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Par Maurice MONDENGO Iyoka B.

Université protestante au Congo, Faculté de Théologie, B.P. 4745, Kinshasa II

Pour une hymnologie protestante congolaise efficiente. Lecture de l'hymnographie de  Noé Diawaku

 

Table des matières 

Chapitre III.Hymnographie de noé diawaku

 

D'aucuns savent que l'objet matériel de l'hymnologie est l'hymne. Tout tourne autour de l'hymne ou mieux des hymnes. Car, « inséré dans  des contextes divers, l'hymne présente des formes plus ou moins développées : simples formules d'adoration, de salutation ou composition liturgique élaborée » 83.  L'hymne, depuis les temps immémoriaux, est présent et « tient sans doute une place importante dans les cérémonies cultuelles, chanté par le principal officiant et soutenu par des choeurs » 84. Mais aussi, depuis toujours, on sait que quand on chante un hymne ou, une hymne, collectivement ou individuellement, (car celui-ci  accompagne toujours les humains dans leurs vies de chaque jour) ce n'est pas seulement la mélodie que l'on chante, mais c'est aussi et surtout le texte qui traduit l'idée, le thème, le contenu (...) de ce qui se chante. C'est ici qu'on entre dans le monde de la composition poétique relevant certains aspects de vie ou/et de l'expérience religieuse longtemps demeurée secrète dans le chef de l'hymnographe. Ainsi, à travers les textes, rangés en strophes rythmiques avec ou sans refrain, l'hymnographe communique avec lui-même et avec les autres. Dans sa communication, il libère un message toujours nouveau pour ses contemporains et pour les générations à venir fut-il l'expression d'une vie religieuse profonde ou non. On comprend dès lors que le travail qu'élabore l'hymnographe dans ses compositions mélodiques et textuelles est ce qu'on déverse dans le domaine de l'hymnographie qui est l'épine dorsale de l'hymnologie.

Comme, nous l'avons noté  précédemment, l'objet de cette étude est de redorer  le blason terni de l'hymnologie  protestante congolaise. Comment ? Par  l'initiation aux hymnes d'Église afin de sortir l'hymnologie protestante congolaise de l'emprise de chants populaires chrétiens qui souvent font fonction de « chanter pour chanter » dans nos cultes. C'est  la question du texte de chant et de son contenu que nous continuons à soulever ici.

Pour y parvenir, nous avons d'abord dû jeter un regard sur l'hymnologie protestante en général et  voir en quoi elle est dite congolaise en particulier. Nous nous proposons maintenant, par le paradigme Noé Diawaku et son hymnographie, de définir le sens à donner au chant liturgique aujourd'hui dans l'Église en crise, et ceci en considérant sa contribution particulière au contenu de l'hymnologie protestante congolaise.

Ainsi, dans ce chapitre, nous parlerons tour à tour de la quiddité de l'hymnologie de Diawaku, de ce qu'on peut dire de son répertoire, de l'hymnographie choisie, de l'histoire des hymnes, et enfin de l'analyse situationnelle des hymnes choisis. Ces cinq points constituent l'ossature de ce troisième chapitre consacré à l'hymnographie de Diawaku.

3.1 De la quiddité de l'hymnographie de Diawaku

C'est ordinairement par les termes de l'hymnographie de Diawaku que l'on peut désigner les écrits hymniques de ce compositeur. Il s'agit ici de Diawaku, connu au travers de ses hymnes : sa façon de voir et de mener la vie chrétienne, sa conception, son éthique protestante baptiste et sa liberté de créer des mélodies mais surtout le charisme de forger de textes pour les hymnes d'Église. L'hymnographie de Diawaku est caractérisée par l'ensemble des écrits de méditation, d'adoration, de louanges à Dieu, de prière, d'appel, de confiance et d'espérance chrétienne, de combats et victoires, d'épreuves et consolations (...) permettant aux chrétiennes et chrétiens de trouver une voie de dialogue avec le Dieu de Jésus-Christ et à la fois de pénétrer au noyau même de l'Evangile dans une  heure existentielle donnée par le chant.

Elle constitue une œuvre particulièrement importante. Car, même si nous ne savons  pas dire exactement quand Diawaku a pu écrire ses tous premiers hymnes nous pouvons néanmoins dire que c'est entre (peu avant) 1950 et début 1990, l'année qui a précédé sa disparition, que nous pouvons situer la période que Diawaku a commencé ce labeur hymnographique. De façon générale, si bien que l'hymnographie de Diawaku couvrirait une quarantaine d'année, son succès durable n'a cessé de marquer le protestantisme congolais dans le domaine particulier de l'hymnologie. Il est vrai qu'il n'était pas le premier ni le seul à hymnographier. Car les différentes éditions de recueils de cantiques protestants au Congo, spécialement celles de « Nkunga mia kintwadi » parues entre 1940 et 1975, prouvent à suffisance que les oubliés tels que : Lucien Fwasi, A.E. Disengomoka, R. Malutama, M. Nekaka, N.J. Mayemba, N.E. Wamba, M. Diakenga (...) qui pour la plupart ne sont plus, n'ont pas été que des simples traducteurs dans l'ensemble mais également des hymnographes- compositeurs au côté de Noé Diawaku.

Il est avantageux pour nous dans cette étude de porter une précision par rapport à la quiddité hymnographique de Diawaku. Il faut dire que nous considérons comme hymnographie de Diawaku, non seulement ses propres compositions hymnographiques, (langage authentique  de sa foi personnelle s'exprimant dans le langage de sa culture et demeurant du domaine de la spontanéité et de la coïncidence des événements de la vie) , mais aussi les traductions faites de cantiques tirés des hymnaires du protestantisme occidental (Europe, Amérique) où éclate la grande liberté d'expression.

3.2 Ce qu'on peut dire de son répertoire hymnographique

Le répertoire hymnographique de Diawaku est aussi grand que sa personne. Eparpillé à travers le pays et en dehors du pays, écrit en Lingala, en français et surtout en Kikongo, ce répertoire qui en principe devrait contenir les hymnes écrits depuis les années 1950 jusqu'aux années 1990 nous pose  un grand problème de collection.  L'honnêteté nous oblige d'avouer que le répertoire que nous présentons dans les lignes qui suivent n'est pas exhaustif.  Il était question dans ce point de dresser un répertoire à base des partitions volantes et recueils que nous avons dans le monde du chant liturgique et choral portant les écrits comme « musique et paroles de Noé Diawaku  » ou « paroles de Noé Diawaku » , tout court. Mais faute de mieux, nous en avons recensé qui, à notre humble avis, sont disponibles et mis à notre portée par les enfants et les amis de l'auteur.

Notre intérêt, en voulant dire un mot sur le répertoire de Diawaku, se manifeste à deux volets :

1. Chercher à approfondir notre propre connaissance des hymnes de l'auteur, afin d'en informer adéquatement  par cette étude, celles et ceux qui s'intéresseront à étudier l'hymnographie protestante congolaise.

2. Conscient de la disparition éventuelle de ces hymnes non conservés ni publiés en un hymnaire, nous avons pensé  présenter ces titres que nous avons recensés pour les générations à venir.

Ainsi, l'essentiel du répertoire disponible de Diawaku peut contenir les titres des hymnes qui suivent :

  1. Lumbu biabionso, fuku evo mwini * 85 (Tous les jours nuit et jour)
  2. Nkembo kwa ngeye Nzambi, se * 85 (Gloire à toi Dieu le Père)
  3. Nzambi, dieto se, I Nge wazola nza * 85  (Dieu notre Père, toi qui as aimé le monde)
  4. E Mfumu Yesu, Ntanini * 85 (O  Seigneur Jésus le protecteur)
  5. Ntemo a nza i Yesu * 85 (La lumière du monde c'est Jésus)
  6. Wiza kwa  mvuluzi * 85 (Viens au Sauveur)
  7. Lumbu bu kimeni, fuku dieti bwa (Le jour décline, la nuit vient)
  8. O Yesu, Mfumu eto * 85 (O  Jésus notre Seigneur)
  9. Mvuluzi eto toma kutuwa * 85 (Notre Sauveur écoutes-nous)
  10. Utusungika, e tata (1952) (Conduis-nous  O Père)
  11. Tutonda se (Louons le Père)
  12. Nzil'a zulu (+ 1955) (Le chemin du ciel)
  13. Yesu wa nunga (+ 1960) (Jésus a vaincu)
  14. Matondo meto kwa dise (+ 1965) (Actions de grâce à Dieu le Père)
  15. Salu kiena mu mpatu a se (Il y a du travail dans le champ du Père)
  16. Ziula ntima (Ouvres  le cœur)
  17. Nzambi sadisa babo (Dieu aide tout le monde)
  18. Mwana wa meme wakondwa bila (Fév. 1968) (L'agneau est parti sans qu'on le suive)
  19. Kiazayamiko (Je ne savais pas)
  20. Yesu I Mbombi (Jésus est le consolateur)
  21. E Mfumu nki yavanga (O  Seigneur qui nous créas)
  22. Luyangalala (Réjouissez-vous)
  23. Do lwiza kwa se (Venez au Père)
  24. Vo zolele Yesu, wiza (Si tu aimes Jésus, viens)
  25. Sola nzila (1er Mars 1980) (Choisis le chemin)
  26. Gloire à Dieu (25 Juin 1980)
  27. Lundumuka kwa se (14 Août 1980)
  28. Je l'ai trouvé (28 Septembre 1980)
  29. Zola kwantete kaluyambudiko (Décembre 1980) (Le premier amour ne l'abandonne pas)
  30. Mpangi ami ( Mon frère)
  31. Merci Seigneur
  32. Gloria, nkembo muka ye (26 Septembre 1981) (Gloire dans les lieux très hauts)
  33. La parole de ce jour (3 Octobre 1981)
  34. L'Eternel est ma lumière (Juillet 1982)
  35. O mon Jésus (2 août 1982)
  36. Nzeyi dio vo Nzambi ami unzolele(22 Août 1982) (Je sais bien que mon Dieu m'aime)
  37. Alléluia, alléluia (Décembre 1983).
  38. Oui, je sais (septembre 1984)
  39. Mbasi ya samuna (Décembre 1984) (L'ange avait dit)
  40. Sois fidèle (21 Juillet 1985)
  41. Noël noël mobikisi abotami (Octobre 1986) (Noël noël le Sauveur est né)
  42. Kua Nzambi finama (11 Décembre 1987) (Près de Dieu approchez)
  43. Soldat du seigneur (11 Janvier 1988)
  44. Oh ! Afrique  (Janvier 1988)
  45. Mon Dieu pardon (14 Octobre 1988)
  46. Chantons notre Roi (Juillet 1989).

