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Le Théâtre-Italien de Paris (1801-1831)

MONGRÉDIEN JEAN, Le Théâtre-Italien de Paris (1801-1831) : chronologie et documents [ 8v.]. « Perpetuum mobile », éditions Symétrie, Lyon 2008 [8v. ; 5384 p. ; ISBN 978-2-914373-30-2 ; 640 €]

L'histoire, en France, du Théâtre lyrique italien, à partir des tentatives faites au mariage de Louis XIV, est discontinue. Par ce que le genre heurte le goût classique français épanoui, qui commence à s'élaborer sous Henry IV, mais aussi parce que le système des privilèges sous l'ancien régime est une source de difficultés pour les entreprises, et que la gestion d'un établissement de théâtre d'opéra n'est pas spécialement, financièrement rentable.

En tout cas, le 31 mai 1801, une troupe italienne permanente est de nouveau installée à Paris, et n'en repart qu'en 1878. Elle fera les beaux jours de Rossini jusqu'en 1831, où apparaissent alors les noms de Donizzetti et de Bellini.

Ces dates, 1801-1831, circonscrivent l'étude de Mongrédien, qui justifie cette périodisation, par sa correspondance avec le premier mouvement du romantisme en France, la formidable mutation qui s'y opère, y compris la transformation du « Théâtre des bouffons » de 1801, en un « éclatant théâtre italien » en 1831.

En fait, l'idée de compiler, classer, indexer tout ce qui a été écrit dans la presse, au sujet du Théâtre Italien de Paris, pendant trente ans, se justifie dans le principe, mais impose des limitations, tant est vaste la documentation.

Il y a de bonnes raisons, pour se lancer dans un tel « travail de bénédictin ». L'accès aux documents d'origine est difficile, et de plus en plus difficile, en raison des mesures, plus que justifiées, de préservation engagées dans les bibliothèques. Mais si la numérisation ou le microfichage sont de très bonnes idées, leur réalisation est souvent défectueuse peu pratique et de mauvaise qualité visuelle.

Mais il me semble, que l'idée première de l'auteur, était de donner une certaine pureté à cette documentation, de la mettre en ordre, de lui donner une continuité, lui donner une lisibilité, donc une neutralité qui en révélerait l'historicité. Deux cent cinquante périodiques y compris almanachs et annuaires ont été consultés, cent cinquante ont été systématiquement dépouillés.

Bien entendu, une telle démarche pose une quantité de problèmes et des choix : il faut nécessairement intervenir dans la neutralité recherchée, établir un questionnaire, une procédure régulière d'indexation, etc., L'auteur ne les a pas ignorés et s'en explique longuement et précisément.

Le souci de n'a pas pouvoir affirmer l'exhaustivité est en fait secondaire. L'importance du corpus publié, est un échantillonnage plus que suffisant pour assurer, statistiquement, les visées de départ. On peut être assuré que les huit volumes de cet ouvrage donnent une vision exacte de ce qui a été écrit au sujet du théâtre italien entre 1801 et 1831.

Il est donc aujourd'hui un usuel de bibliothèque, incontournable pour de nombreuses directions de recherche ou simplement pour une information un peu pointue, et le plaisir de lire un journalisme, devenu aujourd'hui souvent inénarrable. En supplément, les éditions Symétrie ont eu la bonne idée de compléter l'édition imprimée, par une banque de données en ligne.

Une des questions qui restent en suspend, est celle de la virginité documentaire, pour des textes qui ne l'ont pas été. Le lecteur qui a souvent des documents anciens en mains se pose aussi la question du document lui-même, et quand il s'agit d'un journal, ce sont toutes les informations d'un moment qu'il a sous les yeux, et cela est important pour donner sens à ce qu'il y lit. L'historien ne doit pas se contenter de mettre au propre, de ce que tel personnage à écrit, il doit rendre compte de l'opération qu'est cette écriture même, ce qu'elle ne raconte pas.

Cette incroyable compilation, ne fait pas histoire, elle fait somme documentaire. Mongrédien fait le vœu que d'autres continuent ce qu'il a magistralement réalisé pour trente années, pour compléter l'histoire. Peut-être, que faire l'histoire, serait maintenant de retourner aux originaux, pour y chercher le contexte des articles hors sujet, mais indispensables pour donner sens à une histoire, qui est tout ce qu'on veut, mais certainement pas neutre.

Jean-Marc Warszawski
29 septembre 2008

Répartition des volumes

Volume I : Introduction, tables et index ( 352 pages)
Volume II : 1801 à 1808 ( 656 pages)
Volume III : 1809 à 1816 ( 800 pages)
Volume IV : 1817 à 1821 ( 768 pages)
Volume V : 1822 à 1824 ( 752 pages)
Volume VI : 1825 à 1826 ( 768 pages)
Volume VII :  1827 à 1828 ( 6220 pages)
Volume VIII : 1829 à 1831 ( 616 pages)


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