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Jean-Marc Warszawski, 2 décembre 2012.

Créations au Brassage Brass Band

Créations, Brassage Brass Band

Créations, œuvres d'Olivier Calmel et de Dimitri Tchesnokov. Brassage Brass Band, direction Mathias Charton. Brassage Musique 2012 (BM-BBB-CD-001). Enregistré le 7 mars 2012 à l'église Saint-Jean de Montmartre de Paris et à la Sirène (Paris) le 11 mars 2012.

Cet enregistrement met à l'honneur deux jeunes compositeurs, deux élèves de Guillaume Connesson, qui ont déjà une œuvre importante derrière eux, et un ensemble instrumental peu usité, en France, sinon comme passe-temps populaire.

Dimitri Tchesnokov, tout juste trente ans, est né non loin de Kostroma en Russie. Il entre à l'École des arts de Kiev en Ukraine à l'âge de 10 ans, avant d'atterrir en France 6 ans plus tard.

Olivier Calmel, un peu plus âgé, a déjà un nom et de la renommée dans le monde du jazz et de la musique de film.

L'ensemble d'harmonie a une grande culture populaire. Il est de ce fait quelque peu méprisé, tant mieux quand des musiciens comme Mathias Charton font des efforts, qui portent leurs fruits, pour le faire sonner avec honneur, comme c'est le cas dans d'autres pays.

Ce disque est flamboyant, culotté, énorme.

Après le choral d'usage, répertoire de choix des orchestres d'harmonie anglais, il s'ouvre sur la symphonie archaïque en 5 tableaux et un épilogue de Dimitri Tchesnokov : grand romantisme épique, mystique, gothique, dans le sillage de Borodine. C'est une œuvre à programme, qui contrairement à l'Ouverture 1812 de Tchaïkovski, annonce plutôt le désastre que la victoire. On peut y faire son cinéma personnel, imaginer des scènes d'Ivan le Terrible d'Eisenstein, le fleurissement de quelques bribes du Sacre du Printemps, enfin, c'est russe de chez russe, slavophile a fond. On a aussi le choix d'interpréter les sirènes, pourquoi pas celles de la Symphonie des sirènes de Glière de 1909, les sirènes mythologiques, perdition des hommes, ou bien la Symphonie des sirènes d'Arseny Avraamov qui mit à contribution toutes les mécaniques bruyantes et hurlantes de Bakou en 1922, monument au monde nouveau en marche vers des bonheurs démesurés, ou encore les vraies sirènes annonçant le déferlement barbare des nazis qui ont martyrisé l'Union soviétique, ou celles annonçant les renoncements staliniens, ou encore celles virtuelles donnant l'alerte de la catastrophe de Tchernobyl, ou du futur champignon atomique qui s'élèvera définitivement victorieux. L'épilogue ne laisse pas de doute, c'est la cata.

Après ce déferlement, toujours au maximum expressif, Connected People d'Olivier Calmel tient la route. On est de l'autre côté du rideau de fer des Amériques de Berstein et Gershwing, des mélismes, rifs et rythmes jazz, mais avec la même habileté orchestrale, la richesse et l'épaisseur sonores, les éclats somptueux, et un discours toujours tendu et soutenu.

Dimitri Tchesnokov, Symphonie archaïque, début du 1er tableau.

Jean-Marc Warszawski
2 décembre 2012

1. Olivier Calmel, EChoral, 2012 ; 2-6 Dimitri Tchesnokov, Symphonie archaïque, 2009 (4 tableaux et 1 épilogue) ; 7-8. Olivier Calmel, Connected People,2011 (2 parties) ; 9. Pat Metheny et Lyle Mays, Minuano, 1987 (arrangement de Ray Far) ; 10. Alexandre Scriabine, Elavato, préludepour piano opus 35, n° 2, 1903 (arrangement de Dimitri Tchesnakov) ; 11. Mathias Charton, Brassage, 2011.


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