années auparavant après l'obtention de son doctorat en chimie.

Comme Balakirev et Rimski-Korsakov le mentionnent par la suite, Goussakovski vient prendre congé des membres du cénacle le jour de son départ et quelques heures après seulement, comme s'il venait le remplacer, Rimski-Korsakov entre montrer son Scherzo en do mineur : « En entrant au cénacle de Balakirev je me trouvai dans la situation de remplaçant d'Apollon Goussakovski, qui venait de s'en retirer après avoir terminé l'université […] et de partir pour longtemps à l'étranger. Ce favori de Balakirev possédait un puissant talent de compositeur mais, selon les dires de Cui, c'était une nature étrange, excentrique et maladive. Ses œuvres, des pièces pour piano, étaient pour la plupart inachevées ; il y avait aussi de nombreux scherzos sans trio, un allegro de sonate, des fragments de musique pour Faust, et un allegro symphonique inachevé, en mi♭ majeur, instrumenté par Balakirev. Tout cela était de la belle musique dans un style qui tenait de Beethoven et de Schumann. Balakirev supervisait ses œuvres mais rien d'achevé n'en sortait. Goussakovski sautait d'une pièce à l'autre, et parfois ses talentueuses ébauches n'étaient pas même notées mais uniquement conservées en mémoire par Balakirev. »35

Il est frappant de constater à quel point le jugement de Rimski-Korsakov sur Goussakovski ressemble à ceux qu'il porte sur Lodyjenski (voir ci-dessus) et sur le poète et musicien Nikolaï Vladimirovitch Chtcherbatchov36, cet autre « satellite » du cercle de Belaiev : « On vit réapparaître à Saint-Pétersbourg N. V. Chtcherbatchov, qui s'installa dans un luxueux appartement de l'hôtel Europe. Il continuait à composer abondamment. Lors de ses visites chez moi, lorsque se réunissait notre petit cercle musical, il acceptait parfois, après de longues réticences, de jouer ses nouvelles pièces. Elles nous plaisaient souvent, bien que beaucoup de choses ne fussent pas totalement achevées ; il jouait aussi de nombreux fragments qui ne furent jamais menés à bien. Autant il était à l'aise dans le style pianistique, autant le style orchestral lui était étranger, ce qui fait que ses extraits de Hero et Leandra, de Sainte-Cécile et d'autres œuvres symphoniques et chorales ne seront probablement jamais exécutés. Toutefois, en dépit d'un manque d'autonomie dans sa créativité, il y avait chez lui beaucoup de choses belles et gracieuses. Son Zig-zag, ses Papillons et nombre d'autres œuvres nous plaisaient bien. »37

Par ces jugements, Rimski-Korsakov nous en apprend sans doute autant sur lui-même que sur les dons respectifs de Goussakovski, Lodyjenski et Chtcherbatchov et il est évident, par d'autres passages de sa Chronique, qu'il n'aimait guère les amateurs, doués ou non, et qu'il attribuait leur échec, en l'opposant à sa propre réussite et à celle de Borodine, à un trait de caractère qu'il nomme le « dilettantisme russe » qui nous rappelle la progressive professionnalisation de la musique et le changement de statut du compositeur qui se produisent à la même époque. 

Et de fait, lorsque Goussakovski revient à Saint-Pétersbourg en 1867 et rend visite à ses vieux amis du cénacle, il ne manifeste pas la moindre intention de se remettre à la composition. Devenu fonctionnaire, et dès 1869 professeur à l'Université d'agriculture, ses tâches professionnelles ne lui laissent plus le temps de faire de la musique, ceci d'autant plus que son mauvais état de santé s'est encore détérioré et qu'il passe son temps libre en famille avec sa femme et ses quatre filles. Sa situation évolue donc de façon contraire à celle de Borodine qui, lorsqu'il revient de l'étranger en 1862, rend également visite à Balakirev et aux membres de son cénacle et, sous leur influence, mène de front la musique et sa carrière scientifique. Le cénacle n'oublie cependant pas le talent de Goussakovski et lorsqu'il meurt en février 1875 après une longue maladie, Cui rédige son article nécrologique et y exprime l'espoir de voir un jour les compositions de Goussakovski publiées. Rimski-Korsakov étant le mieux placé pour cela, c'est lui qui est chargé d'éditer l'héritage musical de Goussakovski, mais pour des raisons inconnues, le projet ne se réalise pas. Fort heureusement, les frères Stassov prennent soin des manuscrits de Goussakovski. Plus de cinquante œuvres, dont un grand nombre sont inachevées, sont conservées à la bibliothèque publique de Saint-Pétersbourg.

