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Plaquette préparée par Gauthier Coussement / Le Mouvement Janáček

Bohuslav Martinů Revisited

2009 : 50e anniversaire de la disparition ; 2010 : 120e anniversaire de la naissance.

Inspiré de Les Trois Souhaits ©danielle doucet

Bohuslav Martinů, l'élégance concise du discours

Par Harry Halbreich ——

Martinů est le quatrième grand classique de la musique tchèque, aprèsSmetana et Dvořák, les fondateurs de l'école nationale, et après le fougueux Janáček, génie isolé et sauvage, rebelle à toute classification. Son apport n'est pas moindre que celui de ses trois grands prédécesseurs. Le caractère aventureux d'une vie vagabonde ne fut certes pas le fait d'un tempérament discret, modeste et même timide, mais au contraire le reflet des vicissitudes de son peuple, qui firent de lui jusqu'à la fin de sa vie un exilé. De bonne heure il apprit le violon, et devant l'évidence de ses dons, ses parents, soutenus par quelques personnes fortunées de Polička, l'envoyèrent au Conservatoire de Prague. Mais il s'adapta mal à la grande ville ; son esprit libre se montrait déjà rebelle à toute discipline scolastique et à toute vérité révélée.

Gagnant chichement sa vie comme modeste second violon à la Philharmonie Tchèque, il mena donc une vie de bohème (sans jeu de mots !), travaillant avec acharnement en autodidacte et composant déjà d'abondance. Comme pour tant d'autres musiciens européens de sa génération, Pelléas fut pour lui la grande révélation, la saine influence du folklore natal et de Smetana lui apportant le nécessaire antidote aux faunes déliquescents, aux nymphes languides et aux serres chaudes de l'impressionnisme.

Le deuxième des quatre grands chapitres de cette existence s'ouvrit en 1923, lorsque le rêve de Martinů se réalisa enfin : muni d'une modeste bourse d'études du gouvernement de la nouvelle République tchécoslovaque, il se rendit à Paris et devint le disciple d'Albert Roussel qui mit de l'ordre dans cette imagination bouillonnante, auteur déjà de plus de cent trente œuvres inédites, lui montrant sa vraie voie. Simultanément, Martinů découvrait émerveillé les richesses du Paris du premier après-guerre, Stravinsky, le Groupe des Six, Montparnasse...

Juliette ou la Clef des Songes

Au lieu des quelques mois prévus, son séjour parisien dura... dix-sept ans, et seuls les événements de 1940 y mirent un terme brutal. Par son mariage avec une Française, par ses amitiés, par l'inspiration de nombreux ouvrages (dont l'admirable Juliette ou la Clef des Songes, chef-d'œuvre de l'opéra surréaliste), il scella des liens profonds avec sa patrie d'adoption, tout en écrivant par ailleurs une musique de plus en plus intensément tchèque. Durant ces années qui firent de lui peu à peu un maître de réputation internationale, Martinů s'affilia à l'Ecole de Paris, formée de musiciens originaires comme lui d'Europe centrale attirés par le rayonnement de la culture française. Patriote militant, il se trouva inscrit sur la liste noire des nazis, et sa musique fut interdite dans tous les pays occupés par Hitler. Aussi l'invasion allemande l'obligea-t-elle à quitter précipitamment Paris en 1940, abandonnant sur place presque tous ses manuscrits et partitions,qu'il ne devait retrouver qu'après la guerre. Après un exode mouvementé et un dur hiver passé à Aix-en-Provence, il parvint à obtenir un visa pour les États-Unis, où il débarqua le 31 mars 1941.

Le chapitre américain

Chapitre qui se prolongea durant douze années, et cette période vit naître notamment le cycle grandiose des six Symphonies. Un grave accident survenu en juillet 1946 ne ralentit que passagèrement son intense activité créatrice, mais retarda, et finalement empêcha, les événements politiques s'en mêlant, le retour ardemment désiré dans sa patrie, plus revue depuis 1938, et qu'il ne devait jamais revoir : lui qui, comme Bartók, avait refusé Hitler, ne pouvait davantage accepter Staline. Ses dernières années, à partir de 1953, à l'exception d'un dernier voyage outre-Atlantique, furent partagées entre Nice, Rome et la Suisse. C'est non loin de Bâle, qu'il s'éteignit le 28 août 1959.