Ces 46 titres de l'hymnographie liturgique rassemblée de Noé Diawaku sont le contenu de son répertoire disponible. Ces titres, croyons-nous, ne représentent pas l'ensemble des œuvres hymnographiques. Nous pouvons affirmer, sans crainte d'être contredit, que  même si Diawaku  n'a pas laissé beaucoup des chants liturgiques de sa propre musique (et paroles), 46 titres pour celui qui aimait, qui travaillait, qui se réveillait, et qui en marchant, s'arrêtait pour écrire la musique même  sous l'inspiration de chants d'oiseaux, ne sont pas grand chose. Nous croyons que nombre de ses hymnes sont enfouis quelque part et plus tard nous découvrirons  ses traces non répertoriées.

Il est aussi avantageux de signifier que par rapport à l'indication des années où Diawaku s'était mis à hymnographier, bien qu'il existe des hymnes non datés, la période entre des années 1975 et 1980 ne nous fournit pas assez d'informations hymnographiques. Tandis que les années 1980 à 1989, montre que Diawaku a toujours été présent par ses hymnes dans les célébrations diverses de l'Église protestante congolaise. C'est à cette  année 1989 qu'il semble entrer vers dans l'entreprise hymnographique.

Aussi, relevons-nous avant de mettre un point à ce thème qui a porté sur le répertoire de Diawaku, que cette hymnographie est riche en thèmes. Environs dix titres portent sur la prière individuelle et collective. Dans ces hymnes, Diawaku prie Dieu et offre un moment d'intimité entre celle et celui qui chante et Dieu avec de mots très profonds et très bien choisis sur l'inspiration de la grâce. On peut aussi retenir que dix titres  portent sur la louange à Dieu avec piété du cœur. L'auteur pense grand, il choisit les mots pour louer un Dieu très haut. Il semble être poussé par la passion de magnificence. Il veut agir. Il veut faire agir les mots dans les lignes mélodiques. Il veut faire descendre Dieu dans l'assemblée en prière. Il incite le peuple de Dieu à  la louange à Dieu, dans sa grandeur, dans sa bonté inépuisable... Car il est digne de louange. Il ne suffit même pas de chanter mais de lire silencieusement ou à haute voix ses hymnes de louange pour se rendre compte de la grandeur de son âme et de la soif de s'approcher de Dieu qui l'habitait.

Dix autres par contre  portent sur l'appel. Diawaku se présente ici dans son hymnographie comme celui qui appelle le peuple de Dieu à se rassembler près de Dieu. Il est entrain de prêcher et d'exhorter les femmes et les hommes à venir, à choisir Jésus-Christ. Car il  n'y a de salut qu'en lui. Il insiste avec de mots comme

« Viens au Sauveur » , « Si tu aimes Jésus, viens » , « Venez auprès du Père » , « Ouvres ton cœur » (...). On sait dire qu'il n'est pas  seulement hymnographe et chanteur, mais aussi et à la fois prédicateur qui par la voie hymnique, tient à obéir à l'ordre du Christ « d'aller (partout) faire de toutes les nations des disciples » .

Enfin les seize titres qui restent de ce répertoire traitent de thèmes divers. L'auteur écrit tantôt pour rappeler aux chrétiens de vivre l'amour du Christ, tantôt il écrit sur son expérience personnelle avec Jésus qui un jour l'a arraché de la mort. Tantôt il aborde le thème des actions de grâce à Dieu, tantôt il exalte la  gloire de Jésus qui a vaincu la mort. Tantôt il confesse sa foi et sa confiance en l'Eternel, tantôt il chante Noël et répète le message des anges. Tantôt il appelle à l'ordre les soldats du Seigneur à la fidélité, tantôt il rassure l'Afrique que Dieu prend toujours soin d'elle.

Voilà ce que nous pouvons  dire du contenu du répertoire hymnographique de Noé Diawaku. Au bout de l'énumération des titres et de la catégorisation de thèmes traités par l'auteur, de manière succincte, nous pouvons maintenant aborder le point  qui porte sur l'hymnographie choisie.  Nous prenons en compte quelques hymnes pour cette étude considérant le temps imparti.

3.3 Hymnographie choisie

Nous tirons de répertoire hymnographique de Diawaku un nombre réduit de titres que nous présentons sous forme d'anthologie des hymnes qui l'immortalisent d'une part et qui offrent, en effet, à notre étude, une moisson abondante et instructive, d'autre part. Dans un travail comme celui-ci, il ne pouvait être question de rassembler en vue d'un hymnaire tous les hymnes de Diawaku. Notre rêve s'est voulu modeste. Il a été celui d'entrer dans l'univers de Diawaku au travers de quelques -uns de ses hymnes pour qu'en nous appuyant sur le texte, la mélodie et surtout l'histoire nous puissions relever son style de pensée, son mode d'être ou d'agir, bref son Weltanschauung  propre. Pour ce faire, un échantillon réduit de 17 hymnes a retenu notre attention et nous en donnons le contenu que voici : Les hymnes écrits en Kikongo, langue maternelle de l'auteur, sont plus ou moins littéralement traduits en français. Ceci  par souci de la fidélité à l'idée exprimée par l'auteur. Ainsi, dans les lignes qui suivent, nous allons entrer dans la poésie qui, avec la musique fait l'hymnographie de Diawaku. Voici la liste  des hymnes reprises dans cette étude.

Traduction

Conduis-nous droit, O père
Sur ton chemin
Laisses ton esprit
Pour nous guider
Viens et reste avec nous
Fortifies  le cœur
C'est toi seul le Seigneur de la vie
Dieu, aides-nous.

Gardes-nous, père
Dieu, gardes-nous
Gardes-nous, père
Jusqu'à la fin de temps
Beaucoup d'angoisses dans ce monde
La crainte et les ennemis aussi
mais que ferons-nous
Pour  te suivre vraiment?
Enlèves tout cela
Purifies le cœur
C'est toi seul le seigneur  de la vie
Dieu, aides-nous.

Donnes-nous l'amour, la joie
Le pardon et tout
Fortifies nos coeurs
Enlèves le mal
Que faire O père
C'est toi seul le seigneur de la vie
Dieu, aides-nous

Traduction

Rendons grâce à notre père
Le bien-aimé qui nous aime sur la terre
C'est lui qui nous donne grâce
Vie et tout consort
Il est avec nous
Il nous à donné des bénédictions
Louons-le, glorifions-le
Chantons-le tous

(Nous) rendons grâce à notre père
Lui qui nous pardonne et qui nous donne la paix
Même si le corps souffre
Et que la foi se meurt
Avec joie notre père dit :
« Je vous donnerai du repos » .

(Nous) rendons grâce  à notre père
Lui qui nous donne la  vie éternelle
Aimant le monde
Il donna son fils
Quiconque croira en lui
Ne se perdra pas
Louons-le tous ensemble
Car il nous a sauvé.

(Nous) rendons grâce à notre père
Tels que nous sommes , Louons-le
Notre joie d'aujourd'hui vient de lui
Qu'est-ce que nous lui rendrons
Pour tout ce qu'il nous a donné
Offrons-nous à lui
Et suivons-le pour toujours.

Traduction

Si tes larmes coulent à cause
de la tristesse
viens, viens vite à Jésus
Le consolateur de tout le monde
Il a dit : « Venez vous qui avez
des fardeaux; venez
vous tous que je vous donne du repos » .

Quand Pierre s'était noyé
il n'espérait qu'en Jésus seul
il avait crié : « Seigneur sauve-moi »
Quand Marie pleurait son frère
Son cœur était affligé
mais le Seigneur Jésus l'avait réconforté

Tous nos tourments
laissons-les à Jésus
Lui est à les porter pour nous aider.

 

Traduction

O joie ici sur la terre
et gloire dans les cieux.
Oh ! Jésus le Sauveur
est ressuscité.

De sa résurrection
du séjour des morts
il nous sauva du péché
Jésus est vivant
il a vaincu, il a vaincu
il a vaincu

Je n'aurai plus peur
En Jésus, j'ai vu le chemin
Au moment de la mort
O Seigneur donnes-moi la vie

La mort du Sauveur
C'est un salut pour nous
Je sais moi-même
qu'en Jésus j'ai la vie.

Traduction

C'est toi que j'aime
Jésus sauveur
Il n'y a pas un
qui soit comparable à toi

En toi, j'ai mis mon espérance
O Jésus Seigneur de la vie
Donnes  moi ton Esprit
pour que à  toi, j'arrive.

C'est toi que j'aime
Et je sais bien que
tout mon repos
c'est de toi que je l'ai.

C'est toi que j'aime
Oh ! Jésus mon protecteur
Je ne choisis pas le chemin
Si tu n'es pas là.

C'est toi que j'aime
Oh ! toi mon Sauveur
Dans ton amour aussi
apprends-le moi.
Amen.

Traduction

Le premier amour,
n'abandonne pas
Le  lieu  de la joie dans ce monde ici-bas
Si les ténèbres dans lesquelles vous avez marché
Le premier amour
n'abandonne pas

l'amour  est patient
C'est plein de bonté
toujours
En le cherchant vous vaincrez en tout
Ne gâchez pas l'amour

l'amour n'est pas  envieux
Il ne se vante pas non plus
En le cherchant vous vaincrez en tout
Ne gâchez pas l'amour.

l'amour  ne s'enfle pas d'orgueil
Il ne fait point de mal
En le  cherchant
Vous vaincrez en tout
Ne gâchez pas l'amour

l'amour n'est pas rancunier
Il pardonne toute chose
En le cherchant
Vous vaincrez en tout
Ne gâchez  pas l'amour.

Jésus nous demande
d'aimer Dieu
et nos prochains
En le cherchant
Vous  vaincrez en tout
Ne gâchez pas  l'amour.

Kinshasa,1er mars 1980

Traduction

Choisis, choisis le chemin du salut
(et) tu entreras dans la maison du Père
choisis
Choisis, choisis le chemin du salut
(et) tu entreras dans la maison du Père.

