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26 novembre 2013, par Jean-Marc Warszawski ——

Hélène Tysman une chopinienne convaincue

Mardi 26 novembre, quartier de l'Hôtel de Ville, un café réputé calme (faut voir). Hélène Tysman a eu la gentillesse de nous accorder un peu de son temps pris sur la préparation et le peaufinage intensifs de plusieurs programmes.

Ambiance de café calme.


Il sera question du récent enregistrement des Ballades de Chopin par Hélène Tysman, beaucoup de Chopin, un peu du spectacle Chopin / Musset qu'elle donne avec Francis Huster, et d'un autre spectacle, Debussy / Edgar Poe avec Yanowsky, en tournée avec les JMF.

Hélène Tysman,  Ballades de Chopin

Jean-Marc Warszawski : Vous êtes née dans une famille musicante. La musique a été pour vous un quotidien naturel. Malgré cela, gardez-vous un souvenir musical particulièrement marquant de votre enfance ? Des bonheurs, des effrois ?

Hélène Tysman : Beaucoup dans le travail de tous les jours. Mais en fait, le premier contact avec la musique est mon père qui m'a appris la musique avant même que je sache lire et écrire. Cela m'amusait énormément, c'était comme un jeu, avec des moments très drôles. Quand on est petit, on n'a pas toujours envie de travailler, il savait nous y remettre moi et ma sœur, c'était un peu plus difficile.

JMW : Cela ne mène pas nécessairement au métier et à la carrière, on peut devenir mélomane averti ou musicien amateur.

HT : La question ne s'est jamais posée. J'ai toujours su que je me consacrerais à la musique, qu'il était évident que j'en ferais ma vie, notion de métier ou pas. Je ne peux pas m'imaginer aimant la musique de l'extérieur.

jmw : Pourquoi Chopin ?

HT : Mon père venant de Pologne, il y a peut-être des affinités culturelles inconscientes. Nous écoutions beaucoup d'enregistrements de la musique de Chopin à la maison. Au départ, je n'avais pas trop d'affinités, je trouvais sa musique trop difficile. Par la suite, je m'y suis remise, car pour la technique pianistique c'est un répertoire incontournable.

Plus tard, lorsque j'étais à la Hochschule für Musik de Cologne, mon professeur Pierre Laurent-Aimard qui voulait me faire travailler le son, m'a demandé de lui présenter un nocturne de Chopin. Et là ça a coulé de source, c'était une évidence. Lorsqu'on m'a proposé d'enregistrer un premier disque, cela ne pouvait pas être autre chose que les Préludes.

jmw : Puis il y a eu les Ballades...

HT : Avec les Ballades, j'ai voulu mettre en avant l'extrême lyrisme de la musique de Chopin, en complétant le double album par d'autres pièces.

jmw : Il est indiqué « volume 2 », un troisième en vue, une intégrale ?

HT : Tout le monde me pose cette question ! Le « 2 » indique seulement qu'il y a un précédent. Mais pourquoi pas. Un troisième, certainement.

JMW : Il existe beaucoup d'enregistrements consacrés à la musique de Chopin. Que pensez-vous apporter ?

HT : ... Il y a tellement d"immenses pianistes qui ont enregistré Chopin. J'ai écouté, pour les Préludes comme pour les Ballades, toutes les versions possibles... Parmi elles des versions sublimes... Malgré tout, il n'y avait pas la version qui me comblait et peut être n'y aura-t-il jamais cette version. C'est une idée rassurante. Quant aux Ballades, il y a un million de versions possibles. Ma propre interprétation évolue et change d'un concert à l'autre.

JMW : Pourriez-vous définir le charme qu'exerce sur vous la musique de Chopin ?

HT : La modernité, la richesse, le raffinement dans le détail, l'extraordinaire palette de couleurs. Le dosage, le positionnement, la modulation de chaque harmonie. Il explore jusqu'au bout un monde impalpable, comme les poètes qui agencent des mots n'allant pas naturellement ensemble.

JMW : La différence entre le disque et la scène ?

HT : Énorme. C'est Glenn Gould qui a révolutionné l'enregistrement et lui a donné un statut particulier. Ce n'est ni mieux ni moins bien que la scène, c'est particulier. C'est un laboratoire ou l'on peut aller au maximum de ce qu'on recherche. En studio, le temps s'arrête, c'est un arrêt sur images.

jmw : Vos études, réparties en pas mal de lieux en Europe montre votre goût pour les horizons ouverts. Qu'y a-t-il en dehors de Chopin ?

HT : J'ai aussi d'autres projets, le prochain disque sera certainement consacré à Bach abordé avec une certaine liberté d'interprétation, pas à la manière carrée des concours.

JMW : Le répertoire contemporain ? Des commandes à des compositeurs ?

HT : J'ai la chance de travailler avec un compositeur passionnant, Françoi Meïmoun. J'ai créé sa première sonate il y a quelques années. Elle est toujours à mon répertoire. C'est une personne avec laquelle on peut vraiement discuter de la création, du rapport entre la composition et l'interprétation.

JMW : Êtes-vous satisfaite du spectacle que vous donnez avec Francis Huster ?

HT : Oui, et à chaque fois c'est différent. J'ai beaucoup aimé la dernière représentation Salle Gaveau, où Francis n'a pas respecté le déroulement prévu, mettant mieux en avant la luminosité de Chopin, sur un fond noir à la Rambrandt et la violence des textes de Musset.

JMW : Et votre spectacle avec le génial Yanowski du génial Cirque des mirages ?

HT : Cela s'appelle Ce qu'a vu le vent Ouest, qui mêle des préludes de Claude Debussy à La Chute de la Maison Usher d'Edgar Poe par Yanowsky. J'admire ce que fait le Cirque des mirages, je suis très heureuse d'avoir pris un peu la place du pianiste Fred Parker, mais c'est tout autre chose que le Cirque des Mirages, même si Yanowski conserve son expressionnisme exacerbé.

L'agenda d'Hélène Tysman

Hélène Tysman

22 novembre 2013. Montélimar, Auditorium Petrucciani. Ce qu'a le vent d'Ouesf. Yanowski, récitant, Hélène Tysman piano.

5 décembre 2013. Saint-Mandé (94), Mairie. Récital de piano : Bach (Fantaisie Chromatique & Fugue), Chopin (Quatre Ballades), Debussy (2 Préludes), Ravel (la Valse).

6 décembre 2013. 20h30. Fourmies (59), Théâtre Jean Ferrat. Ce qu'a vu le venf d'ouest.

17 janvier 2014. Bourg-en-Brie. Ce qu'a vu le vent d'ouest.

25 février 2014. Récital à Samara (Russie)

26 février 2014. Récital à Tolyatti (Russie)

16 mars 2014. Récital à la Altenburg Halle de Weimar

21 mars 2014. Ce qu'a vu le vent d'ouest.

22 mars 2014. Récital à la Zentralstation, Darmstadt.

12 juillet 2014. 19h30. Récital à la Wartburg, Eisenach. Concert-lecture de l'œuvre littéraire d'Ivan Alexejewitsch Bunin (1870 - 1953) Hélène Tysman, Piano, Dominique Horwitz, récitant.


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