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Caen, 5 avril 2014, par Alain Lambert ——

Matias Pilet, Alexandre Fournier et Radhouane El Meddeb « Nos limites » Une chorégraphie en (a)pesanteur

Nos limiitesPhotographie ® Christophe Raynaud de Lage.

Matias Pilet et Alexandre Fournier ont inventé ce spectacle avec leur professeur de l'école du cirque, Fabrice Champion, ancien trapéziste devenu tétraplégique, et  décédé en 2011. Radhouane El Meddeb ayant vu les répétitions qui suivirent au Centquatre, leur propose de les aider à poursuivre, sur le plan de la chorégraphie et de la dramaturgie, leur projet orphelin.

Et c'est ce spectacle à la fois émouvant et éprouvant (l'absence, les chutes, la gravité...) qui nous a été donné à ressentir  ce samedi, au centre chorégraphique, invité par le théâtre de Caen et le festival Spring, festival régional des nouvelles formes de cirque (suite à  une résidence à la Brèche, à Cherbourg-Octeville).

Un grand blond debout et un petit brun prostré, chacun dans son coin, puis après de longues secondes, le premier prend le figé dans ses bras et le fait tourner au son lointain d'une chanson de Billie Holliday, Yesterdays, qui raconte la douceur des jours passés (avant les accidents de la  vie ?).

Ensuite, plus de musique pendant quarante minutes, que des bruits de déplacement des corps se traînant et s'entraînant sur le tatami, des chutes quand ils veulent s'abstraire de la gravité, dans des figures de trapézistes cloués au sol devenant figures d'antipodistes, très chorégraphiques, entre cirque, danse et mime.

Pour faire simple, le blond, fraternel, veut pousser le brun à s'efforcer à bouger, lui montrant les gestes possibles : comment se déplacer, comment s'élever, comment sauter et voltiger, puis abandonnant. Le noir se fait. Les spectateurs applaudissent.

Pourtant, le spectacle n'est pas fini, la musique du début reprend, amplifiée et augmentée par divers procédés de samplage et de réverbération. Elle propulse le danseur solitaire sur ses pieds et l'oblige à nous présenter un numéro de virevolte époustouflant, entre acrobatie et danse, souvent à la limite du hip-hop, toujours très proche du sol, pour se terminer par trois saltos arrière qui s'écrasent brutalement sur le tatami. La chute semble doublement dure. La chanson des jours enfuies s'est tue elle aussi.

Très beau spectacle, insolite et poignant, qui fait rire ou sourire parfois. La vidéo donne une petite idée, même si la musique en occupe toute la durée. Car il est important que le silence, plein de bruits et de frémissements, au sens de John Cage, y soit presque omniprésent, la voix douloureuse de Lady Day y résonnant plus fortement encore en ouverture et en final.

plume Alain Lambert
5 avril 2014


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