Le 4 août 1942, dans une interview accordée au New York Herald Tribune, Martinů, interrogé sur les sources de son art, cita la musique populaire de Bohême et de Moravie, le madrigal anglais de la Renaissance et Debussy. On peut y ajouter le concerto crosso de l'époque baroque. L'empreinte du folklore et celle de Debussy datent, nous l'avons vu, des débuts même de sa formation. Contrairement à Janáček où à Bartók, il ne se livra jamais à une prospection scientifique de la musique populaire mais y puisa de manière beaucoup plus instinctive. S'il lui arrive de citer des thèmes authentiques, il en recrée généralement lui-même dans l'esprit du « folklore imaginaire ».

La libération debussyste

Chez Debussy, Martinů trouva le refus de l'emphase, de l'exagération expressive, de tout schème formel préétabli, l'amour de l'élégance concise du discours, de la pureté et du raffinement du langage, bref tout ce qui l'attirait vers la France et sa culture. De plus, la libération debussyste dans le domaine de l'harmonie le marqua profondément, et on en retrouve des traces jusque dans ses dernières œuvres, celles de la phase qu'on peut qualifier de néo-impressionniste ( Fresques de Piero della Francesca, Incantation, Paraboles).

Martinů découvrit le madrigal anglais de la Renaissance en 1922, lors d'un concert donné à Prague par les English Madrigal Singers. Il fut frappé par la liberté extrême de cette polyphonie, contrepoint chantant et polymélodique à l'écart de toute formule d'école et de tout procédé de développement séquentiel ou mécanique. La liberté rythmique de cette musique l'impressionna tout autant, rejetant toute symétrie périodique, et se développant à l'écart de la barre de mesure. Enfin, il fut émerveillé par la conduite mélodique si souple, si bien adaptée à la voix humaine, par la synthèse unique en son genre qu'opère le madrigal anglais entre les sources populaires les plus simples et le raffinement esthétique le plus poussé : en fait, il y trouvait des traits lui rappelant le folklore de son pays !

Le concerto grosso baroque

Quant au concerto grosso, dont l'empreinte se fait sentir à partir de 1760 environ, il détermine non seulement l'équilibre sonore et instrumental de sa musique d'orchestre, mais encore son essence morphologique profonde, particulièrement dans les Symphonies. Il se passionna surtout pour Corelli (qui demeura l'un de ses compositeurs favoris) et pour les Brandebourgeois de Bach. Le concerto grosso lui permit d'échapper au dualisme thématique de la forme sonate de type beethovénien et à ses conséquences d'ordre psychologique et expressif : il le remplaça par la prolifération motivique à partir d'une cellule originelle qui caractérise toute sa production instrumentale de maturité, et qui va au devant de sa propension à la clarté, à la concision, à une expression maîtrisée, de manière bien plus satisfaisante.

Ensuite, le concerto grosso correspond parfaitement à l'idéal sonore de Martinů, celui d'une « musique de chambre à l'échelle symphonique », qui féconde son renouvellement du genre même de la symphonie. Il expliquait lui-même : « On ne trouve pas encore, [dans le concerto grosso], ce besoin impérieux de couleurs et d'effets instrumentaux, de ‘progressions' sonores ou expressives, qui nous imposent si souvent une direction qu'en fait nous ne désirons pas prendre, et qui appauvrissent aussi parfois les lignes mélodiques et les pensées musicales par de vieux ‘schémas' qui n'ont rien à voir avec la musique véritable. Moins de sentiments immédiatement visibles, moins de sonorités bruyantes, mais des formes musicalement plus denses : c'est là le Concerto Grosso. »

Voilà qui ressemble fort à un credo de musicien « classique », ou du moins

anti-romantique. S'il fut un véritable humaniste, dont le contact étroit avec ses contemporains fut toujours le souci prioritaire, il n'en demeure pas moins qu'il avait fait sienne la devise de Rameau : « cacher l'art par l'art même ». Aussi pensait-il que la technique était affaire de spécialistes, et que ses problèmes ne devaient en aucune manière faire obstacle à la compréhension de la musique par l'auditeur de bonne volonté. Et son tempérament classique, mozartien même, se manifeste dans son souci de distanciation du créateur par rapport à l'impact émotif immédiat inspirant une œuvre. Il estimait « qu'un homme dominé par un sentiment en est momentanément empêché de l'exprimer » et que « le bouleversement extrême provoque la confusion. »

