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3 novembre 2011, par Eusebius.

L'Orquestra Gulbenkian, dirigé par Simone Young à Lisbonne

Sans mépriser le fado, il y a aussi autre chose à écouter à Lisbonne, et beaucoup de capitales pourraient envier la riche programmation musicale de la Fondation Gulbenkian.

Au grand auditorium, Lawrence Foster a cédé ce soir la baguette à Simone Young pour un programme courageux, avec la participation du percussionniste Pedro Carneiro.

La première partie fait la part belle à la percussion, avec une pièce de Denissov pour vibraphone solo, Nuages noirs (de 1984), puis avec Cassiopeia (1971) de Takemitsu dont on entend moins les œuvres depuis sa disparition, semble-t-il. Celle-ci qui voit dialoguer et opposer quatre groupes de percussions, répartis en W dans l'ensemble orchestral.

Ce programme d'exception sera suivi, la semaine prochaine, de la création portugaise des Momente de Stockhausen par Peter Eöstvös.

Les Nuages noirs de Denissov sont une suite de nocturnes fluides, séduisants, où l'on peine à s'accrocher à quelqu'élément de langage. Mais les nuages parlent-ils notre langue ? Le percussionniste s'efface dans l'obscurité, quelques rares et timides applaudissements d'un public visiblement déconcerté, et la scène s'illumine.

Superbe ! Visuellement déjà : le fond de scène s'ouvre sur le parc arboré, et illuminé, dont la verdure s'harmonise parfaitement avec les tonalités sombres des bois exotiques qui tapissent la salle. Acoustiquement ensuite : un équilibre parfait entre la clarté et la rondeur homogène des ensembles.

La signature de Takemitsu est évidente, dès les premières mesures de Cassiopeia, synthèse aboutie des deux traditions culturelles, occidentale et japonaise. L'œuvre illustre parfaitement cette citation du compositeur : « L'inconnu ne se trouve ni dans le passé, ni dans le futur, mais en réalité, tout juste dans le présent immédiat ».

Quant à la 3e symphonie de Scriabine « Poème divin », dirigée avec conviction par Simone Young, c'est l'illustration d'un postromantisme souvent emphatique, démesuré, qui s'inscrit dans un évident postwagnérisme. Orchestre imposant, bois par quatre, huit cors, cinq trompettes, 3 trombones, tuba, deux harpes, cordes nombreuses, et timbales. Mais ne boudons pas notre plaisir : c'est l'occasion d'apprécier particulièrement les cuivres, pleins, amples, irréprochables dans leur articulation et leur phrasé, les bois (dans la seconde partie « Voluptés ») dont les gazouillis ne sont pas sans rappeler les Murmures de la forêt de Siegfried.

Une excellente soirée donc, des œuvres inhabituelles, par d'excellents interprètes, dans un cadre inoubliable. Nous reviendrons à Lisbonne !

Eusebius
4 novembre 2011


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