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Dijon, Auditorium, le 14 janvier 2011, par Eusebius

Denis Matsuev, ou l'excellence confirmée

Depuis son prix au concours Tchaïkovski de 1998, on connaissait Denis Matsuev par ses enregistrements : son excellence dans l'interprétation de l'école russe était connue. Après le second concerto de Tchaïkovski à Pleyel, avec l'Orchestre de Paris (qui l'accompagne une semaine en Espagne, toujours avec « les » Tchaïkovski), le jeune et athlétique Russe faisait une escale à Dijon. Programme sage et virtuose : Les Saisons – qu'il a gravées en 2005, les Tableaux d'une exposition, et la Méphisto- Valse.

Un premier choc : ces Saisons, douze pièces écrites par Tchaïkovski à la demande d'un éditeur pour être publiées mensuellement à destination d'amateurs éclairés, sont proprement transfigurées. Ce que l'on croyait être de séduisants divertissements sans prétention se muent en véritables chefs-d'œuvre. Tchaïkovski est omniprésent, son écriture lyrique, ses couleurs, sa science discrète aussi, sans aucune concession à la facilité. Un grand moment d'émotion.

Changement de programme pour la seconde partie. Point de Tableaux – tant pis pour ceux qui avaient fait le déplacement pour cette œuvre –, mais, après la Méphisto-Valse de 1860, le Carnaval de Schumann. On se prend à oublier la variété des  lectures antérieures : toutes les expressions schumanniennes sont poussées au paroxysme, de la joie haletante à l'hallucination,  c'est absolument stupéfiant de vérité, d'une maîtrise absolue du clavier au service d'une pensée musicale pleinement aboutie.

La Méphisto-Valse (première version), cheval de bataille de tous les virtuoses, était infernale, macabre, vertigineuse, comme on l'entend exceptionnellement.

Sans la moindre esbroufe, Denis Matsuev donne à tout ce qu'il touche une expression juste, vraie, qui soulève l'émotion et l'enthousiasme. Le public est conquis, et la générosité du pianiste nous offre pas moins de quatre bis, dont le premier mouvement de la Sonate en la mineur de Schubert, une transcription proprement folle, au sens technique, d'une pièce extraite du Peer Gynt de Grieg (« Dans le hall du roi de la montagne »), et une pièce jazzique éblouissante.

Donc, un très grand pianiste de 35 ans, dont la fulgurance de la carrière apparaît pleinement justifiée et – ô combien – prometteuse.

Eusebius
14 janvier 2011


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