Dans la collection « Dominantes », les éditions Fuzeau
font paraître le fac-similé de la
Canzone de Sergueï Ivanovitch Taneïev, dans deux instrumentations :
l'une pour clarinette et quintette à cordes ; l'autre, pour clarinette (ou
violoncelle) et piano.
Serguei Taneïev (Vladimir, 25 [13 anc. st.] novembre 1856–Dioudkovo
(province de Moscou), 19 [6 anc. st.] juin 1915), pianiste concertiste,
pédagogue renommé, fut élève de Tchaïkovski pour la composition. Outre des
œuvres symphoniques, lyriques ou chorales, il composa de nombreux
ouvrages de chambre, parmi lesquelles dix quatuors à cordes,
quarante romances et de nombreuses pièces pour le piano.
Les instruments à vent furent très prisés en Russie durant le XVIIIe
siècle, parmi les classes terriennes aisées et la noblesse qui louaient
les services de musiciens occidentaux. Les virtuoses employés à la cour
impériale, mais aussi dans les théâtres et les orchestres, contribuèrent
ainsi à la popularisation de cette famille d'instruments. L'école russe
des vents ne se développa véritablement qu'à partir de la seconde moitié
du XIXe siècle, d'une part, sous l'impulsion des compositeurs autochtones
qui les utilisèrent dans l'orchestre et, d'autre part, grâce au
développement de leur enseignement, notamment par des professeurs
occidentaux réputés. Cependant, la composition d'œuvres pour instruments à
vent solistes resta rare.
C'est en 1883 que Taneïev composa la
Canzone, vraisemblablement inspiré par un clarinettiste russe de
talent, Préobrajenski, élève du virtuose allemand Franz Zimmermann, au
Conservatoire de Moscou (créé en 1866 par Nikolaï Rubinstein à la suite de
celui de Saint-Petersbourg, 1862).
Le manuscrit pour clarinette et cordes de Taneïev est intitulé
Andantino. Plus qu'à un quintette, c'est à un orchestre à cordes
qu'il paraît destiné. Taneïev lui-même arrangea l'œuvre pour clarinette
(ou violoncelle) et piano, qu'il intitula
Canzone. La présente édition est fondée sur un autre manuscrit,
plus récent encore, où les parties de clarinette et de violoncelle ont été
révisées par Alexandre Semionov et Pavel Lamm, deux instrumentistes
de renom, en vue d'une publication qu'ils ne purent finalement mener à
bien, dans les années 1940.
La présente publication des éditions Fuzeau contient une assez
importante préface documentaire quadrilingue (russe, français, allemand,
anglais), réalisée par Valeriy Berezin. Elle comporte tout d'abord un
tableau de trois colonnes, qui met en parallèle les jalons de la vie de
Taneïev avec, d'une part, le contexte historique et culturel et, d'autre
part, le contexte musical de son temps. Elle rapporte ensuite des
informations appréciables relatives compositeur, au contexte musical et à
la genèse de la
Canzone. Les diverses sources manuscrites de chacune des versions
existantes sont signalées et discutées. Valeriy Berezin termine son propos
par quelques clefs d'interprétation de la musique de Taneïev, que les
musiciens mettront à profit pour jouer la
Canzone.
Le répertoire des clarinettistes trouvera sans doute dans cette œuvre
de chambre les premières couleurs russes spécialement dédiées à leur
instrument. Pièce brève, dans laquelle la virtuosité technique n'est pas
sollicitée, elle exprime surtout ce versant intérieur de « l'âme russe
».
Isabelle Bretaudeau
Département « Musique et Musicologie »,
Université Lumière–Lyon 2
Table des matières
- Présentation par Valeriy Berezin : tableau chronologique de la vie de
Taneïev face aux contexte historique et culturel, musical de son temps ;
Sergueï Taneïev et sa Canzone pour clarinette et cordes ; les instruments
à vents en Russie ; l'histoire de la création et de l'interprétation ;
sources et rédactions ; l'interprétation de Taneïev
- Andantino pour clarinette et quintette à cordes : conducteur et les
six parties séparées
- Canzone pour clarinette (ou violoncelle) et piano : conducteur, une
partie de clarinette et une partie de violoncelle.
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