CHOPIN Le poète : Nocturnes op 9 n°1, op. 27
n°2, op. 32 n°1 ; Fantaisie-Impromptu op. 66 ; Mazurkas op. 17 n°4, op. 67
n°4 ; Polonaise op. 26 n°1 ; Valse op. posth. ; Ballade n°1 op. 23 ;
Nocturnes op. posth. 220 n°1 ; BI 49 ; BI 108 ; Valses op. 64 n°1 et 2, op.
69 n°1 (P 2007 Ligia digital Lidi 0103188-07 - Texte de présentation de L.
Martin). Distr. Harmonia Mundi.
Enregistrer Chopin aujourd'hui, c'est un peu comme
entrer dans la fosse aux lions. C'est, au pire, prendre le risque d'être
taillé en pièce par une critique dont les oreilles ont été nourries par
des générations de Rubinstein, Lipatti, Arrau, Kissin ou Tharaud ; c'est,
au mieux, prendre celui d'être ignoré…
Toutefois, les parutions d'aujourd'hui ne sont pas
légion, je parle des parutions marquantes qui ne sont ni des rééditions,
ni des enregistrements « industriels » où Chopin file sous les doigts
comme l'eau tiède du robinet. Les disques qui laissent dans l'âme de
l'auditeur cette impression magique d'avoir entendu non pas seulement une
interprétation mais véritablement une recréation de l'œuvre sont rares et
celui de Laurent Martin en fait partie.
Saluons le programme qui échappe à la traditionnelle «
intégrale » d'études, de valses ou de mazurkas. Sans autre intention que
celle d'aborder des œuvres qui lui sont chères, Laurent Martin nous invite
dans un récital composé de nocturnes, valses, mazurkas, ballade sans
oublier la célèbre Fantaisie-impromptu. Il revisite ces pièces dans un jeu
subjuguant par l'intensité, la maîtrise, la puissance et l'originalité qui
s'en dégage. Pour chaque pièce, le pianiste édifie une architecture
soutenue par des plans sonores magnifiquement agencés et une conduite du
phrasé exemplaire. S'appuyant sur des basses profondes et servies par un
rubato toujours juste, les mélodies naissent et se développent avec une
souplesse quasiment féline sous les doigts de l'interprète qui nous lègue
à l'évidence l'un de ses plus beaux disques.
Chopin le poète ? Oui, mais sans chichi ni faiblesse !
Les adeptes des interprétations alanguies ou vaporeuses fuiront le
flamboiement de cette vision aiguë qui marie sans concession violence et
délicatesse, rigueur et liberté.
Viviane Niaux
10 février 2008
Ce disque a reçu 5 diapasons dans une critique signée
Alain Lompech (février 2008).
Page de Laurent Martin
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