Yves Chartier, Professeur d'histoire de la musique à l'Université d'Ottawa : Documents pour servir à l'histoire de la théorie musicale.
Coussemaker, Scriptores I, 282-292 ; édition critique : D. Harbinson, Corpus Scriptorum de Musica 29 (1976), utilisée ici.
À propos des tons <ou modes ecclésiastiques>, il faut voir en premier lieu en quoi consiste un ton, et d'où vient son appellation. Un ton, dans l'acception présente, est une certaine règle qui permet de classifier n'importe quel chant en fonction de sa finale.
Les tons sont au nombre de huit. Le premier est le protus authente, c'est-à-dire le premier par l'autorité1. Le second est appelé protus plagal, et il est une partie du premier. Le troisième est le deuterus authente, c'est-à-dire le deuxième par l'autorité. Le quatrième est appelé deuterus plagal, et il est une partie du troisième. Le cinquième est appelé tritus authente, c'est-à-dire le troisième par l'autorité. Le sixième est appelé tritus plagal, et il est une partie du cinquième. Le septième est appelé tetrardus authente, c'est-à-dire le quatrième par l'autorité. Le huitième est appelé tetrardus plagal, et il est une partie du septième. Les notes2 finales sont au nombre de quatre, à savoir : ré [D], mi [E], fa [F], sol [G]. Elles sont appelées finales parce que les tons susnommés se terminent normalement sur elles. Les finales secondaires [affinales] sont au nombre de trois, à savoir : la [a], si [b], ut [c]. Elles sont dites finales secondaires parce qu'elles peuvent se substituer aux quatre finales <régulières> : ceci peut survenir lorsque certains tons ne peuvent se terminer sur leurs finales propres, soit à cause de leur extension à l'aigu, soit à cause de leurs formules cadentielles propres [principia] : ils se terminent alors sur les finales secondaires. Le premier et le deuxième tons se terminent sur ré, qui est la première des finales ; les troisième et quatrième : sur mi ; les cinquième et sixième : sur fa ; les septième et huitième : sur sol. Les pièces du premier ton, du troisième, du cinquième et du septième montent davantage à l'aigu mais descendent moins au grave que les pièces appartenant à leurs plagaux. Ils peuvent, en effet, monter jusqu'à l'octave, la neuvième ou la dixième au-dessus de leurs finales respectives, et descendre un ton sous celles-ci. Mais le premier ton, en vertu de sa constitution [auctoritatis], peut descendre jusqu'au la grave3. Les pièces en plagal, elles, peuvent s'élever jusqu'à la quinte ou à la sixte au-dessus de leurs finales respectives, et descendre sous celles-ci jusqu'à la quinte. [Ex. mus. à venir] Quant aux pièces qui ne montent pas si haut ni ne descendent si bas, elles se maintiennent dans un ambitus restreint : nous dirons que si elles ne montent pas jusqu'à la quinte, elles appartiennent au plagal. Si, au contraire, elles l'atteignent souvent mais ne descendent pas tout à fait jusqu'à la finale, elles appartiendront aux authentes. Pour ce qui est de leurs raccords mélodiques [differentiis] ou formules cadentielles [principiis], aucune règle musicale n'a pu en déterminer le nombre propre à chaque ton. L'usage variant selon les villes, le nombre de formules varie aussi : davantage à un endroit, mais moins en un autre.À propos - contact | S'abonner au bulletin | Biographies de musiciens | Encyclopédie musicale | Articles et études | La petite bibliothèque | Analyses musicales | Nouveaux livres | Nouveaux disques | Agenda | Petites annonces | Téléchargements | Presse internationale | Colloques & conférences | Collaborations éditoriales | Soutenir musicologie.org.
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Mardi 24 Janvier, 2023