L'histoire, en France, du Théâtre lyrique italien, à
partir des tentatives faites au mariage de Louis XIV, est discontinue. Par
ce que le genre heurte le goût classique français épanoui, qui commence à
s'élaborer sous Henry IV, mais aussi parce que le système des privilèges
sous l'ancien régime est une source de difficultés pour les entreprises,
et que la gestion d'un établissement de théâtre d'opéra n'est pas
spécialement, financièrement rentable.
En tout cas, le 31 mai 1801, une troupe italienne
permanente est de nouveau installée à Paris, et n'en repart qu'en 1878.
Elle fera les beaux jours de Rossini jusqu'en 1831, où apparaissent alors
les noms de Donizzetti et de Bellini.
Ces dates, 1801-1831, circonscrivent l'étude de
Mongrédien, qui justifie cette périodisation, par sa correspondance avec
le premier mouvement du romantisme en France, la formidable mutation qui
s'y opère, y compris la transformation du « Théâtre des bouffons » de
1801, en un « éclatant théâtre italien » en 1831.
En fait, l'idée de compiler, classer, indexer tout ce
qui a été écrit dans la presse, au sujet du Théâtre Italien de Paris,
pendant trente ans, se justifie dans le principe, mais impose des
limitations, tant est vaste la documentation.
Il y a de bonnes raisons, pour se lancer dans un tel «
travail de bénédictin ». L'accès aux documents d'origine est difficile, et
de plus en plus difficile, en raison des mesures, plus que justifiées, de
préservation engagées dans les bibliothèques. Mais si la numérisation ou
le microfichage sont de très bonnes idées, leur réalisation est souvent
défectueuse peu pratique et de mauvaise qualité visuelle.
Mais il me semble, que l'idée première de l'auteur,
était de donner une certaine pureté à cette documentation, de la mettre en
ordre, de lui donner une continuité, lui donner une lisibilité, donc une
neutralité qui en révélerait l'historicité. Deux cent cinquante
périodiques y compris almanachs et annuaires ont été consultés, cent
cinquante ont été systématiquement dépouillés.
Bien entendu, une telle démarche pose une quantité de
problèmes et des choix : il faut nécessairement intervenir dans la
neutralité recherchée, établir un questionnaire, une procédure régulière
d'indexation, etc., L'auteur ne les a pas ignorés et s'en explique
longuement et précisément.
Le souci de n'a pas pouvoir affirmer l'exhaustivité est
en fait secondaire. L'importance du corpus publié, est un échantillonnage
plus que suffisant pour assurer, statistiquement, les visées de départ. On
peut être assuré que les huit volumes de cet ouvrage donnent une vision
exacte de ce qui a été écrit au sujet du théâtre italien entre 1801 et
1831.
Il est donc aujourd'hui un usuel de bibliothèque,
incontournable pour de nombreuses directions de recherche ou simplement
pour une information un peu pointue, et le plaisir de lire un journalisme,
devenu aujourd'hui souvent inénarrable. En supplément, les éditions
Symétrie ont eu la bonne idée de compléter l'édition imprimée, par une
banque de données en ligne.
Une des questions qui restent en suspend, est celle de
la virginité documentaire, pour des textes qui ne l'ont pas été. Le
lecteur qui a souvent des documents anciens en mains se pose aussi la
question du document lui-même, et quand il s'agit d'un journal, ce sont
toutes les informations d'un moment qu'il a sous les yeux, et cela est
important pour donner sens à ce qu'il y lit. L'historien ne doit pas se
contenter de mettre au propre, de ce que tel personnage à écrit, il doit
rendre compte de l'opération qu'est cette écriture même, ce qu'elle ne
raconte pas.
Cette incroyable compilation, ne fait pas histoire,
elle fait somme documentaire. Mongrédien fait le vœu que d'autres
continuent ce qu'il a magistralement réalisé pour trente années, pour
compléter l'histoire. Peut-être, que faire l'histoire, serait maintenant
de retourner aux originaux, pour y chercher le contexte des articles hors
sujet, mais indispensables pour donner sens à une histoire, qui est tout
ce qu'on veut, mais certainement pas neutre.
Jean-Marc Warszawski
29 septembre 2008
Présentation de l'éditeur
Cet ouvrage met à la disposition du public (chercheurs
ou mélomanes) un vaste ensemble de documents relatifs aux trente premières
années de l'histoire du Théâtre-Italien de Paris (1801-1831). La capitale
française découvre alors les grands opéras italiens de Mozart, et bientôt
ceux de Rossini. Des chanteurs virtuoses de renommée internationale font
leur apparition : Manuel Garcia, Giuditta Pasta, Maria Malibran, Luigi
Lablache… Le goût musical se transforme peu à peu entre Lumières et
romantisme. Ce qui, en 1801, n'était encore qu'un petit théâtre d'opera
buffa, en retrait de l'Opéra et de l'Opéra-Comique, est devenu en 1830
l'un des hauts lieux de la vie sociale et artistique parisienne.
L'auteur a réuni ici l'ensemble des informations
recueillies dans la presse parisienne de l'époque (environ 150 journaux et
revues) et dans les fonds d'archives relatifs au Théâtre-Italien, dans la
mesure où ils subsistent encore. Présentés dans l'ordre chronologique, les
textes sont fidèlement reproduits tels qu'ils se présentent dans la source
ou – très rarement – résumés par l'auteur. L'organisation en rubriques
récurrentes facilite la consultation de ces nombreux documents : on
trouvera donc, jour après jour, le titre de l'opéra représenté, la
distribution, la recette, les informations administratives, les
correspondances relatives aux chanteurs et à la gestion du théâtre, et
enfin toute la critique parue dans la presse à cette période. Cette simple
juxtaposition fournit un panorama unique et extrêmement riche de cette
institution musicale parisienne au moment où naît le mouvement
romantique.
Une introduction substantielle sur l'histoire du
Théâtre-Italien précède cette somme impressionnante, fruit de vingt années
de recherche. Un index détaillé disponible dans le premier volume et un
outil de recherche par internet complètent l'appareillage de
l'ouvrage.
Répartition des volumes
Volume I : Introduction,
tables et index ( 352 pages)
Volume II : 1801 à 1808 ( 656 pages)
Volume III : 1809 à 1816 ( 800 pages)
Volume IV : 1817 à 1821 ( 768 pages)
Volume V : 1822 à 1824 ( 752 pages)
Volume VI : 1825 à 1826 ( 768 pages)
Volume VII : 1827 à 1828 ( 6220 pages)
Volume VIII : 1829 à 1831 ( 616 pages)
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