Ce grand travailleur dont la féconde sagesse rappelle tant celle de Joseph Haydn, en qui il admirait autant l'homme que le créateur, estimait que « le spontané en art est atteint par le fait même de s'absorber complètement dans le sujet de son travail, la spontanéité étant le résultat d'une activité créatrice prolongée. » Et de fait, le mot spontanéité est le mot-clef de l'art de Martinů, type de l'artiste « naturel » se fiant à son instinct et à son subconscient pour résoudre les difficultés de son travail. Il croyait profondément à l'existence de lois mystérieuses et non écrites gouvernant l'harmonie universelle, et donc aussi l'activité créatrice de l'artiste, et était convaincu que la solution de bien des problèmes de la composition devait être recherchée dans le monde du rêve, pour pouvoir être ensuite déchiffrée et utilisée au grand jour de la réalité.

L'inspiration fraîche et jaillissante comme l'eau des collines de Bohême

Martinů fut avant tout un chantre de la joie, en un siècle qui en était si cruellement dépourvu. Même ses œuvres les plus dramatiquement tendues se terminent sur des accents d'espoir ou de consolation, et même sa nostalgie vers la patrie lointaine et inaccessible, surtout intense dans les œuvres de la fin de sa vie, est virile, jamais déprimée. Le plus souvent, cependant, c'est sa rayonnante joie de vivre qui nous conquiert, et son langage rythmique si original, son inimitable agogique de la vitesse qui donne des ailes même à ses morceaux de tempo modéré y contribue puissamment. La pureté de coeur de cet apollinien à la fois slave et latin se reflète dans la pureté égale d'une inspiration fraîche et jaillissante comme l'eau d'une source de ses chères collines de Bohême. Il est peu de musiques aussi bienfaisantes que la sienne pour l'âme, pour l'esprit et pour les sens : c'est pourquoi elle vivra toujours, et occupera une place sans cesse croissante dans notre culture.

Harry Halbreich

Reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur. Un des connaisseurs les plus avertis de la musique de notre temps, Harry Halbreich a notamment écrit des ouvrages sur Messiaen, Honegger et Martinů. Pour ce dernier, il a été le premier à établir le catalogue des œuvres (Zurich 1968 et 2008).

Devant la désaffection dont souffre Martinů, on ne sait trop derrière quel prétexte on pourrait cacher sa honte. Comment oublier que ce musicien passa une vingtaine d'année en France et y composa des œuvres majeures. L'oubli est proportionnel à l'immensité de son catalogue qui compte près de quatre cents numéros. On sait par exemple que sa musique de chambre est foisonnante et que sa musique d'orchestre est forte de six symphonies, de cinq concertos pour piano, de deux pour violon, de deux pour violoncelle et près de vingt œuvres concertantes pour divers instruments ou formations, de plusieurs cantates et oratorios sans compter les œuvres inclassables. Sa musique pour le théâtre, que ce soit les ballets et la musique lyrique où il fit preuve d'un renouvellement créatif assez extraordinaire compte par dix-huit fois le mot « opéra » et dix-sept fois le mot « ballet » (Guy Erismann). Malgré les efforts, il est affligeant de voir la suppression de deux programmations d'opéras en France en 2009.

« Martinů, ce sera ma gloire ! » (Albert Roussel)

Que venait faire à Paris en 1923 ce compositeur tchèque ayant déjà quelque 135 opus à son actif ? Suivre l'enseignement d'Albert Roussel, musicien alors très réputé et fin pédagogue. Si Martinů ne fut jamais élève à proprement parler de Roussel, ce dernier lui prodigua les conseils qui lui permettront de déterminer sa voie, au-delà des modes et des écoles.Universel comme Dvořák, Martinů restera profondément tchèque, commeDvořák. Chacun peut et doit se l'approprier, puisqu'il est universel.

Par ses séjours aux États-Unis, en France, en Suisse, en Italie, il a assimilédes sources d'inspiration d'une extraordinaire envergure tout en restant très personnel. La « griffe » Martinů est réelle et traverse toute son œuvre. C'est cette année 2009 que l'on célèbre le cinquantenaire de la mort et 2010 marquera le 120ème anniversaire de la naissance de Bohuslav Martinů.

