L'exhibitionnisme est un phénomène en vogue dans la société actuelle. Résultante de l'illusion et la déviation, l'exhibitionnisme artistique est souvent influencé par des tendances narcissiques et se manifeste par le désir mesquin d'impressionner son public dans le seul but de s'affirmer, de se confirmer et surtout de se tailler une image de marque se dérobant ainsi du principe fondamental des arts d'expression qui est : « transmettre un message intelligible » et donc atteindre un objectif précis.
L'exhibitionnisme est souvent négatif pour sa tendance à poursuivre d'autres objectifs (secondaire) oubliant l'essentiel.
Les chefs de chœur exhibitionnistes se laissent découvrir et se trahissent sur scène par leur comportement souvent très débordant et leur tendance à s'écarter du vrai sujet. C'est ainsi qu'ils marchent sur l'œuvre qu'ils semblent exposer, effaçant le chœur qu'ils relèguent en arrière plan.
On découvre parfois difficilement leur agenda caché qui se caractérise par la recherche du bonheur ou de l'exploit personnel, la conquête en solitaire du succès basée sur l'exploitation de l'effort collectif, le désir farouche et mesquin de défendre ses propres intérêts ainsi que l'intention soit délibérée soit poussée de prouver quelque chose.
L'exhibitionnisme est d'une part l'exploitation de l'art par l'art et d'autre part l'exploitation de l'artiste par l'artiste.
Il est en effet plus qu'aberrant que le chef et son chœur ne soient pas sur la même longueur d'onde car la représentation chorale est par essence, plus une sommation d'expressions artistiques qu'une mise en évidence d'une au dépends des autres. Elle n'est ni un opus pour chef, ni un concerto pour maestro.
Les chefs exhibitionnistes sont des artistes qui aiment impressionner. L'une de grosses erreurs dont ils sont coupables est le fait de se faire une très haute opinion d'eux-mêmes.
Sur scène, ils se laissent dominer par le souci de tout incarner. C'est ainsi qu'ils se désolidarisent du chœur en devenant purement et simplement égoïstes et en cherchant à régner sans partage.
C'est à cette sorte de culte de la personnalité et de l'héroïsme que bon nombre de chefs se livre. Il leur arrive lors d'une représentation de tuer l'œuvre qu'ils utilisent comme tremplin pour s'exhiber et ce, dans une gestique relativement emphatique, fabuleuse, époustouflante et extraordinaire, ce qui, en réalité crée la confusion.
Faisant preuve de subjectivité, il leur arrive souvent de faire dire à la musique ce que celle-ci ne dit pas.
C'est ainsi que par leur débordement excessif, ils s'érigent souvent en véritable obstacle empêchant ainsi les auditeurs de bien pénétrer la musique.
Et ces derniers, souvent pris au piège lui consacrent toute leur attention à cause de ses excitantes sollicitations.
En fin compte, les auditeurs ne retiennent pas grand chose de l'œuvre présentée mais presque tout de la technique ou de l'expression grandiloquente du grand maestro qui s'est exhibé en solitaire sur scène.
Une telle attitude plus que déviationniste est condamnable, le chef de chœur n'a pas le droit de tenter de s'exhiber seul en sacrifiant l'important, c'est-à-dire l'œuvre.
Le Chœur a un principe indéniable et inviolable « L'individu doit s'effacer au profit de la collectivité »
Bon nombre de chefs de chœur, jeunes dans leur carrière et non encore parvenue à une certaine maturité, tombent facilement dans ce piège.
Il s'agit surtout de ceux qui ne cessent de croire que la beauté de la gestique est le seul paramètre déterminant la grandeur d'un chef.
C'est ainsi qu'il leur arrive souvent de critiquer et défier de vieux routiers dont les gestes ne sont pas aussi beaux que leur capacité à susciter un état d'esprit chez les exécutants.
On notera que ce n'est pas la gestique qui comptent le plus mais c'est la façon dont l'œuvre se construit et se restitue.