François Buhler
octobre 2014

Notes

1. Nikolaï Andreïévitch Rimski-Korsakov, Chronique de ma vie musicale, traduite et présentée par André Lischke, Fayard, Paris, 2008.  Toutefois, par suite de quelques légères divergences probablement dues à la version utilisée par Drozdetskaïa, les notes se rapportant à cet ouvrage font référence à cette dernière, dans la traduction de l'auteur de cet article : Летопись моей музыкальной жизни [Chronique de ma vie musicale], Moscou, 1980.

2. Nina Drozdetskaïa, Le hobereau de Tver N. N. Lodyjenski et le cénacle de Balakirev (en russe). Музыкальная академия [Académie de musique] (2), 2005.

3. Mikhaïl Ossinovitch Tsetline, Пятеро и другие [Les Cinq et d'autres], New Journal, New York, 1944 [398 p.], réédité en 1953 puis à Moscou en 2000. Mikhaïl Ossinovitch Tsetline est né à Moscou le 28 juin / 10 juillet 1882, il est mort à New York le 10 novembre 1945. Poète, écrivain et mécène écrivant sous le pseudonyme d'Amari. Fuyant la Révolution de 1905-1907, il se réfugie dans plusieurs pays d'Europe avant de gagner les États-Unis où il vit de 1942 à sa mort.

4. Vyatcheslav Gavrilovitch Karatyguine, Памяти Л од ыже некого [En mémoire de Lodyjenski]. Dans « Articles choisis » Moscou-Léningrad, 1965, p.183-190. Première parution dans « L'actualité musicale » (1916). Vyatcheslav Gavrilovitch Karatyguine, est né à Pavlovsk, le 5/17 septembre 1875, il est mort à Léningrad,  le 23 octobre 1925. Critique musical et compositeur connu notamment pour ses livres sur Alexandre Scriabine (1915), Franz Schubert (1922), Modeste Moussorgski et Fiodor Chaliapine (1922).

5. Karatyguine, ibid.

6. Rimski-Korsakov, op. cit. p. 67.

7. Tsetline, op. cit., p.198.

8. Rimski-Korsakov, op.cit. p. 74.

9. Cette lettre fait partie d'un ensemble de deux lettres de Lodyjenski à Rimski-Korsakov qui ont été préparées pour publication par A. C. Rozanov mais, pour des raisons inconnues, elles sont restées inédites. C'est à Nina Drozdetskaïa que l'on doit de les avoir retrouvées et publiées pour la première fois, ainsi que les deux photos qui apparaissent dans ce texte.

10. Rimski-Korsakov, op. cit. p. 81.

11. Rimski-Korsakov, Полное собрание сочинений [Œuvres complètes], Moscou 1963, tome V, p. 305.

12. Rimski-Korsakov, Chronique, p. 67.

13. Rimski-Korsakov, Œuvres complètes, p. 337.

14. Karatyguine, «Реквием любви» Н.Н.Лодыженского [Le Requiem d'amour de Lodyjenski]. Dans « De Musica», 1er juillet 1925, p. 305.

15. Rimski-Korsakov, Chronique, p. 67.

16. Bibliothèque nationale de Russie, fonds 738, n° 338.

17. Rimski-Korsakov, op.cit. p. 74.

18. Rimski-Korsakov, Chronique, p. 68-69.

19. Arnold Naoumovitch Sokhor, Александр Порфирьевич Бородин [Alexandre Porfiriévitch Borodine], Moscou-Léningrad, 1965,  p. 223. Arnold Naoumovitch Sokhor est né à Leninkanan, aujourd'hui Gumri en Arménie, le 7 avril 1924, il est mort à Léningrad, le 12 mars 1977. Musicologue soviétique spécialisé dans la sociologie de la musique. Cet ouvrage est l'édition de sa thèse de doctorat.