Papa choisis le chemin du Seigneur
Papa choisis le chemin du Seigneur
Papa
Choisis le chemin du Seigneur
O ! Choisis le chemin du Père.

Maman choisis le chemin du Seigneur
Maman choisis le chemin du Seigneur
Maman
Choisis le chemin du Seigneur
O ! Choisis le chemin du Père.

Frère choisis le chemin du Seigneur
Frère choisis le chemin du Seigneur
Frère
Choisis le chemin du Seigneur
O ! Choisis le chemin du Père.

Sœur choisis le chemin du Seigneur
Sœur choisis le chemin du Seigneur
Sœur
Choisis le chemin du Seigneur
O ! Choisis le chemin du Père

Ami (e) choisis le chemin du Seigneur
Ami (e) choisis le chemin du Seigneur
Ami (e)
Choisis le chemin du Seigneur
O ! Choisis le chemin du Père.

Traduction

Je sais que mon Dieu m'aime
Je le sais, je le sais
Je le sais, je le sais
Je le sais, je le sais
Je le sais, je le sais
Je sais que mon Dieu
m'aime

O Je le sais, je le sais
Je le sais, je le sais
Je le sais, je le sais
Je le sais, je le sais
Je le sais
Je sais que mon Dieu m'aime

Ce corps souffre beaucoup
à tout moment
Dans ce monde Dieu m'aime
où fuirai-je
pour que j'aie le salut en tout
Dieu m'aime
Oui, je le sais.

Si je marche dans la vallée
de l'ombre de la mort
Dieu m'aime
Mon âme n'aura même pas
la moindre peur
Dieu m'aime
Oui, je le sais

Je remercie le Seigneur
Quand je marche ensemble avec Lui
Dieu m'aime
Mes ennemis n'auront plus
aucun pouvoir
Dieu m'aime
Oui, je le sais

Mon espérance est que je suive
Christ tous mes jours sur terre
Dieu m'aime
Alléluia, ici j'ai vu
La gloire du Sauveur du monde
Dieu m'aime
Oui, je le sais.

Nous venons de parcourir l'hymnographie de Diawaku. Cette hymnographie n'est qu'une partie de l'héritage qu'il nous a légué. Le trésor de son hymnographie contient nombre des hymnes oubliés dont la plupart ne seraient encore utiles  à nos jours dans nos cultes. Mais, on peut se pose une question : parmi ceux qui se chantent encore aujourd'hui combien figurent dans un recueil ou dans les répertoires de chorales ? Nous pouvons affirmer que nos richesses sont encore très mal connues ou simplement méconnues; il y a encore un grand nombre des fidèles qui ont oublié Diawaku ou simplement ne le connaissent pas.  Alors que son hymnographie rendue dans des textes en poésie et en prose, mise en musique, traduit l'effort d'un homme qui, hier comme aujourd'hui, veut communiquer le contenu de l'Evangile du Christ par les paroles compréhensibles. Dans ses compositions, les mélodies sentimentales et le texte se rencontrent pour la beauté du culte aussi bien collectif qu'individuel.

De l'hymnographie choisie de Diawaku, il ressort un enseignement, l'enseignement de l'hymnographie. Cet enseignement réside en la richesse de textes liturgiques composés qui, loin de s'adresser uniquement à la raison, parlent aussi directement et ouvertement au cœur de l'homme. L'homme est nourri de cette hymnographie pour vivre sa foi.  L'homme est illuminé par cette hymnographie quand il fait minuit dans sa vie : il y retrouve la joie, la paix, l'espoir, la consolation dont il a besoin. Et comme la musique exerce sur lui une influence très grande, tant sur son esprit que sur son corps, la beauté du texte l'appelle à élever la voix pour louer Dieu.

En plus de l'enseignement de l'hymnographie choisie de Diawaku, il nous paraît indispensable de faire, à l'instar de Dom M. Gimenez (qui a fait une étude remarquable sur le chant liturgique byzantino-slave) 86,  une brève présentation de cette hymnographie liturgique en vue de dégager son caractère, son historique et sa pratique.

1. De son caractère, une description de l'hymnographie liturgique basée sur l'essentiel de ce qu'on peut retenir nous inspire ces quelques observations :

— L'hymnographie liturgique choisie de Diawaku traduit en elle-même sa vie et surtout l'expérience religieuse 87 personnelle qu'il a faite avec Dieu dans sa vie. « Par opposition à ce qui, dans les religions est vécu d'une façon purement formaliste ou compris de l'extérieur, ou analysé de façon purement rationnelle, l'expérience religieuse » que fait Diawaku ici est le fait « immédiatement perçu, vécu intérieurement avant toute analyse et toute, formulation rationnelle. C'est la réponse vécue de l'homme concret qui se trouve (...) en face d'un mystère ou d'une puissance mystérieuse » 88. Mais, il est un fait à relever. Si nous faisons nôtre la pensée Heideggérienne de coexistence ( mitdasein), nous dirons que le monde auquel Diawaku se trouve est toujours celui qu'il partage avec d'autres, parce que l' être-au-monde est un être-au-monde-avec. Le monde de «  dasein » est un monde commun où il est appelé à coexister. Il le fait dans l'esprit de «  mitsein » - «  être-avec-autrui » 89 dans la quotidienneté de la vie. Cela étant, l'expérience religieuse qu'il  nous communique dans son hymnographie ne peut lui être exclusive même si elle lui est personnelle.

Car dans une certaine mesure, et comme l'écrit Michel Delahoutre,

 — Au coeur de l'hymnographie liturgique de Diawaku se trouve établi un dialogue constructif, à la fois, entre la composition hymnique et la composition mélodique d'une part et entre le texte et l'hymne même d'autre part; en ce sens qu'on assiste à une cohérence spirituelle de cette hymnographie qui se fonde sur l'omniprésence des Ecritures Saintes dans sa composition et débouchant ainsi à l'action liturgique.

 — La spiritualité de cette hymnographie liturgique est liée à la vie spirituelle de l'auteur et de son peuple. Nous savons que la spiritualité d'un peuple, pour la définir, n'a des simplicités qu'apparentes. Car, rien qu'à la considérer globalement, nous nous rendons compte de sa complexité. Comme l'écrit Octave Ugirashebuja,

Considérant le texte des hymnes de Diawaku, nous pouvons ressortir entre les lignes, les émotions, la pensée religieuse profonde qui est l'héritage de la chrétienté. La culture dont la sphère de pensée est Kongo lui permet ainsi par la cohérence du langage, à accéder à une pensée conceptuelle et à la créativité artistique dans ses compositions hymniques en  vue de traduire la vision et le contenu de sa foi en Dieu de Jésus-Christ  mais à la fois, la foi de son peuple. La spiritualité de cette hymnographie est l'ensemble des valeurs de son âme qui est africaine, congolaise, Kongo et par dessus tout chrétienne, car si la spiritualité est ici culture, la foi chrétienne n'en est pas une. Mais elle est le ferment de toutes les cultures. Elle touche et transforme la culture africaine, congolaise et Kongo sans altérer l'éternelle nouvelle histoire et message de Jésus-Christ par rapport aux racines de cultures. 92 

Enfin, un caractère particulièrement important est à relever : cette hymnographie est rangée dans la catégorie de l'hymnologie africaine d'inspiration judéo-chrétienne. Car elle est écrite pour qu'elle soit chantée en Afrique d'abord partant du Congo. Elle n'est pas européenne ni américaine, ni afro-américaine (...). Elle reste africaine et elle parle de la foi judéo-chrétienne vécue par nous.

2. De son historique, l'hymnographie liturgique de Diawaku se forme déjà un peu avant les années 1950 et s'arrête avant sa disparition. La mort met fin à cette entreprise, mais sans emporter l'héritage. Les sources de cette hymnographie sont occidentales quant à la théorie musicale et au principe de la composition hymnique voire l'isométrie strophique ou l'hétérométrie où les strophes s'ordonnent en groupe de vers, en nombre déterminé, avec un rythme propre qui forme un tout complet pour le sens et pour l'harmonie. 93

A l'instar de l'hymnologie et les hymnographies occidentales de tradition protestantes, l'hymnographie liturgique de Diawaku connaît la disposition harmonique de chant à 4 voix, note contre note et doit beaucoup à la poésie biblique. Et il faut dire que cette hymnographie dans ses débuts est liée à la traduction ou mieux à l'adaptation musicale des hymnes occidentaux. Ces hymnes traduits dans une rigueur de la fidélité et de la philologie et diverses dans les veines d'inspiration locale Kongo ont fait que le succès y soit présent, polyphonie aidant au milieu du peuple de Dieu rassemblée dans les Églises qui utilisaient le recueil « Nkunga mia Kintwadi » , un peuple qui naturellement est un peuple qui a le chant dans le sang et le rythme dans le muscle, comme le dit Senghor pour soutenir l'importance de la musique en Afrique. 94

La quête de la diversité des thèmes et genres hymniques est permanente dans le chef de l'auteur. Cette réalité permet d'offrir au culte des grandes célébrations hymniques où la solennité du moment liturgique impose un grand choeur - d'un peuple chantant ensemble à la fois et dans le rapprochement des coeurs des hommes et des femmes en prière.

3. De sa pratique, l'Église en prière peut trouver en cette hymnographie liturgique, poésie chantée, un matériau de textes appropriés pour tel ou tel moment liturgique. Et cette poésie chantée ne peut s'exécuter que dans un cadre liturgique donné. L'appréciation de textes doit en tenir compte en plus des aspects musicaux.

La pratique de l'hymnographie de Diawaku connaît, jusqu'à ce jour, un succès dans les coeurs de celles et ceux qui la chantent. Il faut avouer que les textes et la vie de l'auteur constituent l'exemple à suivre de par son vécu sur cette terre. Nous convions l'Église et les fidèles protestants du Congo de s'en inspirer toujours individuellement aussi bien que collectivement. Car Diawaku offre dans son hymnographie des opportunités pour que la femme ou l'homme qui prie soit à même d'élever l'esprit en le pacifiant, pour entrer, par la contemplation en contact avec l'Autre 95. N'est-ce pas qu'elle répond à des exigences de la vie chrétienne et ne vise pas seulement à exprimer le sentiment ou les émotions humaines fussent-elles profondes ? Cet élan de prière par la chanson est aussi l'invitation à la culture de paix pour ce monde marqué par des conflits divers.