Ces deux dates encadrent l'ambitieux projet lancé par l'Institut Martinů et son directeur Aleš Březina : Martinů Revisited. « Nous avons initié toute une série d'importantes manifestations qui figureront, entre autres, aux programmes des festivals Printemps de Prague 2009 et 2010, mais aussi à d'autres festivals tchèques et moraves. J'aimerais mentionner encore le projet musical et éducatif Špalíček dans le cadre duquel 160 élèves d'écoles primaires et secondaires de Prague préparent déjà un spectacle composé des scènes choisies du ballet Špalíček – l'Année tchèque de Bohuslav Martinů.» La concordance d'année de célébration du bicentenaire de la disparition de Jospeh Haydn avec le cinquantenaire de celle de Martinů n'aura pas échappé aux avertis. Et pour les réunir, ce clin d'oeil du second au premier par le Septième Quatuor. Peut-on imaginer meilleureintroduction radiophonique ?

Le Mouvement Janáček participe activement à cette célébration, avec l'appui total de la Fondation Martinů, par les Cahiers, mais aussi par une action directe auprès des radios et télévisions, de la presse, des associations, des ensembles, des festivals, des disquaires, etc.

En France, notre membre Karine Lethiec et des membres de l'Ensemble Calliopée, donneront le 9 avril, lors d'un concert intitulé Bohemia Magica, le Trio n° 1 retrouvé récemment  (contact : selvam.thorez@free.fr ). Le Centre tchèque de Paris, https://www.czechcentres.cz/paris, propose un riche programme Martinů. Ailleurs, on relève un concert à Monaco le 18 mars ( Deuxième Nonet) ; le 7 avril à Toulouse, Elsa Grether et Delphine Bardin interpréteront la Sonate n° 3 pour violon et piano qui sera aussi jouée le 25 mai à Nice par Věra Brodmann-Nováková et Nicolas Bringuier, avec la Rhapsodie tchèque, habilement associée à une sonate de Roussel. Le 26 mai au Théâtre des Champs-Elysées, Lawrence Foster donnera le Concerto pour deux pianos avec Mari et Momo Kodama. Il faut ici remercier ces musiciens et il n'est pas trop tard pour susciter une programmation plus fournie des œuvres de Martinů et en parler abondamment. Si les interprètes aiment Martinů, les organisateurs sont encore trop frileux pour la programmer. Mais pourquoi donc ?

La Suisse, par contre, se montre particulièrement active. L'Association Bohuslav Martinů en Suisse ( https://www.martinů.ch ) et son directeur R. Kolínský ont le grand mérite d'avoir lancé un projet remarquable en proposant à toutes les maisons d'opéra en Suisse de monter dans le cadre de la saison Martinů une œuvre lyrique du compositeur. Entre 2008 et 2012, seront montées en Suisse au total cinq productions d'opéras de Martinů dont : La Passion grecque à Zurich (nov. 2008), Alexandre Bis à Bienne et Soleure (oct. 2009), Ariane à Lucerne (déc. 2009), Juliette à Genève (fév. 2012).

La Belgique accueillera plusieurs concerts dont celui du 11 juin à Bruxelles avec la Philharmonie tchèque dirigée par Zdeněk Mácal qui interprètera la Première Symphonie de Martinů.

Le Luxembourg n'est pas à la traîne avec Geoff Piper qui multiplie les actions (programme détaillé : pipergeo@pt.lu). Les orchestres philharmoniques de New York, de Berlin, de Vienne, l'Orchestre symphonique de la BBC et d'autres formations prestigieuses rendront hommage au compositeur dont l'œuvre d'une profondeur et d'une diversité exceptionnelles sera sans doute une révélation pour les publics de nombreux pays.

Martinů, son catalogue et le disque

Par Patrice Chevy

Patrice Chevy est membre du Mouvement Janáček. Patrice Chevy s'est intéressé très tôt à Martinů et est membre correspondant de l'International Martinů Circle.

L'approche de la discographie de Martinů semble mériter un bilan au moment où l'on va commémorer les 50 ans de sa disparition en 2009. En s'appuyant sur les deux éditions de l'ouvrage de référence de Harry Halbreich (1968 et 2008, hélas toujours en allemand), ainsi que sur le catalogue de la Fondation Martinů consultable sur Internet, on peut extraire le meilleur de ce que l'amateur peut acquérir à ce jour.

Pour parler brièvement de chiffres, en prenant H. Halbreich et les compléments de l'Institut, le catalogue Martinů comprend 384 numéros, auxquels il faut ajouter 30 suites, versions alternatives, sous les numéros H. A/B/C, 34 numéros bis ou ter du catalogue (bis plutôt que catalogue complémentaire pour conserver le caractère chronologique, les partitions étant en règle générale datées), mais retrancher 49 numéros aujourd'hui perdus (le 1er Trio à cordes H. 136 est la plus récente redécouverte, d'autres suivront sans doute). Soit 399 œuvres pour une édition complète Martinů ; il resterait 136 références non enregistrées.

