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La désignation de Kazuki Yamada « Chef Principal invité » amorce une transition à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo
Le 20 novembre 2013, par Jean-Luc Vannier ——
Ils se sont chaleureusement donné l'accolade. Mais celle-ci procurait plutôt le sentiment d'amorcer un passage de témoin. Tout en douceur comme cela doit se dérouler sur le Rocher. Lors d'une réception, mercredi 20 novembre, à l'Hôtel de Paris de Monte-Carlo, le Directeur Artistique et Musical de l'Orchestre Philharmonique (OPMC) Gianluigi Gelmetti a présenté le jeune chef d'origine japonaise de 34 ans Kazuki Yamada, désigné « Chef Principal invité » à partir de la saison 2014/2015. Un « choix », est-il précisé dans le dossier de presse aux mots savamment pesés, « proposé par le Directeur artistique à SAR la Princesse de Hanovre » qui, en tant que « Présidente du Conseil d'Administration a bien voulu valider cette proposition». Certes, Kazuki Yamada n'est pas un inconnu en Principauté. Dans son modeste discours, il a lui-même tenu à rappeler qu'il avait déjà « joué trois fois » avec l'OPMC : en 2011, en remplacement du regretté Yakov Kreizberg, précisant qu'il avait trouvé un « orchestre très attristé » et qu'il avait quand même « déjà pu nouer une bonne relation avec les musiciens » à ce moment là. En 2012, en dirigeant la Symphonie no 3 de Beethoven, dite « Héroïque » et, cet été, pour un concert de gala au Palais princier. Malgré toutes les inconnues qui l'entourent — une « présence » pour quatre semaines réparties sur l'ensemble de la saison à venir sans savoir quel concert dirigera celui qui réside pour le moment à Berlin — cette désignation donne un coup d'accélérateur à « la politique artistique générale, voulue par SAR la Princesse de Hanovre, et placée sous le signe de la jeunesse ». Voire du rajeunissement puisque l'actuel Directeur artistique, qui avoisine les soixante-dix ans, a décelé dans cette arrivée un « esprit de renouvellement » correspondant à un orchestre dont « la moyenne d'âge est de quarante ans » et qui attend « une autre jeunesse » dans « l'esprit de la programmation ». Peut-être n'est-ce pas seulement une question d'âge tant semblent « immenses » les « attentes » des musiciens dont certains assistaient à cette cérémonie. L'OPMC a en effet vécu comme un véritable « trauma » le cinglant article de Christian Merlin d'avril 2013 sur les risques de voir cet « orchestre international » redevenir une « honnête phalange de province » après la confirmation du « chef référent » Gianluigi Gelmetti au poste de Directeur Artistique et Musical. Au point, selon l'un des musiciens, de tenir la nomination du jeune prodige diplômé d'une formation de chef d'orchestre à la Tokyo National University of Fine Arts & Music, pour « une bulle d'air extrêmement positive ». Gianluigi Gelmetti n'a d'ailleurs pas tari d'éloges sur celui qui, à terme, pourrait prendre sa place, évoquant « l'un des chefs les plus recherchés au monde », se félicitant de « son humilité devant la musique en acceptant que le compositeur l'emporte sur le dirigeant », reconnaissant en lui « son sérieux, sa préparation » ainsi que sa « fantaisie ». De leur côté, les instrumentistes monégasques qui ont eu l'occasion de jouer sous sa direction mentionnent « ses facultés de communiquer », son « invitation adressée aux instrumentistes à s'exprimer dans son interprétation », « le surcroit d'énergie qu'il insuffle au moment du concert » et sa « capacité à fédérer », d'être un « centre de l'union » pour l'Orchestre. Plusieurs d'entre eux estiment même « qu'il a beaucoup mûri en trois ans, depuis leur première collaboration en 2011 ».
Après les avis du Directeur Artistique et ceux des musiciens, il convenait de solliciter directement celui de l'intéressé. Très au « fait de la situation », conscient des « espoirs » qu'il suscite malgré le « flou » sur ce qu'il allait faire à partir de la saison prochaine, Kazuki Yamada a expliqué, au cours d'un rapide entretien, qu'il souhaitait « apporter à l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo ce qu'il avait lui-même appris lors de ses expériences précédentes à l'international ». « Si je peux aider l'OPMC à grandir », avait-il précisé auparavant dans son discours plus officiel, expliquant en outre ressentir une « sorte de destinée avec cet Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo ». Sans le savoir, la rencontre entre les musiciens de la Philharmonie monégasque et leur futur dirigeant a peut-être déjà eu lieu.
Nice, le 20 novembre 2013 À propos .
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