Sur scène, l'interprétation d'une œuvre chorale est un moment de grâce, il appartient donc à celui qui en assure la direction artistique de jouer un rôle beaucoup plus plastique pour amener les âmes aux firmaments du bonheur.
La beauté des gestes est sans doute une véritable grâce. Mais plus elle cède à la subjectivité plus elle rend le chef opaque par rapport au chœur et surtout à l'œuvre.
Le chef devra donc rester le plus transparent possible quelle que soit la qualité de ses gestes.
On notera que « la gestique est une expression et non une exhibition » et toute la technique qu'on lui apporte devra en réalité la rendre plus expressive, moins déviationniste et moins exhibitionniste, la musique étant un art d'expression et non un art d'impression.
Ambroise Kua Nzambi Toko
Le chœur a sa tête et sa queue
Le chœur a son centre et sa périphérie
Le chœur a son commencement et sa fin
Le chœur a son premier orateur et son premier auditeur
Le chœur a son grand acteur et son grand spectateur
Le chœur a son père et son fils
Le chœur a son maître et son élève
Le chœur a son médecin et son patient
Le chœur a sa force et sa faiblesse
Le chœur a sa solution et son problème
Le chœur a sa panacée et son poison
Le chœur a son petit dieu et son petit démon
C'est le chef de chœur.
Que d'expressions et proverbes à créerà partir des syllabes de Gui d'Arezzo
« Il faut que do domine sa tonalité » : Quand on est responsable, il faut se montrer entreprenant et savoir s'investir au plus haut niveau.
« Le do qui donne le ton » : c'est l'idée ou l'acte qui permet le démarrage
« Chanter en do majeur sans endommager » : C'est rester naturel, sans dénaturer les choses — C'est dire les choses telles qu'elles sont effectivemen — C'est dire la vérité et rien que la vérité
« Jouer en do mineur sans dominer » : C'est faire preuve de douceur et de maîtrise pour ne pas froisser les humeurs.
Un acte normal, exemplaire et extraordinaire envers un être cher ou un supérieur « Est un Hommage de mage
en do majeur »
Les plaintes, les jérémiades qui dérangent ses interlocuteurs sont comme « des airs en do mineur qui dominent les nerfs »
« Passer en Ré majeur sans rhéma » : C'est changer les choses sans mesurer les conséquences.
« C'est un Ré qui respire bien » : C'est une méthode qui marche bien, une idée géniale, Une parole qui apporte le bonheur, qui fait du bien au cœur.
« Le Ré a bien respiré » : L'acte a été bien accompli
« Le Mi ne fait pas la mimique » : Une décision doit toujours produire des effets — Une déclaration ouverte et ferme (sans détours).
« Un Mi qui ne fait pas la mimique » : Une décision qui s'exécute bien — Une loi qui s'applique bien
« Un Mi qui fait bonne mine » : Est tout ce qui paraît bon, qui impressionne.
« Un Mi qui miaule » C'est une action défaillante, qui cloche, qui échoue — Un idée creuse, un discours insipide, acte de mauvais goût
« Il faut que Fa refasse surface !» : Appel à l'engagement en vue de récupérer ou de reprendre une place, une position ou une situation perdue — S'engager à reconquérir un titre, à redorer le blason.
« Que Fa fasse face à ce qui l 'efface » : Il faut résister ou s'opposer à ceux qui peuvent vous détruire.
« Un solo sans sol ni son solennel » : Un discours creux, superficiel, sans fonds ni contenu intéressant ! Poser un acte sans éclat.
« Solmiser en sol mineur » : C'est tenir un discours dépassé
« Le La qui fait couler les larmes » : C'est toute cause ou tout acte ayant pour effet la désolation collective
« Le Si siffle même s'il est silencieux » : Ce qui est naturellement très sensible attire, touche et atteint toujours le cœurs.
Voulez-vous donner une autre explication à ces expressions ? Ecrivez à l'auteur.
Ambroise KUA NZAMBI TOKO
Compositeur, Chef de chœur
Président d'A Cœur Joie version RDCongo
2006
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Dimanche 25 Février, 2024