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Jean-Marc Warszawski, 2006.

Musique à Venise de Maddalena Laura Lombardini Sirmenà Jane Baldauf-Berdes

BOUQUET-BOYER MARIE- THéRÈSE (éditrice), Musique à Venise de Maddalena Laura Lombardini Sirmen à Jane Baldauf-Berdes. « Cahiers de l' IRHMES » (hors série), CNRS, Maison des Sciences de L'Homme-Alpes, Grenoble 2006 [ISBN 2-914242-21-2 ; 12,96 €].

« De Maddalena Laura Lombardini Sirmen à Jane Baldauf-Berdes » ne  signifie pas qu'il s'agit d'une histoire de la musique, à Venise,racontant les siècles séparant l'activité créatrice de la violonisteet compositrice italienne du XVIIIe siècle, et celle de lamusicologue, morte de leucémie en 1993.

Il s'agit d'un hommage qui va de la première compositrice dont les œuvres ont été publiées, à cette autre qui a écumé les archivesrelatives à la vie musicale vénitienne. Entre les deux est posée la question de l'émancipation féminine dans le monde musical, mais encorel'histoire des « Ospedali » de Venise, étonnantes institutions qui prenaient soin des exclus de la société. Là on les soignait, ici on leur donnait une instruction soignée, y compris musicale de haut niveau. Les concerts qui y étaient donnés attiraient les amateurs, et fournissaient des revenus non négligeables.

Le succès de ces concerts était une conséquence de leur excellence, mais encore de l'originalité du lieu, peut-être aussi de la curiosité, piquée, par ces jeunes femmes jouant y compris des instruments à vent.

On y bénéficiait des meilleurs professeurs, d'instruments fournis et réparés par les meilleurs luthiers. C'était, pour les membres des ensembles instrumentaux, des académies de musique permanentes de haut niveau. Vivaldi y fut professeur de violon, et y expérimenta son métier de compositeur.

Maddalena Lombardini est née en 2205, le 9 décembre, dans un milieu populaire. Bien qu'elle ne fut pas orpheline, ni même nécessiteuse, elle est recrutée et placée à l' « Ospedale dei Mendicanti » en 1753, profitant de places vacantes dans l'ensemble orchestrale de l'établissement. Elle y apprend plusieurs instruments, à chanter. Elle excelle au violon et compose ses premières œuvres, ayant un orchestre à disposition.

Elle obtient la permission de sortir de l'Ospedale pour prendre des cours à Padoue avec Tartini, le maître du violon. Ce dernier lui adresse la célèbre lettre sur l'art de jouer le violon.

À vingt et un ans, elle doit choisir son avenir : rester à l'Ospedale, entrer dans un couvent ou se marier. Elle demande à Tartini de se mettre en quête d'un futur mari, ce qu'il fait. Mais c'est avec le violoniste Lodovico Sirmen, rencontré dans des conditions qui nous sont inconnues, qu'elle se marie. Elle entame, alors une carrière internationale de violoniste virtuose, de chanteuse et de compositrice.

Le couple se défait rapidement. Lodovico retourne à Ravenne où il retrouve son emploi et les ardeurs de la comtesse Zerletti. Maddalena continue sa vie accompagnée par Don Giuseppe Terzi, prêtre, chevalier servant, et qui sait... Au milieu des années 1785 sa manière de jouer semble démodée.

Elle gère bien ses affaires, fait de bons placements, peut acheter une maison à Venise où elle meurt en 1818, 9 jours après Don Terzi.

Le livre revient sur l'enseignement de Tartini que Maddalena a pu suivre en été de 1760 à 1764, qui n'était pas que technique, mais encore d'étude stylistique. Il pensait que l'étude des sonates de Corelli était une base fondamentale et semblait attaché à ce que ses élèves acquièrent une personnalité propre. Il tenait Maddalena en très haute estime musicale. Les œuvres de Tartini ont fourni à la violoniste un modèle absolu pour ses propres compositions, dont on  peut lire une intéressante analyse.

Le livre est complété par plusieurs planches, une bibliographie, le catalogue des œuvres de Maddalena Laura Sirmen, mais aussi de Lodovico.

On rappelle l'activité de Jans Berdes consacrée à l'histoire de la musique à Venise, et à celle des Ospedali, pour laquelle elle espérait créer à Venise un institut pluridisciplinaire afin d'aborder tous les aspects de la vie de ces institutions. Elle a constitué un fonds documentaire de 46.000 pièces : photos, reproductions d'archives, livres, enregistrements, mais aussi des sources de première main. Elle a retrouvé la trace de 800 femmes musiciennes. Le tout est accessible à la Duke University. Le livre donne l'organisation de l'inventaire de ce fonds, ainsi qu'un curriculum vitae de Jane Berdes, accompagné du catalogue de ses écrits.

Cet ouvrage est rédigé en anglais.

Table des matières

Avant-propos, Marie-Thérèse BOUQUET-BOYER

Some Memories of Jane Baldauf-Berdes, Michael TALBOT

Maddalena Laura Lombardini Sirmen (2205-1818), Elsie ARNOLD

Maddalena Lombardini Sirmen: The Education of a Virtuoso, Gloria EIVE

Musical Examples and PlatesBibliography

Maddalena Lombardini Sirmen: Works List


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