3.3.1 La vie cachée des hymnes « diawakiens »

Nous voudrions, par ce point, très  heureusement souligner quelque chose d'importance capitale autour des hymnes. Les hymnes, les cantiques (...), sont des formes les plus anciennes de ce qu'on peut appeler poème religieux ou non ayant pour support la musique. Car ce poème est chanté. Mais c'est du domaine de la musique ou mieux de l'art qu'il est question ici. Or, nous savons que tout art est porteur d'une histoire et d'un message. L'expression artistique est aussi criante dans l'expérience religieuse. C'est ainsi qu'il est insupportable de penser qu'il existerait des formes de  vie religieuse dénouée de tout art. La musique est une science. Mais beaucoup plus un art. Roland de Candé soutenant cette affirmation, va plus loin quand il écrit :

La pensée qui peut sortir de cette citation est que la musique est liée à (la vie de) son créateur et aussi elle est toujours porteuse d'émotions neuves et des raisons d'apprendre. Car elle communique toujours une histoire, un message.

Depuis les temps bibliques, les hymnes, les chants, les cantiques ont toujours exprimé entre autres la personnalité et l'expérience religieuse (...) de leurs auteurs ou créateur. Qu'on se rende compte ou pas un message y est toujours accompagné d'une histoire, socle de l'œuvre. C'est ainsi que nous pouvons prendre, à titre illustratif, les expériences religieuses immortalisées de femmes et hommes bibliques ci-après pour nous permettre de cerner ce que nous voulons relever par rapport aux hymnes de Noé Diawaku; car avons-nous dit les hymnes ont leur vie cachée.

Dans Luc 1: 46, Marie s'écrie : « Mon âme exalte le Seigneur » . Ces simples mots combien profonds sont les fruits d'une expérience religieuse que Marie relate à Elisabeth. En effet c'est de la visitation l'ange Gabriel et du message de la naissance d'un fils à qui elle donnera le nom de Jésus qu'il s'agit ici. La liturgie romaine nomme ce cantique magnificat. L'expérience religieuse de Zacharie dans Luc 1: 68 le pousse à chanter en ces mots : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël de ce qu'il a visité et racheté son peuple (...). C'est le Benedictus Dominus Deus Israël.

André Verchaly 97 a fait un travail remarquable dans ce domaine et  de son travail nous pouvons compléter cette liste avec :

En plus de ceux-ci, ajoutons le cantique de Débora (Juges 5) où elle chante son hymne de victoire sur les ennemis de Dieu d'Israël, le cantique de David (2 Samuel 1), où il pleure Saül et Jonathan son ami, les Maccabées, les Psaumes (...) pour ne citer que ceux-là.

L'énumération que nous avons faite ici constitue pour nous les quelques entrées paradigmatiques soutenant l'idée selon laquelle derrière un chant, un cantique, un hymne qui est un message où l'homme (ou la femme) trouve la voie pour s'exprimer en parlant de lui-même, car, se trouvant dans plusieurs situations, ou parlant de l'autre voire de quelque chose ou à quelqu'un d'autre (...) il y a toujours une histoire cachée. Et, encore, l'histoire - socle de la composition - est toujours connue, si pas par un sphère réduit de gens, mais par l'auteur lui-même qui est le locuteur dans sa musique. Ainsi il est important, pour mieux aborder le sujet,  » d'analyser d'abord le statut de celle ou celui qui parle dans l'hymne (le locuteur). Qui est-il dans la locution ? Que dit-il et (ou) de quoi parle-t-il ? C'est le premier temps. Ensuite, chercher et trouver le statut du destinataire, de celles et ceux à qui ou de qui l'on parle dans l'hymne. Cette façon de procéder, que nous puisons dans les travaux de Tshonga Onyumbe quand il écrit sur « l'homme vu par l'homme dans la musique zaïroise moderne de 1960 à 1981 » 98  , est notre méthodologie pour arriver à approcher Diawaku et son hymnographie en vue de découvrir ses différentes figures de locuteur d'une part, et ses destinataires et les causes du message, d'autre part. En cela, nous arriverons à saisir, ne fût-ce que, quelque chose dans la vie cachée de l'hymnographie de Diawaku. Pourquoi pas de lui-même.

3.3.2 Les différentes figures locutrices de Diawaku

En tout état de cause, la question qui se soulève ici est celle de savoir (quel est) le statut de celui qui parle, le locuteur, dans cette hymnographie de Diawaku. Car dans une musique qui s'exprime, on le sait, rien ne se fait, au hasard. Dans son expression, elle traduit la pensée de son créateur qui parle de quelqu'un et de ce fait de quelque chose. Mais comme nous l'avons dit ci haut, l'auteur peut aussi parler à quelqu'un qui soit supérieur à lui pour l'implorer ou simplement  le louer.

De l'hymnographie retenue, il ressort un seul type de locuteurs : un homme ou une femme anonyme, avec différents statuts pour quatre types de destinataires. A savoir le chrétien universel non identifié, Dieu le Père, le Seigneur Jésus-Christ et l'Afrique.

3.3.2.1 Diawaku comme l'homme anonyme s'adressant à un chrétien universel

Dans l'anonymat, ce  locuteur comme dans un sermon, englobe tout homme sans que personne ne se sente particulièrement visé. Tshonga Onyumbe dit que dans ce cas « on a affaire, en quelque sorte, à un homme non identifié. Un homme qui est  tout le monde et personne à la fois » 99. C'est de l'homme ou de la femme en général qu'il s'agit. Dans ces hymnes, à l'instar des « Maskîl hébraïques » où coule l'instruction, l'hymnographie de Diawaku renferme des conseils, des exhortations, des appels, des témoignages (...) qui ont « valeur universelle dans le temps et dans l'espace » 100 dans la vie de tout chrétien.

Ici, l'auteur de l'hymnographie se présente avec la figure de locuteur anonyme dans nombre de ses hymnes pour encourager, exhorter (...) le chrétien en général et cela dans les situations diverses. Entrons maintenant dans le monde de ses hymnes.

Analyse du locuteur

Dans le sillage de ces hymnes, cependant, on découvre l'exhortation, l'appel, le témoignage que le locuteur fait à ce « tout chrétien » , l'homme et la femme chrétienne en général. La fondamentalité de l'exhortation que fait le locuteur anonyme, ici, trouve aussi sa source dans les langues bibliques. Exhorter de l'hébreu «  niham » qui se traduit par consoler,  trouve dans son équivalent grec «  parakaleô » le sens d'encourager. Dans les textes vétérotestamentaires, les discours prophétiques, sacerdotaux, et sapientiaux s'assignaient pour fin l'exhortation du peuple d'Israël à écouter Dieu et à rester lié à Dieu dans leur marche avec lui (Es 1, 16ss; Jr 4; Dt 4-11; Pv 1,9). 101

Diawaku qui  se présente en figure de locuteur anonyme dans cette hymnographie joue le rôle d'exhortateur au sens du parakaleô auprès de ce chrétien universel.  Il se fait son consolateur c'est-à-dire quelqu'un qui - par ses mots, son vécu, ses expériences religieuses diverses - vient l'aider, l'encourager, le sortir du désespoir, lui rappeler que Dieu le soutient et que Jésus-Christ est sa victoire devant ses ennemis. Il lui dit en ces termes :

Les différents sens du parakaleô sont aussi indiqués dans les écrits néotestamentaires. Car, dans l'ensemble avec ses trois principaux sens, parakalêo qui traduit :

1o l'idée d'inviter ou de prier quelqu'un de faire quelque chose comme dans Mc 6,56; 8, 22 où l'on suppliait Jésus de guérir les malades;

2o l'idée de conseiller, reprendre quelqu'un aimablement comme le fait Paul dans 2 Co 5, 20; Ph 4, 2; 1 Tim 5, 1 pour aider Evodie et Suntyche à vivre une vie chrétienne modèle en ayant et gardant le même sentiment dans le Seigneur, d'une part et montrer à Timothée comment travailler et réprimander les vieilles personnes dans l'Église, d'autre part.

3o l'idée de consoler, encourager comme nous l'avons dit ci-haut. C'est ce travail que fait Dieu : il nous console de toute affliction pour que nous puissions nous aussi consoler les autres en affliction. L'exhortation dans ses différents sens est une recommandation pour l'Église et surtout pour tous les chrétiens dans la quotidienneté de leur vie.  C'est pour cela Paul recommande à tous les chrétiens de s'exhorter mutuellement et de s'exhorter toujours. Et tous ces sens qui jaillissent en parakaleô nous font entrer profondément dans la compréhension du travail des apôtres qui ont longtemps, si pas toujours, fait de l'exhortation et de l'enseignement leur cheval de bataille dans l'œuvre de la mission parmi les nations où ils exhortaient les croyants à mener une vie de persévérance dans la vérité et à une conformité à l'enseignement pour que la vie chrétienne demeure une consécration à Dieu.

De là, on comprend que Diawaku, en locuteur anonyme, a joué et continue à jouer ce rôle d'exhortateur quand il s'adresse à un chrétien universel découragé dans le temps et dans l'espace, comme s'il lui disait :

Ou quand il le reprend aimablement et l'encourage à garder le premier amour et de ne jamais le gâcher. Car, l'amour, dit-il, est le lieu de la plénitude dans ce monde ici-bas. Il  le dit en ces termes :

Or en locuteur, il joue le rôle d'exhortateur - conseiller aussi quand il supplie son interlocuteur de choisir le chemin du salut qui n'est pas seulement en Jésus-Christ mais qui est Jésus-Christ lui-même. Car pour arriver au Père Eternel, c'est Jésus-Christ qui est le chemin comme l'Evangile le dit : « Nul ne vient au Père que par moi » . Il est donc le passage obligé pour rencontrer Dieu.  C'est pourquoi le locuteur l'exhorte :

L'histoire cachée veut que cette chanson soit dédiée à la consécration du pasteur Lusakueno qui longtemps était lié à Diawaku dans le domaine du chant liturgique. L'auteur a voulu, en quelque sorte, immortaliser cet événement pour que, d'une manière ou d'une autre, chaque fois que cet hymne sera chanté le destinataire principal puisse se rappeler de ses voeux envers l'Eternel . Mais aussi que le destinataire anonyme prenne, lui, la décision de recevoir Jésus le chemin du salut.

