Photographie © Sept doigts de la main/Séquence 8.
Ils jonglent avec d'insaisissables objets, grimpent comme des geckos au sommet d'un lampadaire, virevoltent avec aisance dans les airs. Leurs corps adroits, élastiques et souples exécutent d'ardus mouvements de salto, de trapèze, d'anneaux ou d'équilibriste sur une barre russe. Ils dansent par surcroît à merveille, jouent une saynète silencieuse fondée sur la seule expiration du souffle ou improvisent avec talent un rythme nourri d'onomatopées. De la pitrerie délirante à la parole grave, heureuse sanction d'un exigeant labeur en art dramatique et en expression corporelle, chacun de leur accomplissement dynamique — c'est sans doute le plus exceptionnel dans leur exhibition — soutient une pensée intimiste, une ambassade conceptuelle.
Autant dire que, vendredi 20 juillet à l'invitation du Monaco Dance Forum, Eric Bates, Ugo Dario, Colin Davis, Devin Henderson, Alexandra Royer, Maxim Laurin, Camille Legris et Tristan Nielsen, tous membres pour le moins « actifs » de la Compagnie « Les 7 doigts de la main », ont littéralement scotché le public du Grimaldi Forum dans leur nouveau spectacle « Séquence 8 ».
Photographie © Sept doigts de la main/Séquence 8.
Les remarquables performances physiques de cette gymnique chorégraphique ne sauraient en effet occulter l'intensité et la finesse émotionnelles de leurs prestations. Dans la magnifique danse collective de l'introduction, le morcellement des figures où les corps semblent se rejeter à peine entrés en contact, expriment l'impossible rencontre binaire. Cette belle exécution illustre l'un des messages sociologiques volontairement portés par les artistes. Lesquels sont aussi quelque peu philosophes. Ou psychanalystes : en témoigne cette superbe scène où le simple fait d'ôter un vêtement leur permet de rappeler avec éclat la prééminence de l'enveloppe psychique corporelle, le « moi-peau ». Un geste banal qui, sous la créativité artistique de Shana Carroll et de Sébastien Soldevila, revêt une dimension fantasmatique doublée d'une sensualité épurée.
Photographie © Sept doigts de la main/Séquence 8.
Ce n'est pas le moindre de leur génie de post-adolescent que d'avoir su créer une osmose immédiate, attachante, avec la salle. Celle-ci le leur a bien rendue à l'issue de la soirée en les honorant d'une ovation debout et particulièrement enthousiaste.
Photographie © Sept doigts de la main/Séquence 8.
Nice, le 23 juillet 2012
Jean-Luc Vannier
© musicologie.org
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