Une centaine de ces numéros est antérieure au départ de Martinů pour Paris (jusque H. 135bis). On ne peut évidemment pas prétendre que Martinů soit devenu subitement un génie en respirant l'air de Paris. Mais il y a quand même une rupture, car notre compositeur absorbait comme une éponge tout ce qu'il voyait, lisait, écoutait. Par ailleurs, les pages de jeunesse (par exemple dans l'intégrale Matoušek piano/violon) soutiennent la comparaison avec les analogues de Sibelius.

Quels domaines sont concernés par les manquants ?

Les mélodies : décidément le parent pauvre de la discographie, même si la majorité des manquants (49 sur 55) appartient à la période de jeunesse, les rares enregistrements montrent qu'il est indispensable de faire plus, et en particulier pour les quelques pages plus tardives. On aimerait aussi les Trois Mélodrames H. 82 à 84, un genre vraiment très tchèque !

De même, l'irritante question des pièces pour piano : les « intégrales » sont tout sauf intégrales, mais le très beau disque d'Erik Entwistle révèle de vrais joyaux, et le 4ème de Koukl est également très riche pour la première période. Vingt-six des trente-deux manquants sont certes de la première période, mais alors ? Le troisième CD de Pavel Kaspar sera-t-il à même de nous combler ? Un seul CD y suffirait…

Les pièces pour orchestre de jeunesse (treize) poèmes symphoniques et autres, méritent à coup sûr un intérêt.

Les opéras : le premier – Le Soldat et la Danseuse H. 162, puis La Semaine de Bonté (inachevé) H. 194, Le Théâtre de Faubourg H. 251, Ce dont vivent les Hommes H. 336 attendent toujours leur premier enregistrement (à ma connaissance du moins). On ajoutera qu'il n'existe aucun enregistrement commercial de Plainte contre Inconnu (inachevé) H. 344, et que l'enregistrement disponible du Mariage H. 341 est vraiment daté.

En matière de musique de chambre, peu de manques, mis à part le Quintette avec piano de jeunesse H. 35. Mais on attend vivement un enregistrement des Stowe Pastorals H. 335. Le « petit » Divertimento pour deux flûtes H. 365 serait bienvenu. On aimerait aussi une bonne version pour orchestre à cordes du beau Sextuor H. 224A.

Les ballets comportent quatre manquants évidents, trois de « jeunesse », mais Istar H. 130 doit être enregistré et ses Suites (le beau vinyl par Brno et Waldhans n'a pas été regravé en CD il me semble) ; et bien sûr The Strangler H. 317.

Quelques choeurs enfin manquent aux « intégrales » comme l'ultime H. 384.

Musiques de scène et de film, OEdipe, dont la petite Suite H. 248A révèle une musique intense qui donne envie d'en avoir plus.

Les enregistrements

Malgré les manquants, il faut reconnaître que Martinů est bien servi par le disque. Paradoxe en France, puisque son nom n'apparaît que rarement en concert : les interprètes aiment, mais les organisateurs de concert sont frileux. Alors, comment attirer l'attention du mélomane français sur un compositeur dont il n'entend que trop rarement la musique ? Espérons que la commémoration 2009 sera un point de départ de la reconnaissance par le grand public et pour cela, il serait utile que nos radios y consacrent quelques émissions.

Pour une première découverte …

Les Fresques de Piero della Francesca et le Double Concerto par Mackerras (SUPRAPHON)

Pour un premier contact avec les Symphonies, les 3e et 4e par Bělohlávek (SUPRAPHON) sont un excellent choix. Cependant, l'intégrale des symphonies par Neumann (SUPRAPHON) à mon sens insurpassée, pour un ensemble qui constitue un sommet absolu de notre compositeur.