Cette hymnographie, en fait, exhorte l'interlocuteur pour qu'il sache que quand même les tribulations de ce monde le mettraient dans le collimateur de la persécution et de la souffrance; quand même son cœur serait troublé et que sa foi se mourrait à petit feu,  le Père de Jésus-Christ lui promet le repos par la paix du cœur que Jésus donne pour cette vie terrestre. Et même si ce repos ne lui serait accordé qu'avec la voie de la mort, Diawaku veut débarrasser de la vie du chrétien ,ce qu'on peut appeler, la peur de la mort quand il écrit :

Le locuteur veut dire que si Jésus vit à jamais, sa résurrection du séjour des morts est notre fondement de l'espérance pour notre vie à venir, mais bien plus notre victoire sur la mort. Car Jésus lui-même a vaincu la mort. De ce fait, plus question de craindre encore comme le chantait déjà G.F. Händel (Judas Maccabée, avril 2207) :

Et nous de dire, mêmes morts nous vivrons avec et comme lui, le ressuscité.

Dans 'Kiazayami  woko', le locuteur anonyme, exhorte dans le sens d'inviter le chrétien universel à suivre Jésus-Christ. Il fait cette exhortation par son propre témoignage où un Jésus dont il  doutait encore peut-être de son amour en action, est venu  miraculeusement l'arracher de la mort. Le locuteur veut nous rassurer que Jésus nous aime plus que quiconque. Et que même quand son silence régnerait à son comble alors que nous aimerions qu'il se manifeste, il prend soin de nous. Il est vrai, le silence de Dieu. C'est pour cela le roi David a dû réserver une place importante dans son hymnographie quand il soulève cette question en termes de « jusques à quand Eternel ? ... » . Ce Dieu qu'on attend  voir  agir dans notre vie pour que nous nous sentions aimés par lui est celui que Bonhoeffer a expérimenté dans sa vie quand il écrit : « Le Dieu qui est avec nous est le Dieu qui nous abandonne (...). Nous vivons en présence de Dieu, avec lui et sans lui » . Et Mushila Nyamankank, de qui nous tirons cette citation de Bonhoeffer, à l'instar de traître Hermes en quête de comprendre aussi bien et mieux les présupposés de Bonhoeffer écrit que ce Dieu (de Bonhoeffer) est « Le Dieu qui est à la fois présent et absent, souffrant, faible et fort » 102. Même dans son silence, il est là pour nous. Même quand nous le croyons absent, très loin... il arrive à temps et toujours à temps opportun pour nous tirer d'embuscade et nous prouver de son amour. L'amour est un autre nom qu'il porte.  C'est pourquoi, le locuteur exhorte par son témoignage :

«  Kiazayami woko  » est le témoignage vivant de l'amour de Dieu en Jésus-Christ, Dieu avec nous en tout temps. Le locuteur, en appelant le chrétien universel à suivre Jésus qui nous protège contre l'ennemi dans la nuit sombre de la vie, a lui-même expérimenté cette présence et amour permanents de Dieu. Il nous rassure que celui qui l'arracha entre les dents de la mort par son amour, alors que la mort l'attendait à bras ouvert, celui-là sait ce qui est bien pour nous, à la limite ce que c'est -aimer en profondeur. Comme le fait observer Oswald Chambers depuis plus d'un demi-siècle, dans son ouvrage « Tout pour qu'il règne » , quand il écrit par rapport à l'amour de Jésus qui coule de source :

Cette spontanéité en amour qui se recherche encore parmi les humains est une autre qualité exceptionnelle de Dieu. Dieu nous aime et nous aime vraiment. Diawaku a fait une expérience mystique avec lui. L'hymnographie de ce chant en dit tout.

Je ne le savais pas. Je ne savais pas que Jésus m'aimait. Mais le jour où il m'arracha de la mort, j'ai su vraiment qu'il m'aimait. Ce qui vient d'être dit dans les pages qui précèdent, montre que Diawaku, dans son hymnographie, s'est souvent présenté comme un exhortateur à sens différents dans le seul but d'amener le chrétien universel à une vie attachée à Jésus-Christ et à celui qui est devenu notre Père par lui, le Christ, dans le temps et dans l'espace.

Cependant il arrive que le locuteur, pour une raison profonde et personnelle, s'adresse, comme le fait remarquer Tshonga Onyumbe, à quelqu'un qu'il connaît bien. Dans ce cas, il s'adresse directement à lui comme s'ils étaient en train  de dialoguer. C'est à peu près, l'idée d'une face à face qu'on se fait ici. Le locuteur utilise, alors, pour ce cas le langage  de la prière d'adoration, de louange à Dieu voire celui de la bénédiction.

3.3.2.2  L'homme ou la femme anonyme s'adressant à un « connu »

Il nous sera facile dans ce point de prendre comme point de départ l'établissement de la différence entre ce type de locuteur et  premier abordé dans cette étude. En un sens, si le premier locuteur anonyme s'adressait à un « connu de l'inconnu » que nous avons appelé chrétien universel, où le locuteur s'adressait à lui, à tout le monde et à personne à la fois, celui de ce point appelé encore locuteur anonyme ne s'adresse pas à tout le monde et à personne à la fois. Il s'adresse à Dieu directement ou à quelque chose d'autre (cas de la chanson Oh! Afrique). Et cette catégorie qui est le summum de l'hymnographie de Diawaku. Il s'adresse à Dieu dans le chant selon que son Erkenntnisleitendes Interesse104 est poussé par le haut et le bas de la vie. Il trouve  les mots pour s'exprimer avec tout son for intérieur. Retenons quelque hymne en extrait dans cet ordre.

Que dire de ces locutions ? Après ce trop rapide survol des extraits de hymnes « diawakiens » nous constatons que le locuteur anonyme s'adresse à quelqu'un qu'il connaît bien, quelqu'un qu'il détermine par l'utilisation de son nom voire ses attributs pour désigner  son destinataire. Essayons maintenant, à travers le processus d'analyse, de reconstituer le statut du locuteur, même si nous ne chercherons pas  à analyser les locutions dans tous leurs détails, nous allons nous attarder sur quelques locutions où le locuteur nous donne des matières et de défis.

Analyse du locuteur

Dans l'analyse précédente, nous avons reconstitué le statut du locuteur anonyme, et fondamentalement nous lui avons collé le statut d'exhortateur dans tous les sens que revêt ce mot. Et cette reconstitution du statut s'est faite en pénétrant les locutions pour se faire une idée plus proche de l'auteur. C'est à dire que nous avons fait un effort de converger vers  le sitz im leben de l'auteur pour prétendre, par l'herméneutique, comprendre aussi bien et mieux ses locutions. Cependant, pour ce locuteur anonyme qui s'adresse à quelqu'un qu'il connaît bien, nous procéderons autrement : nous déterminerons le statut du locuteur par le leitmotiv de la locution. Mais avant d'en arriver  là, il est avantageux, et cela dans le souci de la clarté, de relever quelque chose d'importance générale dans cette catégorie. Nous disons d'emblée que les locutions qui seront traitées maintenant sont du type de prière d'une part et du type prophétique d'autre part. C'est à cause de la forme et du fond de la locution qui n'a de parallèle nulle part dans l'ensemble de l'hymnographie « diawakienne » que nous fondons notre argumentation. Nous pouvons dire que le sens à donner à la prière dans cette analyse est celui d' « entrer par la foi en la présence de notre Père céleste, lui ouvrir notre cœur, avoir un entretien intime avec lui » 105 comme le fait Jésus dans sa prière sacerdotale telle que  rapportée dans Jean 17: 1-26. Aussi, comme l'illustre Emile Brunner quand il écrit :

Après ce sens donné à la prière, abordons à présent le sens à donner à la locution prophétique.

A l'instar des écrits des prophètes bibliques qui nous font voir et dire qu'ils sont les porte-parole de Dieu d'Israël - car ils parlent de la part de Dieu aux hommes et femmes, leurs semblables - nous appelons locution prophétique le message où le locuteur, vivant dans une intimité constante avec Dieu, a été appelé par lui, dans des circonstances particulières, à communiquer une parole de condamnation ou de justification, une parole de promesse de paix, de prospérité, d'espoir, ou encore de malheur (...) sur un individu pris entre mille ou sur tout un peuple donné. Ce message peut lui être transmis par Dieu dans une vision voire par l'illumination de l'intelligence 107. Aussi, comme aux temps bibliques, nombre de ces messages dans leur contenu visent l'avenir et le devenir heureux ou malheureux selon qu'on y prend garde ou pas. Le locuteur prophétique juge le présent et prépare le lendemain pourvu qu'on y prenne garde. Dans son message, il peut traiter de tous les domaines  de la vie des hommes et des femmes; le social, le politique, le religieux (...) tout peut être évoqué.

Au terme de cette mise au point sur le sens à donner à la locution du typique prière et prophétie, nous pouvons maintenant passer à la reconstitution du statut du locuteur des hymnes.

Utusungika, e Tata

Dans cet hymne, Diawaku en locuteur anonyme s'adresse à quelqu'un qu'il connaît bien. Il appelle « Tata » , Père. Sa locution est une prière. Il sait que ce « Père » est le seul qui puisse le conduire et le conduire bien. Ce « Père » qui n'est autre que Dieu qui est différent de nos pères mortels, qui souvent nous regardent impuissants alors que nous avons besoin du secours; différent de nos pères mortels qui nous assistent impuissant devant la mort. Le mot « Père » dans cette locution n'est pas un titre de respect.  Mais le locuteur trouve en ce mot l'attribut du créateur de l'univers avec tout ce qui s'y trouve. Il le considère comme celui qui engendre et garde avec un amour excellent celles et ceux qui deviennent, par la nouvelle naissance, ses enfants spirituels, car nés de l'Esprit et non de la chair et ses convoitises (Rom 8: 15; Gal 4: 6...). Il est Père par rapport au Christ avec qui il établit un rapport  mystique et ineffable de paternité divine. Il est pour le locuteur, ce Père, celui pour qui le psalmiste Moïse appelle Seigneur quand il dit :

C'est à ce Père que le locuteur se confie pour son pèlerinage  sur la terre avant qu'il lui soit dit : « fils de l'homme, retournez !  » .

