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Alain Lambert, 28 octrobre 2013.

« Jeux de mémoire(s) », regards croisés sur la musique. Recueil d'articles

Jeux de mémoire(s)

Giacco Grazia, Spampinato Francesco, Vion-Dury Jean (direction), Jeux de mémoire(s) : Regards croisés sur la musique. « Sémiotique et philosophie de la musique », Éditions de l'Harmattan, Paris 2013 [256 p. ; 978-2-343-00882-0 ; 27 €].

Ce recueil pluridisciplinaire d'articles d'universitaires, de musicologues, de psychologues, neurologues, médecins... et musiciens bien sûr s'interroge sur la relation entre mémoire et musique, et réciproquement, multipliant les approches et les points de vue, en partant du principe que  l'œuvre musicale ne pourrait exister sans « mémoires » : la mémoire du compositeur, celle de l'interprète et celle de l'auditeur.

Car la mémoire est un vaste sujet que les neurosciences voudraient bien réduire et simplifier, et que la musique, si l'on suit les philosophes comme Jankelevitch, Bergson, Ricoeur ou Merleau-Ponty, permet d'envisager dans sa richesse et sa complexité : parce que la musique construit, au cours de notre vie et selon notre intimité avec elle, une part plus ou moins importante de notre mémoire globale, et que chaque note ou groupement de notes réactive peu ou prou des zones entières de cette mémoire globale, la musique, qui, contrairement aux sons du langage n'a pas à véhiculer d'autres messages qu'elle même, donne accès à notre noyau identitaire, immédiatement, sans fonction préalable nécessaire, par exemple narrative, ou conceptuelle... (Musique, mémoire, identité : une approche bergsonnienne de Jean Vion Dury p. 67-68).

Et si Paul Ricoeur parle d' « ipséité », ou d'identité narrative, il parle d'une conception de soi fondée sur une capacité mnémonique qui implique la capacité à raconter (à se raconter à soi même en l'occurrence), fondée donc déjà sur une organisation du monde par objets placés en relation entre eux... Évidemment, dans la mesure où la musique s'organise comme discours, la parole, par sa nature, en est plus proche et l'exprime avec d'avantage de facilité et de congruence... Mais dans la mesure où la musique appartient à la dimension profonde de la chair du monde [Merleau-Ponty], la seule réception possible est la participation Nous en sommes participants lorsque nous jouons ou chantons, mais aussi lorsque nous dansons, suivons le tempo par une partie de notre corps, ou en suivant le mouvement par la voix, ou juste par la voix intérieure. (La mémoire non objectale et la signification de la musique de Danièle Barbieri (p. 75-76)

Car il ne s'agit pas simplement de raconter le monde, ou de l'expliquer, mais aussi d'y participer, ce que nous permet la musique, par ce profond et multiple travail de mémoire(s) dont essaie de rendre compte cet ouvrage qui peut se lire en fait de deux façons, soit en le parcourant pour piocher les réflexions sur la musique de manière vagabonde, et les méditer  tranquillement (Musique et mémoire : un jeu de cartes – L'initiation d'Orphée : mémoires du corps et imaginaire musical – Acte, objet, œuvre. Esquisse d'ontologie musicale – Œdipe, Mnémosyne, Euterpe, Orphée ? Regard psychanalytique sur les rapports de la musique et de la mémoire. Et tant d'autres titres évocateurs) ; soit en lisant tous ces articles de façon approfondie, dans leur densité riche de nombreuses références en notes.

plume Alain Lambert
28 octrobre 2013


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