20. Karatyguine, Le Requiem d'amour de Lodyjenski, p. 95.

21. Sokhor, op. cit. p. 308.

22. Rimski-Korsakov, Chronique, p. 82.

23. Rimski-Korsakov, Œuvres complètes, p. 394-395.

24. Karatyguine, Le Requiem d'amour de Lodyjenski, p. 97.

25. Ibid., p. 98. La lettre de Stassov est datée du 22 août/3 septembre  1877.

26. Ibid. p. 99.

27. Karatyguine, En mémoire de Lodyjenski. p.183-190, en particulier p. 186.

28. Karatyguine, Le Requiem d'amour de Lodyjenski, p. 96.

29. Karatyguine prit copie du manuscrit du Requiem d'amour de Lodyjenski et le révisa. La copie est actuellement conservée au Département des manuscrits RG II, fonds 30, no 62.

30. Rimski-Korsakov, Chronique, p. 67.

31. Karatyguine, Le Requiem d'amour de Lodyjenski, p. 97. La lettre est datée du 22 septembre/4 octobre 1874.

32. Rimski-Korsakov, Chronique, p. 67.

33. Abram Akimovitch Gozenpud, « Pogibchi talant », Sovietskaïa mouzyca no 4, 1961, p. 76-83. Abram Akimovitch Gozenpud est né à Kiev, le 10/23 juin 1908, et mort à  Saint-Pétersbourg, le 2 juillet 2004. Il est un célèbre musicologue, critique littéraire et traducteur russe dont la réputation n'est jamais parvenue jusqu'à nous, aucun des quelque cinq cents articles et livres qu'il a produits dans sa longue vie n'ayant jamais été traduit en français.

34. Moussorgski rencontre Vladimir Vassiliévitch Nikolski (1836-1888), historien et professeur de langue russe, autorité reconnue sur Pouchkine, à une soirée donnée à l'automne 1868 par Loudmila Chestakova, la sœur de Glinka. Nikolski lui suggère le sujet de Boris Godounov pour lequel Moussorgski s'enthousiasme aussitôt, délaissant l'œuvre sur laquelle il travaille à l'époque, la comédie Le Mariage sur un texte de Gogol de 1842, dont seul le premier acte est achevé. Valeri Voronov terminera la partition en 2008.

35. Rimski-Korsakov, Chronique de ma vie musicale, version française d'André Lischke, Fayard, Paris 2008, p. 55-56.

36. Nikolaï Vladimirovitch Chtcherbatchov est né à Saint-Pétersbourg, le 12 août 1853, il serait mort à Monte-Carlo (?) en 1922 (?). Il ne doit pas être confondu avec  deux autres compositeurs homonymes : Vladimir Vladimirovitch Chtcherbatchov, le symphoniste qui enseigna la composition au Conservatoire de Léningrad et Andreï Chtcherbatchov. Nikolaï Vladimirovitch Chtcherbatchov fit partie du cénacle dans les années 1870, étant particulièrement proche de Stassov et de Moussorgski. Il est surtout connu pour ses mélodies sur des textes de Heine et de Tolstoï notamment et ses pièces pour piano, des études, préludes, valses, et mazurkas parmi lesquels se détache le recueil Féeries et pantomimes qui contient seize pièces. Il publia environ vingt-cinq opus, la plupart dans les années 1880-1890 à Leipzig grâce à Belaiev. Stassov appréciait grandement ses œuvres et les jugeait dignes de figurer aux côtés de celles de Schumann. Chtcherbatchov a également écrit des poèmes. Dans le fonds Golenitchev-Koutouzov se trouve un de ses poèmes, Oublié, avec les remarques critiques de Moussorgski. Il fut en relation avec Nekrassov et il est curieux que la seule « œuvre » de ce musicien et poète de talent que l'on cite encore ne soit ni un morceau de musique ni un poème mais une lettre de soutien à Golenitchev-Koutouzov datée du 28 janvier / 9 février 1874 à la suite du refus de Nekrassov de publier dans son célèbre journal Otechesvennie Zapiski les œuvres de ce dernier.

37. Rimski-Korsakov, op. cit. p. 200.


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