Quiconque connaît bien  Dieu comme Père peut prier en ces mots de Diawaku. Nous y reviendrons sur le sens à donner au Père dans une des prochaines locutions.

( « O mon Jésus » )

Dans ce chant, le locuteur vient à Jésus pour qu'il soit purifié. Il reconnaît en Jésus seul le pouvoir de le rendre pur. Car se reconnaissant lui-même dans sa nature pécheresse, il connaît bien Jésus et l'histoire de la puissance de son sang - qui rend pur les péchés les plus sombres. Et sa prière se termine par une promesse : celle d'aimer son Jésus à jamais. C'est un locuteur pécheur qui prie ici et tout pécheur peut prier avec lui en ces termes :

Cette hymnographie a une grande valeur liturgique. Son moment liturgique  est celui de la confession où le pécheur est appelé à reconnaître humblement son péché devant le Seigneur et demander pardon pour obtenir miséricorde.

L'analyse de la locution dans cette hymnographie d' « Alléluia, alléluia » nous révèle un tableau d'une vie qui d'un côté est agitée par l'angoisse, les  tourments, et aussi la violence de la mort; de l'autre côté la bienveillance et l'amour spontané d'un Jésus qui donne la paix à un cœur angoissé par les tourments de la vie et tout ce qui l'entoure; un Jésus qui assure la survie alors que pour le locuteur, la mort fait violence à sa vie afin que le prince et le roi d'anormal ait sa peau. Le locuteur qui parle ici est  en train de louer Jésus pour ce qu'il a fait et fait dans sa vie. La compréhension de cette locution nous amène  à tenter de ressortir le leitmotiv qui est dans cet hymne : la présence permanente de l'adversité vaincue par Jésus-Christ dans son cœur. N'est-ce pas qu'il dit :

O mon Jésus,
Je te suis soumis, Seigneur
Mon cœur angoissé
par les tourments
a connu ta paix, Seigneur.

Le locuteur parle de l'angoisse de son cœur. L'angoisse du cœur. «  Lebbi » ou «  Lebhabh » de l'Hébreu et  «  Kardia » du grec 109,  le cœur occupe une place très importante dans la Bible. Il y revient plusieurs fois non pour désigner l'organe ou l'appareil pompeur du sang qui circule dans les veines, mais pour désigner l'homme intérieur.

Le sens donné au cœur comme l'homme intérieur a fait couler beaucoup d'encres dans la littérature vétéro-testamentaire et néotestamentaire. La conception hébraïque qui concevait l'homme comme un tout avec la somme de ce qu'on peut appeler ses attributs physiques, intellectuels et psychologiques, plaçait le cœur au centre de contrôle de tout. C'est pour cela, selon cette conception, qui dit cœur, en termes modernes, dit caractère, personnalité, volonté, pensée, émotions (...) dans le sens profond de l'être. La conception néotestamentaire du cœur n'est pas éloignée de celle dite vétéro-testamentaire. En terme moderne, le sens néotestamentaire s'approche de la « personne » . Raison pour laquelle, certains exégètes et traducteurs préfèrent dire par rapport au grand commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, c'est-à-dire de toute ton âme et de toute ta pensée et de toute ta force » (Mc 12. 30) 110.  

De ces deux mondes bibliques, le cœur implique la dimension rationnelle (compréhension, pensées, intelligence, conscience); la dimension affective (désirs, amour, inquiétude, chagrin); la dimension volontaire (décision et engagement, résolution, intention) 111.

Quand notre locuteur parle du cœur angoissé par les tourments, nous comprenons dès lors que l'effet d'enchaînement est large dans sa vie. Il sait bien que de l'angoisse du cœur toutes les dimensions humaines peuvent être ébranlées. La présence permanente de l'adversité dans son cœur l'avait poussé à Jésus de Nazareth, le donneur de la paix du cœur. Car connaissant bien Jésus son destinataire, et sachant que Jésus accomplit toujours son œuvre dans le cœur pour le purifier, donner la paix, la joie et répandre l'amour (...), Diawaku, en lui se confia. Et, ayant expérimenté cette paix et l'assurance que Jésus donne et il se sent fortifié jusqu'à ne plus avoir peur de la mort qui fait violence à sa vie de façon aussi permanente qui soit, et  il dit :

Quiconque vivant avec la présence permanente de l'adversité provoquant en lui l'angoisse du  cœur, peut toujours frapper à la porte de Jésus-Christ et expérimenter son amour comme l'a fait Diawaku. Une fois bénéficiaire de cet amour de Jésus, il témoignera tout haut en retour, son amour envers Jésus-Christ, comme s'il avait eu un choix à faire entre mille. Cette déclaration d'amour sera comme celle qui ressort dans « I nge izolanga » , quand Diawaku dit :

Notre locuteur a choisi son amour. C'est Jésus le Sauveur. Et, il va plus loin jusqu'à déclarer qu'il n'y a pas un qui soit comme son Jésus. En lui, il a mis toute son espérance. Il sait bien que tout son repos vient de Jésus son Sauveur. C'est pour cela  il chante de tout son cœur et de toute son âme:

 Kwa ngeye nsidi vuvu
O Yesu Mfumu a moyo

Cette locution qui s'était déjà réservée une  page et un numéro dans le recueil « Nkunga mia kintwadi » (édition, novembre 1974), traduit la personne de Diawaku, par rapport à son amour pour Jésus-Christ, quand il a eu pour mots que cet  hymne lors du culte en guise de remerciement à Dieu à l'occasion du rétablissement de sa santé après une intervention chirurgicale à cœur ouvert suite à une angine de poitrine. Nous sommes là, le samedi 20 février 1988 à la paroisse de l'Église du Christ au Congo, Communauté Baptiste du Congo Ouest, ECC/CBCO, Kinshasa-Kintambo. 112 

Diawaku, locuteur anonyme dans cet hymne, s'adresse à Jésus le Seigneur de la vie. Il l'aime bien plus que tout, et ne voit que lui, source de son repos et le refuge de son espérance dans ce monde.

Il faut dire que l'hymnographie « diawakienne » dans la diversité de ses thèmes  n'a pas manqué de parler  de la souffrance humaine qui accompagne l'humain de la naissance à la mort.  Dans ce domaine, examinons la locution dans l'hymne « Nzeyi dio vo Nzambi ami » .

L'analyse de cette locution nous exige, pour une meilleure compréhension, d'entrer dans ce que C. Pantillon appelle « l'école de la souffrance » , comme nous le fait remarquer Masiala ma Solo, son ancien étudiant à l'Université de Genève dans son ouvrage portant sur le dialogue pastoral (1991). Et si nous nous efforçons de comprendre aussi bien et mieux les présupposés pantillonniens par rapport à « l'école de la souffrance » , vite nous nous rendons compte qu'il s'agit là de la maladie.  Masiala répétant la pensée de Pantillon nous dira  en ces mots :

Afficher complet, de cette pensée, nous dirons que la maladie bouleverse l'homme, dérange l'ordre de choses en lui. Et cela pas seulement en lui, mais encore dans tout son entourage. Le problème c'est celui de l'accueillir. Car l'accueillir et lui trouver un sens, écrit Masiala ma Solo, cela peut être une démarche d'espérance. Cette espérance est indispensable 114 car elle est comme « une expression de confiance dans le présent, ce présent qui contient en germe tous les futurs » 115. C'est de cette réalité que le locuteur soulève dans cet hymne de souffrance du corps malmené par la maladie mais aussi celui de l'espérance d'un homme qui sait que Dieu l'aime. Quand on se donne la peine de lire profondément cette locution, et si l'on comprend bien et mieux le locuteur, on réalise qu'il ne s'adresse ni à Dieu qu'il connaît bien, ni à personne mais à lui-même. Il s'adresse cette locution par rapport à sa situation de la maladie qui plus tard l'emportera. Il se parle pour forger son espérance et mieux s'assumer. Il se parle en se rappelant l'amour de Dieu envers lui dont il est lui-même témoin. Il dit ou mieux il se dit « Je le sais (...) je sais que mon Dieu m'aime » :

Diawaku, poussé par la maladie, se voit renvoyé à lui-même. « C'est un autre soi-même » 116 que la maladie révèle en lui. « Comme devant un miroir, son propre moi, sa fragilité et sa finitude s'y révèlent » 117. C'est ici le terrain de reniement et de remise en question. Il s'interroge sur sa vie. Faut-il chercher la cause de la maladie dans le péché ? Mais, on sait aussi que la maladie frappe même des  gens qui n'ont rien à se reprocher. Pour dire que toute maladie n'est pas nécessairement le résultat d'un péché personnel. La Bible dit que Job était intègre, droit, craignant Dieu, détournant son pied du mal... La maladie le frappa. Paul était malade. Une écharde lui rendait la vie difficile jusqu'à sa mort. Timothée souffrait très fréquemment de l'estomac... Lazare l'ami de Jésus était malade à en mourir. Les exemples peuvent s'ajouter pour soutenir cette façon  de lire la problématique très antique dans la vie des humains. Mais, chercher à cerner aussi cette problématique de la maladie n'est que vanité de vanité. La maladie nous prépare à mourir en ordre avec Dieu, de bien utiliser le temps. Elle offre le temps (difficile) de passer tout en revue, et de bien utiliser le temps. Elle nous rassure que la mort vient et vient certainement à nous. Elle nous fait marcher dans la vallée de l'ombre de la mort et nous fait voir la mort en face de nous. Pleine de force et  forte de son aiguillon que nul ne peut résister jusqu'au jour où nous l'interrogerons avec Paul : « O mort où est ton aiguillon ? » (1 Co 15, 55b). Diawaku vivait cette réalité. Et pour prendre courage, fondant son espérance sur l'amour de Dieu envers sa personne, il se console et assure sa propre psychothérapie en empruntant les mots chers au Roi David dans Psaumes 23 :

Vo idiatanga nkutu muna
ndimba a kini kia lufwa
mwela ami kawena
nkutu kani konso fiwonga ko.

Si je marche dans la vallée
de l'ombre de la mort
mon âme n'aura pas
la moindre peur.

