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par Alain Lambert, 2013

Charles Calamel : « Le jazz : un modèle pour apprendre »

Le Jazz : un modèle pour apprendre

Calamel Charles, Le jazz : un modèle pour apprendre : De la musique à une construction de soi (postface par Alain Vulbeau). « Terrains sensibles », L'Hamattan, Paris 2013 [204 p. ; ISBN 978-2-336-00354-2 ; 20 €].

À l'ouverture du livre, avec son titre très universitaire, on devine derrière une thèse en sciences de l'éducation, comme le confirme la bibliographie et l'intitulé de la collection : Terrains Sensibles.

Mais il y a aussi le fait que l'auteur est contrebassiste de jazz et que le hors titre du livre Insiders renvoie à la notion d'intériorisation, d'intériorité et d'initié.

Alors on le lit avec curiosité. En tant qu'ancien musicien de jazz et auditeur passionné, cette théorisation de ce qui est, « du jazz, transférable dans les champs de l'éducation, de la formation et des enseignements artistiques » s'avère un questionnement foisonnant sur la question de l'appartenance et de la différence produite par l'adoption d'un style de musique marqué par l'oralité (non pas celle d'avant l'écrit, mais celle qui prime sur l'écrit), liée à l'improvisation, par le swing, mais aussi par une vision du monde métissée, ouverte à l'autre, à ses apports, et par une relation choisie à l'origine, à l'histoire.

En fait ce livre ne concerne pas seulement les éducateurs et les musiciens, mais aussi les simples amateurs, « musiciens sans instruments », qui s'impliquent dans leur passion et bougent, applaudissent, sifflent, rythment du pied et des mains, commentent pour rajouter au plaisir et le faire durer un peu plus. Et si le fait de rejouer une mélodie passée en l'actualisant par l'improvisation est une victoire sur le temps qui fuit, le fait de la réentendre autrement vaut aussi pour l'auditeur « initié ». Ces pistes de réflexion peuvent sans doute être adaptées à d'autres musiques populaires... et intéresser bien plus que les lecteurs spécialisés sur cette dimension de la construction de soi.

La deuxième partie, intitulée Insiders justement, interroge des musicien(ne)s sur la relation réfléchie à leur musique et leur pratique, avant un final sur Le jazz comme science d'éducation. Et une jolie coda sur le Lonely Woman du Modern Jazz Quartet.

A signaler une erreur dans la dernière note de la page 26, à propos du fait que « le  premier disque date de 1917. Il est enregistré et gravé par une formation de musiciens blancs », l'auteur précisant en cinquième note : « Original Dixieland Jazz Band, orchestre de King Oliver, avec Louis Armstrong comme second trompette. »

Or, en 1917, s'il s'agit bien de l'ODJB, conduit par Nick la Rocca et ses collègues blancs — ce qui n'est pas pareil —  King Oliver, lui, enregistrera en 1923, avec Satchmo, effectivement, et le Creole Jazz Band, le premier disque de jazz noir officiel !  Même si Mamie Smith l'avait précédé en 1920. Mais c'est une autre histoire, un article à venir sur « la question des origines entre blues et jazz ».

Alain Lambert
2013


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