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4 mai 2004 —Jean-Marc Warszawski.

L'Album de Maria Szymanowska

Maria Szymanowska : Album, Carole Carniel (piano Pleyel 1846). Ligia Digital 2004, (Lidi 0103135-04)

Cela tient peut-être à la sonorité du piano Pleyel de 1846 : l'écoute de ce disque éveille en moi un sentiment de nostalgie : celui des lieux laissés intacts mais désertés par des gens morts depuis longtemps. C'est le son d'une époque qui n'est plus mais et qui dit encore la vie, la fraîcheur, l'élégance.

Dans ses lettres et dans les pages de son journal intime des années 1823-1824, Goethe dit la très forte impression que lui fit Maria Szymanowska, rencontrée en été à Marienbad et qui l'hiver suivant resta une quinzaine de jours auprès de lui à Weimar. La musique bien sûr, le talent bien entendu, mais aussi la personne de laquelle émane toute « la légère grâce polonaise ». Goethe écrit dans un de ses courriers une belle chose : Maria Szymanowska en accablerait plus d'un de son talent si elle n'usait de son charme comme d'une excuse. On ne peut mieux dire de sa musique.

Le jeu de Carole Carniel se glisse sans un faux-pas dans ces qualités. On l'imagine devant son Pleyel (no 2 du catalogue), dans un grand salon vide depuis presque deux siècles (on remarque que les meubles sont recouverts de draps), user de son charme, que les voici qui reviennent ceux qui furent le peuple de ces lieux, qui sont encore nous.

L'écriture de Maria Szymanowska, c'est Chopin avant Chopin qui respecterait encore de la dramatisation des classiques, de leur circulation des motifs, de leur imitation, de leur développement thématique. Dans ses concerts elle jouait aussi des œuvres de Mozart (les manières classiques dans ses compositions font plutôt penser à Beethoven). On dit que cette musique est romantique : certainement. On dit aussi que c'est le style « nocturne ». Cette musique polonaise est encore plus particulière que d'être romantique ou de style « nocturne ». Elle est initiée par John Field un Irlandais immigré à Saint-Petersbourg, où Maria Szymanowska est adulée avant d'y mourir dans une épidémie de choléra. C'est avec Chopin, né en France, qu'elle devient « nationale ». Pourquoi ne pas simplement dire musique polonaise du XIXe siècle cette musique si particuière ?

Il arrive que des artistes tombent dans l'oubli dès qu'il sortent de la vie. Paradoxalement, l'une des raisons tient à la puissance de leur influence, ou au fait qu'il sont dans le meilleur de « l'air du temps ». C'est le cas d'Ucellini qui est littéralement pillé, de Vivaldi dont l'art du récitatif se retrouve tout entier chez les classiques viennois « tout naturellement ». La musique de Maria Szymanowska est absorbée par celle de Chopin. Et pourtant au milieu de tant de particularités évoquées, elle est singulière, particulièrement belle, élégante.

Carole Carniel agrémente ce disque de quelques compositions dédicacées à Maria Szymanowska.

Notice biographique de Maria Szymanowska

Jean-Marc Warszawski
4 mai 2004

1. Nocturne en si bemol majeur (Moderato) - 2. Prélude n° 1  (Vivace) - 3. Prélude n° 4 (Agitato) - 4. Prélude n° 3  (Moderato) - 5. Polonaise en si mineur (Risoluto) - 6.  Caprice sur la romance de Joconde (Et l'on revient toujours) - 7. Menuet n° 1 en la mineur (Allegretto) - 8. Prélude n° 15 (Vivace) - 9. Prélude n° 9 (Moderato) - 10. Prélude n° 16 (Grazioso) - 11. Prélude n° 10 (Commodo) - 12. Valse n°  I en mi bémol majeur (Non troppo vivo) - 13. Valse n° III en fa majeur (Vivace. leggiero) - 14. Valse n°  II en la majeur (Moderato) - 15. Prélude n° 18 (Presto) - 16. Prélude n° 13 (Scherzo) - 17. Prélude n° 19 (Con spirito) - 18. Polonaise en fu mineur (Allegro moderato) - 19. Anglaise en la bémol majeur (Non troppo vivo) - 20. Anglaise en mi bémol majeur (Non troppo vivo) - 21. Contredanse en la bémol majeur - 22. Mazurka n° II en fa majeur (Con anima) - 23. Mazurka n° I en ut majeur (Vivo) - 24. Mazurka n° VIII en ré majeur (Risoluto) - 25. Mazurka n° XVII en ut majeur (Animato) - 26. Menuet n° V en mi majeur (Allegro) - 27. Le Murmure, Nocturne (Allegretto) - 28. Karol Kurpinski : [Molto agitato] - 29.  Johann Baptist Cramer, La Tranquilité (Moderato assai) - 30. Friedrich Kalkbrenner, Les Adieux (Agitato ma non troppo Allegro) - 31. George Onslow,  Andante


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