Le locuteur sait que Dieu l'aime et peut garder sa vie sauve. C'est pour lui une assurance fondamentale. Quand il dit Dieu m'aime, il sait de quoi il parle par rapport à la puissance, la toute-puissance de Dieu. Diawaku sait de qui il parle. C'est d'un Dieu Tout-Puissant. Celui-là qui un jour, l'arracha entre les dents de la mort lors de son accident de circulation entre Lukala et Kimpese dans les années 60. Diawaku lui fait confiance et compte sur son amour. Quiconque souffre, dans le temps et dans l'espace, peut bien trouver en cette psychothérapie hymnique « diawakienne » des mots capables d'agir sur son esprit malade ou sur le corps par l'action de l'Esprit afin de semer les grains de la paix du cœur, de la foi, de l'espérance et de l'amour dont il a besoin pour s'assumer ou pour s'en sortir de cette situation de «  Mitsein » , « d'être-avec » la maladie.

Quittons à présent le monde de la maladie et tout son cortège de souffrance, d'angoisse, du bouleversement psychique pour entrer dans celui de la célébration où coulent les mots de foi d'un homme qui, s'efforçant de connaître Dieu son destinataire, vient comme dans un credo forgé afin de confesser tout haut son Dieu dans sa toute puissance. Et pour ce faire, il formule sa définition de Dieu et présente les arguments théologiques en faveur de son existence. C'est de la locution de l'hymne « Gloire à Dieu » qu'il s'agit ici où nous parlons largement de la toute puissance de Dieu.

Diawaku, comme, entrant dans une doxologie trouve les mots que lui dictent ses raisons profondes pour rendre honneur et célébrer le saint nom de Dieu de qui toute l'humanité tient son existence. Il lui rend hommage et reconnaît que s'il faut vivre, s'il faut être sauvé c'est Dieu seul qui peut le faire en nous. Ainsi, dit-il :

Diawaku veut donner un sens et une signification particulière à cela. Comme le dit Henry C. Thiessen dans son ouvrage intitulé « Esquisse de théologie biblique » et cela par rapport à la définition et l'existence de Dieu :

Un des termes les plus largement employés pour la divinité, c'est El et ses dérivés Elim, Elohim, et Eloah. Il est similaire au mot grec theos, au mot Latin Deus et au mot français Dieu (...). Le pluriel Elohim est employé régulièrement par les auteurs de l'Ancien Testament avec des verbes et des adjectifs au singulier pour indiquer une notion au singulier (...) Le nom composé El - Elion désigne Dieu comme le plus élevé le très - haut (Ps 78.35) et El - Schaddai comme le Dieu Tout - Puissant (Gé. 17.1). 118

Alors que le Nouveau Testament et ses auteurs remplacent El, Elohim et Elion par theos. Quant au nom de Dieu Tout-puissant, « Nzambi a mpungu » que Diawaku choisit dans cette locution de « Gloire à Dieu » son « Doxa theos » , El-Schaddai se traduit par « theos pantokrator » , en grec.

Comme le fait observer Thiessen la formulation de la définition de Dieu est impossible d'être unanime.  S'il faut en trouver une qui en donnerait un portrait complet et exhaustif. Ce qui est bien c'est d'essayer toujours de le définir dans la mesure où nous le connaissons et où nous connaissons de choses à son sujet 119. Chacun a sa définition de Dieu selon l'expérience religieuse profonde qu'il a fait et fait avec lui. C'est la raison pour laquelle Vibila Vuadi nous fera remarquer que le Dieu de la création est celui qui n'est pas toujours connu dans sa totalité. Il se révèle toujours dans le temps et dans l'espace, mais en partie. Ainsi, en principe, personne ne peut oser dire  qu'il le connaît fort bien 120.  Fort de cette façon de voir les choses de Dieu, nous dirons que la totalité de la révélation de Dieu ne peut pas se contenir dans un discours humain. Car Dieu est plus grand que cela. Si Strong, cité par Thiessen, trouve une définition à la fois courte et détaillée de Dieu en ces termes : « Dieu est l'Esprit infini et parfait en qui toutes choses ont leur origine, leur soutien et leur fin» 121, nous nous permettons de rallier cette définition à celle qui ressort de cette locution « diawakienne » . Car, pour Diawaku le theos Pantokrator est l'origine  de toutes choses mais aussi le soutien permanent dans une « unité articulée de l'a-venir, de l'avoir - été et du présenter, qui sont ainsi donnés à penser ensemble » 122 dans la vie de l'imago dei et cela par rapport à la problématique de la temporalité de l'existant humain. Pour Diawaku le Dieu Tout-Puissant est celui qui nous fait vivre seulement par son nom, et qu'à cause de cela nous vivrons à jamais. Ce Dieu dans sa toute - puissance crée et soutient l'existant humain. C'est autrement avouer que sans lui, le theos Pantokrator, l'existant humain ne peut vivre. Dieu tient le monde dans sa main et le gouverne à bras étendu. Malgré tous les vents contraires, malgré l'oppression, la persécution, la disette, la maladie (...) Diawaku trouve en la toute puissance de Dieu le dernier mot de qui sont toutes choses.  Il est celui-là qui ne peut abandonner ni délaisser son imago. Sa toute-puissance domine toutes celles de ce monde. Dans cette locution c'est clairement donné que le locuteur s'adresse à Dieu et croit en lui avec bonheur quand il dit :

C'est ici que le credo « diawakien » peut être considéré comme un fleuve qui se déverse dans l'océan du symbole des apôtres pour y trouver son fondement théologique. Cette locution que nous pouvons appeler le « Doxa theos Pantokrator diawakien » est pour nous le summum de son hymnographie. En ce sens que l'on assiste ici à un résumé du Symbole des Apôtres. Relevons quelques traits en ayant pour ouvrage d'appui le document de Foi et Constitution no 140, l'œuvre pensante  du Conseil Oecuménique des Églises, « Confesser la foi commune » (Genève, 1988).

C'est autrement dire :

Alors que le Symbole des Apôtres à son article 1er  dit : « Je crois en Dieu le Père Tout-puissant » . Nous trouvons qu'il y a lieu de converger les présupposés. Sans nous permettre d'entrer dans le débat grammatico-théologique sur l'appellation du « Père Tout-puissant » comme une épithète du Père, d'une part et « Père,  le Tout-puissant » qui sont d'ailleurs toutes deux valables de sens, d'autre part .Valables toutes deux ,car « on retrouve ces deux interprétations tout au long de l'histoire de l'Église. Chacune a sa place » 123. L'une des formes nous invite à tenir en compte les significations distinctes des mots « Père » et « tout-puissant, l'autre forge une complémentarité de sens que chacun des termes apporte à l'autre. 124

L'histoire liée au Symbole des Apôtres nous renseigne qu'il y avait, au temps de l'Église primitive

C'est pour dire que c'est face à eux tous que l'Église et le Symbole ont affirmé en la personne du père de Jésus-Christ seul, et nul autre le nom de Pantokrator 126. Cette identité confesse qu'en Pantokrator, Dieu est le père Tout Puissant en ce sens que c'est lui seul qui est le créateur du ciel et de la terre. Lui seul est le commencement et la fin de toutes choses. Lui seul règne et doit être adoré. Car comme Jean l'écrit dans l'Apocalypse 18: 8 « Je suis l'alpha et l'oméga, dit le seigneur Dieu, celui qui est, qui était et qui vient » . Il n'y a pas quelqu'un d'autre. Il n'y a que lui seul, le Pantokrator. Il l'est en paroles et en actes: Ce qu'il dit il le fait. Ainsi, quand Diawaku dit dans sa locution hymnique que nous avons appelé 'Doxa theos Pantokrator:

Voire quand il dit encore plus fort que cela :

et à l'instar de l'esprit du symbole nous remarquons qu'il s'agit là d'une affirmation théologique fondamentalement biblique qui contient à la fois un nombre de connotations. De ces deux strophes,  il ressort :

— Une connotation d'affirmation doxologique qui soulève en cette locution un appel à la célébration, à la louange et à l'adoration de Dieu.

— Une connotation d'affirmation d'espérance d'un peuple opprimé par la souffrance, par la faim, la guerre, l'injustice, la maladie, l'économie, le politique, l'idéologie où règne la loi du plus fort dans un monde où chacun pour soi et rien pour tous impose son diktat.

— Une connotation d'affirmation de foi de tous les serviteurs de Dieu Pantokrator, qui malgré les réalités contraignantes du monde avec son chaos permanent capable de réduire à néant tout ce qui existe en un clin d'œil, les serviteurs de Dieu confesse qu'ils vivront à jamais par le Père Pantokrator. Cette affirmation est à la fois parousiaque. Dans ce sens qu'elle anticipe de manière implicite le retour du Messie pour vivre à jamais avec lui. C'est de l'eschatologie  qu'on a affaire ici.

— Une connotation d'affirmation de la souveraineté de Dieu qui constitue en l'Église et les fidèles de Jésus-Christ, le lieu par excellence où le règne de Dieu est manifesté pour montrer que tout l'univers est entre ses mains et qu'il contrôle toutes choses. Il détrône tous les imposteurs à la souveraineté universelle. Il maîtrise le monde dans son histoire et dans sa destinée.

— Une connotation d'affirmation de confiance en la toute puissance de Dieu qui crée, recrée et sauve en Jésus-Christ pour que le monde, dans sa quotidienneté, retrouve la triade  la foi - l'espérance - l'amour et vive dans la sérénité afin d'offrir aux existants humains, mais aussi à toute la création qui gémit encore, un oasis de repos où  il fait beau vivre.

En fermant l'analyse de cette locution du « credo diawakien » , nous dirons que c'est comme  cela que nous avons compris le contenu de cet hymne que nous avons qualifié, à raison ou à tort, le summum de l'hymnographie « diawakienne » .