La Passion Grecque par Mackerras (CD ou DVD SUPRAPHON)

Le très beau CD récent de HARMONIA MUNDI avec le 2e concerto pour violon et Toccata & due Canzoni

Les Concertos pour piano 2 /3 /4 par Firkušný / Pesek (SUPRAPHON)

Les Concertos pour violoncelle 1 et 2 + Concertino (Wallfish, CHANDOS)

Les Sonates pour violon n° 1 et 3 (le chef d'œuvre absolu pour moi) par Josef Suk (SUPRAPHON)

Les trois Sonates pour violoncelle, très souvent enregistrées, par exemple Chuchro, Hála (SUPRAPHON)

Le Quintette n° 2 pour piano et cordes (Páleníček, quatuor Smetana, SUPRAPHON)

Le superbe programme de TIMPANI avec Les Fêtes Nocturnes (libellé que je préfère de beaucoup à celui de Kammermusik n° 1), la Fantaisie (version ondes Martenot), le second Nonet. Ce disque aurait été parfait et cohérent avec les Stowe Pastorals plutôt que Les Rondes, mais c'est quand même un joyau.

Pour la musique de piano, je n'hésite pas à recommander en tout premier le disque d'Erik Entwistle, combinant la grande Sonate avec des miniatures merveilleusement ciselées.

Un peu plus en détail…

Symphonies

Le CD historique (PANTON) avec la 6e par Rozhdestvensky et Les Paraboles par son dédicataire Charles Münch (avec l'orchestre de la Radio de Prague et non Boston -1967)

Les versions Bělohlávek (SUPRAPHON), Järvi (BIS) à la rigueur Fagen (NAXOS).

Pages orchestrales

Pour grand orchestre ou orchestre de chambre, plusieurs programmes se recoupent, des doublons sont inévitables, mais souvent bienvenus :

Ouverture H. 345, Rhapsodie H. 171, le beau Concerto Grosso H. 263, la Sinfonia Concertante pour 2 orchestres H. 219, enfin les Paraboles H. 367, Bělohlávek et le CPO (SUPRAPHON)

Un bien joli disque, celui de Christopher Hogwood (DECCA) pour La Revue de Cuisine et les Tre Ricercari, un des chefs d'œuvre néo-classique

Le disque très cohérent de Tamás Vasary et le Bournemouth Sinfonietta, avec les deux Sinfoniette et Toccata e due Canzoni (CHANDOS)

Concertos

Le joli disque des trois « petits » concertos ( Concertino pour violoncelle, concertos pour clavecin et pour hautbois), au minutage un peu court, mais au contenu qui vaut le détour

L'intégrale Leichner des Concertos pour piano (SUPRAPHON), où le Concertino se confirme être une œuvre majeure

L'intégrale en cours de Matoušek des Concertos avec violon ou alto (SUPRAPHON puis HYPERION) est vraiment superbe, sans oublier bien sûr la version Suk des Concertos (SUPRAPHON)

Par Suk aussi le Concerto pour alto, avec la superbe version Páleníček du 3e Concerto pour piano (SUPRAPHON). On notera que SUPRAPHON a multiplié les rééditions avec des couplages différents, ce qui rend parfois les choix difficiles

Les Concertos pour violoncelle par Angelica Mayr et Neumann (SUPRAPHON)

Signalons aussi quatre disques cohérents « autour d'un instrument ou d'une formation » : le clavecin (SUPRAPHON), l'alto (ARTESMON), deux pianos (AGENTURA ou mieux Talich Chamber Orchestra, (ELAN) incluant le Concerto Grosso), deux violons (ARTE NOVA)

Musique de chambre

L'intégrale violon/piano de Matoušek (SUPRAPHON) est un vrai monument

Le duos et trios à cordes (par exemple Hůla/Kaňka/Klusoň, PRAGA), il manque évidemment le Trio à cordes n° 1 (qui sortira en mars 2009 chez ALPHA PRODUCTION)

Les merveilleux Trios avec piano, je recommanderais le Trio des Iscles (GRAVE CONCORD DISTRIBUTION)

Pour les Quatuors, soit une intégrale, par ex. Stamitz-Quartett (BAYER RECORDS) soit pour une première approche les n° 3/4/5 par Emperor String Quartet (BIS, qui ne s'intéresse pas qu'à Sibelius !)

