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Dijon, Grand Théâtre, le 13 mars 2012, Eusebius.

Igor Tchetuev, un prince du piano

Qu'on me pardonne la facilité du titre…Igor Tchetuev est un maître du piano. Après un concert en novembre, en compagnie de Pierre Fouchenneret, consacré à Bartók, il nous revient dans un programme Liszt, sans surprise a-priori, si ce n'est de commencer par la sonate en si mineur.

Seconde surprise, il la joue avec la partition, ce qui est également rare, mais met à l'abri du trou de mémoire ou de l'approximation. On ne saurait l'en blâmer, dans la mesure où nous aurons droit à une version habitée de cette œuvre redoutable : construite, transparente, sans la moindre esbrouffe ni boursoufflure, intense et dynamique dans la poèsie comme dans les passages les plus intenses. La plus belle fugue que je crois avoir entendue. De surcroît avec un respect absolu du texte, ce qui est rare, il faut bien l'écrire. Un usage extrêmement fidèle et sobre de la pédale, comme peu d'artistes russes le pratiquent. Bref, un splendide modèle de cette œuvre si exigente, une maîtrise d'exception.

Les applaudissements fusent avant même que la résonance du piano soit éteinte, dommage.

Suivaient, deux Rhapsodies hongroises (n° 6 et 11). Sans doute beaucoup plus familières au pianiste, il les aborde avec une forme de décontraction jubilatoire : il semble que sa prodigieuse technique lui permette un jeu proprement ludique dont l'apparente facilité (le finale de la 6e à couper le souffle) offre plus qu'une simple séduction. Les tempi sont justes, légèrement retenus pour les passages élégiaques pour mieux souligner les progressions et les contrastes. La palette des couleurs est riche.

Quatre Études d'exécution transcendante pour finir. Chasse-neige, l'ultime du recueil, pièce irréelle, hypnotique et glaciale. Harmonies du soir, la célèbre, jouée ici comme si nous la découvrions pour la première fois : un chant aérien sur les sonneries de cloches. Feux follets, dont le mouvement perpétuel et le chatoiement fluide traduisent l'aspect surnaturel, féérique. Et, enfin, la Dixième, sans titre (Allegro agitato molto), qui conlut de la façon la plus brillante, et dans le plus pur style lisztéen, ce récital de qualité rare.

Igor Tchetuev, pianiste maintenant reconnu, trentenaire dont la matûrité musicale est avérée, est appelé à faire partie du gotha de sa génération. A côté des Matsuev, Mangova, entre autres, l'Ukrainien nous promet encore bien des bonheurs !

Eusebius
(14 mars 2012)


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