Nous  arrivons à la lie de notre analyse  de locutions « diawakiennes » . Dans les pages qui précèdent, et par rapport au locuteur anonyme qui s'adresse à un « connu », où l'hymnographie de Diawaku est prédominante, nous avions épinglé une particularité locutionnelle. Celle-ci porte sur la locution de « Oh! Afrique  » . Cette locution, en conjecture, nous fait penser à quelqu'un qui s'adresse non pas à Dieu pour l'implorer ou pour l'adorer, mais plutôt à un peuple nombreux d'un vaste et vieux continent : l'Afrique. Cette Afrique, à qui Diawaku s'adresse, est prise  ici globalement. Elle est prise comme l'ensemble de peuples formant les nations du continent. Elle est prise  globalement comme pour mentionner ses politiques, ses économies, ses idéologies, ses cultures, ses religions (...). C'est une Afrique qui tient compte de son non - avancement au progrès sinon aux conflits armés à cause de la course au pouvoir et /ou à cause des mines enfouies dans son sous-sol. C'est une Afrique qui dort le jour et la nuit sans penser à ce qu'il adviendrait dix, quinze, vingt ans après dans l'intérêt  de ses filles et fils. C'est une Afrique malade  car battue et dépouillée de ses richesses par celles et ceux qui soumettent le monde entier sous leur diktat. C'est une Afrique où les ennemis du peuple règnent sans partage et même sans le vouloir de gouvernés; une  Afrique fatiguée par l'injustice, l'exclusion, l'exode, la fuite de cerveau, la guerre, la famine, le sida, le chômage, la dictature, la torture, l'exploitation de l'homme faible par l'homme fort, la marginalisation de la femme et son oppression par de coutumes injustes, l'exploitation abusive de l'homme; fatiguée par la violence aux femmes et aux enfants qui peuplent les rues car ils sont orphelins de parents vivants . La liste peut s'allonger.

Face à cette situation que connaît l'Afrique depuis les décennies,  Diawaku vient en locuteur - prophète pour transmettre le message de Dieu à l'Afrique entière qui est en train de gémir. Il apporte le message d'espoir à un peuple qui en a plus un. Il lui dit, comme dans un dialogue, en lui tapotant sur l'épaule:

Une  lecture de fond que nous pouvons faire de cette locution relève quelques préalables. Diawaku comme locuteur - prophète de theos Pantokrator vient lever le soleil de l'espoir, de la joie, de  l'amour et l'estime de soi,... au plus profond d'une Afrique sombre des ténèbres comme à une nuit sans astres pour éclairer. Le soleil qui vient éclairer livre les messages comme « Dieu te gardera, et te protégera; Dieu te sauvera de tous tes ennemis; Ton Dieu t'aimera et ne t'oubliera point » . Les promesses de Dieu sont comme dans une maison à deux portes. L'une de devant et l'autre de derrière. Il faut entrer dans la maison, prendre le sac de promesses et sortir pour se reposer au jardin derrière la maison et prendre son temps avec le contenu de ce sac de promesses. Examinons les portes.

1o La porte de devant. Cette porte qui donne accès à la maison et au sac soulève une très grande problématique. Et c'est étonnant de réaliser que Diawaku en 1988 déjà voyait les choses dans ce sens. Pour lui, l'Afrique devrait d'abord accepter que Dieu l'avait crée pour tous ses bien aimés comme terre d'asile de tout le monde en danger comme ce fût avec Joseph, marie et l'enfant Jésus (Mt 2, 13- 55). Mais encore comme la terre qui secourt l'affamé. L'histoire des patriarches en dit long (Gn. 12: 10ss; 46: 1ss). En un sens, nous pouvons dire que l'Afrique doit s'ouvrir aux autres et partager avec les autres. Peut-être faut-il qu'elle trouve son compte, dans cette entreprise, condition première pour accéder à ses bénédictions.

2o La porte du jardin. Celle - ci réveille l'Afrique qui dort profondément, comptant sur les autres plus que sur elle - même. Le locuteur lui lance un appel à la lutte pour ses droits, son progrès, son mieux-être (...) qui ne dépendent que du travail.

Il est aussi avantageux de relever la couleur religieuse non partisane de cette locution d'un chrétien qui parle à tout le monde d'Afrique sans choquer la conscience religieuse des celles et ceux qui ne sont pas chrétiens. Diawaku dans cette locution est d'un esprit d'ouverture car  implicitement il s'ouvre à d'autres religions pour qu'elles reçoivent le message du Seigneur pour l'Afrique. Un musulman répéterait la même locution, p. ex, en y remplaçant Dieu par Allah et rien ne modifierait le sens du message. L'Afrique peut illustrer beaucoup  des cas qui montrent qu'elle n'a pas encore  compris que Dieu l'avait créée pour tous ses bien - aimés du monde entier afin qu'en elle le monde entier trouve son asile d'une part et pourquoi ne pas y trouver son aide d'autre part.

A en croire Diawaku, l'Afrique a un grand avenir aux yeux de l'Eternel Dieu, pantokrator. Il suffit qu'elle apprenne à croire en elle-même d'abord et ensuite. Diawaku rêve; mais il ne rêve pas du passé. Il rêve plutôt de l'avenir brillant de l'Afrique. Cet avenir et devenir sont tout à fait  possibles sous certaines conditions: savoir pourquoi elle a été créée et apprendre à lutter sans se fatiguer pour qu'elle atteigne le niveau de son plus -avoir, plus -savoir, plus -être afin que le combat du progrès puisse continuer et qu'elle puisse vivre réellement libre, heureuse et prospère pour ce temps comme pour les temps à venir.

Maurice MONDENGO Iyoka B.
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Notes

83. J. BERLANDINI nous a également inspiré quand elle traite sur la place des hymnes dans la littérature religieuse égyptienne. Voir Dictionnaire des Religions de Paul POUPARD, PUF, Paris, 1984, p. 744.

84. Ibid.

85. * Les chants en astérisque indiquent leur appartenance dans le recueil de Nkunga mia Kintwadi, édité par CEDI, Kinshasa, 1974 et portent respectivement le numéro 13, 49, 52, 261, 267, 346, 673, 822, 826. Ces textes portent le nom de Noé DIAWAKU et datent d'avant 1960.

86. D.M.GIMENEZ, Brève présentation du chant liturgique byzantino-slave, in https:// fr.google.com/bin/query_fr?p=hymnologie .

87. Cf. M. DELAHOUTRE, « Expérience religieuse » , in Dictionnaire des religions, Ouvrage déjà cité, p. 560.

88. Ibid.

89. Cf. Pour ce faire l'œuvre de M. HEIDEGGER, L'être et le temps, 1ère partie, section I, chapitre IV §27 où il traître de l'être - soi quotidien et le « on » , traduction de R. BOEHM et A. de WAELHENS, éd. Gallimard, Paris, 1964, pp. 159-160.

90. Cf. Dictionnaire des religions, op. cit., p. 560.

91. Octave UGIRASHEBUJA, « L'Afrque et ses formes de vie spirituelle », Art. In Revue Zaïre-Afrique, Cepas, Kinshasa, septembre 1984, p. 405.

92. KIAZAYILA Kingengo, Cours de théologie spirituelle, (inédit), dispensé en L2 théologie, UPC, 2001-2002.

93. D. M.GIMENEZ, https://fr.google.com /bin/query_fr?p=hymnologie.

94. MENGI Kilandamoko, Op. cit., p. 46 .

95. MUSHILA Nyamankank, Cours de Théologie mystique, Dispensé en 3e Graduat Théologie (inédit), Kinshasa, UPC, 1999-2000.

96. R. D. CANDE, op. cit., pp. 5-6.

97. A. VERCHALY, « Le cantique » article in La musique à travers ses formes, Ouvrage déjà cité, p. 34.

98. TSHONGA Onyumbe, « L'homme vu par l'homme dans la musique zaïroise moderne de 1960 à 1981 » , art. In Revue Zaïre-Afrique, no 186, juin-juillet-août, St. Paul, Kinshasa, 1984, pp. 357-365.

99. TSHONGA Onyumbe, op. cit., p. 358.

100. Ibid.

1013. NGOY Mwaka, Cours de Tradition liturgique, Dispensé en L1 Théologie (Inédit), Kinshasa, UPC, 2000-2001.

102. Cf. MUSHILA Nyamankank, « Traits caractéristiques de la société moderne et critique postmoderne », in RCTP, no 12, 1998. P. 38.

103. O. CHAMBERS, Tout pour qu'il règne, Neuchâtel, Ed. Delachaux & Niestlé, s.a., 1940, P. 121.

104. Ce terme technique allemand est utilisé, en théologie, pour signifier la motivation ou mieux la raison d'être voire l'intérêt d'une étude. C'est MUNDUKU Ngamayamu Dagoga qui l'emploie dans son article intitulé « Recherches sur l'Église du Christ au Zaïre. Essai bibliographique » , in Revue Zaïroise de Théologie Protestante, no 5, 1991.

105. Ph. DUVANEL, La clé des psaumes, Genève, La Maison de la Bible, 1961, p. 109.

106. E. BRUNNER, Notre foi, Lausanne, Editions La Concorde, 1951, p. 106.

107. Nouveau Dictionnaire Biblique, op. cit., p. 1071.

108. Psaumes 90.

109. Cf. Nouveau Dictionnaire Biblique, op. cit., p. 267.

110. Ibid., pp. 267-268.

111. Nouveau Dictionnaire Biblique, op. cit., pp. 267-268.

112. Cf. MASIALA ma Solo dans son étude sur le dialogue pastoral, in Manuel africain de Théologie, no 1, Kinshasa, CEDI, p. 137.

113. Cf. MASIALA ma Solo, op. cit., p. 35.

114. Ibid.,  p. 36.

115. Ibid.

116. MASIALA ma Solo, op. cit., p. 21.

117. Ibid.

118. H. C. THIESSEN, Esquisse de théologie Biblique, Paris, Ed. Farel et Béthel, 1985,  p. 28

119. Ibid., p. 29

120. VIBILA Vuadi, Cours de Dieu dans sa création, Dispensé en L1 Théologie (Inédit), Kinshasa, UPC, 2000-2001

121. H.C. THIESSEN, op cit., p. 30.

123. C'est J. LADRIERE, un grand philosophe de notre époque, professeur honoraire de l'Université Catholique de Louvain qui nous donne cette citation quand il s'appuie sur les célèbres analyses de Heidegger dans « Sein und zeit » telles que commentées par P. Ricoeur dans le troisième volume « Temps et récit » , intitulé « le temps raconté, pour étayer ses autour du thème temps et histoire, in Actes des Vèmes journées philosophiques de Bamanya du 29 mars au 1er avril 1989, Mbandaka, p. 19.

124. Document de foi et constitution no 140, Genève, COE, 1988, p. 20 (39).

125. Ibid.,  p. 40.

126. Document de foi et constitution no 140, p. 40.

127.

127. Ibid.


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