Plusieurs versions disponibles des Sonates et Trios avec flûte, par exemple Dubeau / Hamelin / Marion (ANALEKTA)

Dans l'abondante production NAXOS, vraiment très utile, un disque superbe avec des pages peu fréquentées : le (sublime) Quatuor n° 1 pour piano et cordes, la Sonate pour alto et piano, le Quintette à cordes

Les PRAGA en règle générale vous offriront nombre de découvertes

A ne pas manquer : le Sextuor à cordes par l'Academy of St Martin-in-the-fields (avec Dvořák) (CHANDOS)

Le bel album (2 CD) HYPERION du Darlington Ensemble

Enfin pour terminer, l'intégrale des Sérénades, Prague Chamber Orchestra (SUPRAPHON)

Beau programme autour du hautbois et du Quatuor Stamitz (BAYER), la Fantaisie (pour ondes Martenot), le Quatuor avec hautbois H 315, la Mazurka Nocturne H 325 et trois Duos à cordes.

Piano

Les récitals ne manquent pas. Très recommandables sont les anthologies de J. Kvapil (2 CD ADDA et un CD UNICORN ou REGIS), Leichner (3 CD SUPRAPHON), Kašpar (2 CD parus, un à venir TUDOR), le récent Košárek (SUPRAPHON), Koukl (NAXOS encore, dont le CD n° 4 est très riche en morceaux de la première période).

Mélodies

Parent pauvre, on aura plaisir à retrouver Kožená (DGG), et le beau récital de Černá chez NAXOS.

Choeurs

L'intégrale Kühn (SUPRAPHON) s'impose.

Cantates

Bouquet de fleurs par K. Ančerl (avec la Symphonie n° 3, un must)

La Messe de Camp (ou Messe militaire) dans les superbes programmes de Mackerras (SUPRAPHON) ou Bělohlávek (CHANDOS)

Les Cantates de Bureš par exemple par Jaroslav Brych (PRAGA/HARMONIA MUNDI)

Gilgamesh mériterait à mon avis un grand enregistrement ; Košler (NAXOS) ou Prusa (SUPRAPHON) pour patienter

Enfin l'extraordinaire Prophétie d'Isaïe dans un beau programme Pavel Kühn (SUPRAPHON)

Ballets

une grande somme de bonheur.

Špálíček par Jílek (SUPRAPHON) mais la Suite par Mackerras vaut le voyage

Qui est le plus puissant et Le Papillon, tous deux par Bělohlávek (SUPRAPHON) sont des petits bijoux. Un couplage des deux Suites serait bienvenue (celle du Papillon est disponible sur un disque PANTON – Nosek et Brno, avec Echec au Roi et Le Raid Merveilleux)

Opéras

Ariane en tout premier lieu, Neumann (SUPRAPHON)

Le parfait couplage Comédie sur le Pont / Alexandre bis, Jílek (SUPRAPHON)

Juliette bien sûr, même si j'ai toujours trouvé que la scène était indispensable à cet opéra hors normes, Krombholc (SUPRAPHON)

On ne négligera pas la version unique de Mirandolina publiée par SUPRAPHON

La version anglaise de La Passion Grecque publiée par KOCH (existe aussi en DVD)

Les Jeux de Marie (SUPRAPHON)

Petit mémento pour les interprètes

Martinů a écrit pour le bonheur de tous les musiciens, de toutes les formations musicales. Le catalogue en ligne du site https://www.martinu.cz permet de trouver toutes les références des œuvres selon le n° H. du catalogue Halbreich, selon le titre, etc., et, en cliquant sur le titre, d'en avoir les détails très précis. (éditeur, première, interprètes créateurs, etc.).

Musique pour un instrument

La musique pour piano est considérable : depuis les œuvres majeures ( Sonate pour piano, Fantaisie et Toccata), les Préludes, des cycles et des miniatures don't beaucoup sont des joyaux

Les miniatures pour clavecin

Vigilie pour orgue (seule œuvre pour orgue)

Duos

Trios

Quatuors

Quintettes

Sextuors

Septuors

Nonets

Choeurs a capella

Choeurs avec instruments

Cantates avec orchestre

Mélodies

Opéras

Ballets

Orchestre

Orchestre de chambre

OEuvres majeures : Concerto grosso, Tre Ricercari, Double concerto, Toccata e due canzoni, Sinfonietta La Jolla.

Concertos

Programmer ou interpréter les oeuvres de Martinů

Pour les musiciens et les organisateurs

Souvent, les interprètes qui ont inscrit Martinů à leur répertoire ont du mal à convaincre les organisateurs de programmer ses œuvres en concerts et festivals.

