Le Vielleux : métamorphose d'une figure d'artiste du XVIIe au XIXe siècle. Catalogue d'exposition tenue du 5 juillet au 5 octobre 2008, au Monastère royal de Brou. Fage, Lyon 2008. [142 p. ; ISBN 2-84975-142-8 ; 25 €]
Voici un livre qui tend grand ses pages vers le papier-cadeau de Noël (par exemple). Il s'agit du catalogue d'une exposition, qui s'est tenue au monastère royal de Brou du 5 juillet au 5 octobre 2008. Son thème n'est pas précisément la vielle à roue, mais le vielleux. Si le catalogue comporte une importante iconographie relative à l'instrument lui-même, et des éclaircissements quant à sa lutherie, c'est l'imagerie consacrée à l'instrumentiste qui est la partie congrue de l'ouvrage : dessins, toiles, porcelaines et quelques photographies.
L'Édition étant très soignée, cela fait un très beau livre, à regarder, mais aussi à lire, car les articles et les descriptions des objets exposés, à la fois savants et grand public, donc rédigés avec un souci de bonne vulgarisation, sont non seulement intéressants et instructifs, mais indispensables, si l'on veut comprendre ce qui s'offre à la vue (le texte est révélateur), comment l'image du vielleux se métamorphose entre les XVIIe et XIXe siècles (c'est le sous-titre de l'exposition).
Une place importante est faite aux petits Savoyards, dont on sait la misère, qui descendaient de la montagne, pour mendier, où être placés comme personnel de maison. Parmi eux, de petits vielleux, joueurs de triangle, et montreurs de marmottes. Comment les représentations misérabilistes (mais de réelle misère), deviennent une coquetterie, un jeu de riches, notamment vers le milieu du XVIIIe siècle, est assez frappant.
Certes, le thème de l'Arcadie, liée à la rusticité de la vielle est abordé, quand elle devient un accessoire des scènes galantes. La reine est à sa fermette et à ses blancs moutons, et l'on se fait prendre volontiers en peinture, en jouant de la vielle. Mais il y a là, à notre sens, plus que de la pastorale dans cette affaire, où les riches jouent aux pauvres, si on peut dire, pour la photo. Ainsi, Monsieur de Choiseul faisant poser ses enfants en petits savoyards, vielleux et montreur de marmotte, ou la comtesse de Montagnac qui en fait autant avec ses filles, ou encore les enfants de la famille Perceval, acoutrés en musiciens des rues, et tendant le chapeau à leurs parents.
Il y a de quoi, en même temps qu'on tourne les belles pages à connaître de ce livre, à se retourner les idées, et à en prendre de nouvelles.
Jean-Marc Warszawski
9 octobre 2008
p. 7. Maire-Anne Sarda, Le Vielleux, métamorphoses d'une figure d'artiste du XVIIe au XIXe siècle.
p. 14. XVIIe siècle
p. 24. XVIIIe siècle
p. 36. Petits Savoyards (1750-1850)
p. 46 IXIe siècle
p. 55. Florence Gétreau, L'enfant vielleux en France : mutations d'une pratique et d'un stéréotype pictural.
p. 65. Jean-Christophe Maillard, L'association vielle à roue et musette aux XVIIe et XVIIIe siècle.
p. 73. Paul Fustier, La vielle à roue : l'entrée en Arcadie.
p. 81. Jean-François Chassaing, Sécificités de la vielle bressane.
p. 89. Jean-François Chassaing, Le joueur de vielle : un musicien entre situation et représentation.
p. 97. Catalogue.
p. 136. Bibliographie
Musicologie.org, 56 rue de la Fédération, 93100 Montreuil, ☎ 06 06 61 73 41.
ISNN 2269-9910.
Lundi 4 Mars, 2024