Est-il vraiment nécessaire qu'un compositeur ait à son actif une œuvre emblématique dont le thème soit « populaire » et que l'oreille même la moins avertie y associe immédiatement son nom pour figurer au rang de ceux fréquemment joués ? C'est faire injure à une musique comme celle de Martinů qui contient nombre de pièces parfaitement capables d' « accrocher » l'auditeur, comme les Fresques de Piero della Francesca, le Double Concerto, les Bergerettes… Pour la radio, on trouvera sans peine des extraits se prêtant idéalement à l'introduction d'émissions. Les droits à payer rebuteraient-ils certains ?

Renseignements pratiques sur les droits

Le copyright des œuvres de Martinů est régi par la Fondation Bohuslav Martinů à Prague selon le testament de sa veuve Charlotte. Les autorisations d'utilisation des œuvres de Martinů, essentiellement les exécutions en concert, s'obtiennent auprès des sociétés des auteurs et compositeurs dans les divers pays (Sacem en France, Sabam en Belgique). Ces sociétés fournissent tous les détails nécessaires.

Le montant des droits varie selon les pays ; ils sont reversés à l'organisme répartiteur en République tchèque qui lui-même les distribue aux auteurs, éditeurs et autres ayants droit. Les conditions sont différentes pour les représentations scéniques (opéras, ballets) ainsi que les retransmissions image et son. Dans ces cas, il faut s'adresser à l'éditeur ou son représentant local chargé de négocier les conditions. Les adresses figurent en général sur les partitions. Le catalogue des œuvres de Martinů contient aussi ces références éditoriales. On peut encore s'informer via le site Internet de l'Institut Martinů (www.martinu.cz). Les conditions sont semblables pour le matériel. Les musiciens peuvent louer directement les partitions auprès des éditeurs ou de leurs représentants dans le monde. Tous les éditeurs sérieux répondent à ces questions. Les principaux éditeurs de Martinů sont : Bärenreiter (Editio Supraphon), Boosey & Hawkes, AMP, Schott (Panton), Universal.

Le mouvement Janáček

Sous l'impulsion de son fondateur Guy Erismann, le Mouvement Janáček a mené pendant vingt ans un travail en profondeur pour que Janáček fût connu et reconnu en France à sa juste valeur et obtînt une place méritée parmi les compositeurs dont les œuvres sont au répertoire de nombreux interprètes et attirent le public.

A l'occasion du cinquantenaire de la mort de Bohuslav Martinů, le Mouvement Janáček revient sur ce qu'affirmait Guy Erismann en octobre 2005 de la nécessité d'entamer dans ses Cahiers une approche méthodique de l'œuvre de Martinů, ce compositeur qui fut si longtemps parisien. Le Cahier 57 de décembre 2008 fait ainsi une large place à Bohuslav Martinů et se prolongera par deux autres Cahiers en 2009 et deux autres encore en 2010 où nous aborderons effectivement l'œuvre de Martinů d'une manière systématique.

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Le Mouvement Janáček, qui fêtera ses 25 ans en 2010, souhaite élargir ses rangs. Loin de se limiter à la musique de Janáček, il a vocation à couvrir toute la musique tchèque que l'on sait très riche. Si vous voulez suivre les activités du Mouvement Janáček, ne manquez pas de consultez le site mouvementjanacek.org qui vous donnera tous les détails pratiques ou contactez-nous directement (voir ci-dessous). Le Mouvement Janáček édite chaque année deux Cahiers qui sont réservés à ses membres. Ils sont une source d'informations essentielles pour qui aime la musique tchèque.

Éléments bibliographiques

Il existe en français un ouvrage de base pour apprendre à connaître Martinů, c'est la biographie écrite par Guy Erismann ( Bohuslav Martinů, un musicien à l'éveil des sources, Actes Sud, 1990, 399 p. ). Par ailleurs, Harry Halbreich a établi le catalogue des œuvres avec documentation et biographie en allemand (Zurich 1968, édition mise à jour en 2008) ouvrage malheureusement non traduit en français. En anglais, allemand et tchèque, il existe une abondante bibliographie et on mentionnera tout particulièrement les ouvrages fondamentaux de Miloš Šafránek et de Jaroslav Mihule. (Le site de la Fondation Martinů https://www.martinu.cz donne le détail de toutes ces publications).

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Plaquette préparée par Gauthier Coussement
Le Mouvement Janáček
Secrétariat : Geneviève Chaduteau Ricou
4, rue du Général de Castelnau
75015 Paris
33 (0)1 45 67 15 19
genevieve.cecile@gmail.com
https://www.mouvementjanacek.org


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Mardi 30 Janvier, 2024