Barbara Hendricks. Photographie © DR.
C'est avec un programme « Hector Berlioz » que l'Orchestre philharmonique de Nice sous la direction de Philippe Auguin effectuait le samedi 20 septembre, après un « concert dans la ville » la semaine passée, sa rentrée dans les murs de l'opéra Nice Côte d'Azur. Un programme à la fois classique et exceptionnel : classique avec, précédée du Carnaval Romain, une magnifique exécution de la Symphonie fantastique, opus 14, œuvre dédiée au Tsar Nicolas 1er de Russie et interprétée cet été même au Palais Princier de Monaco par la philharmonie monégasque. Mais exceptionnel par la présence de la soprano Barbara Hendricks dans Herminie, l'une des cantates obligatoires pour tout candidat de l'époque au concours du Prix de Rome. Et qui permit « seulement » au compositeur français d'obtenir en 1828 le second Prix.
Structuré en trois mouvements, le Carnaval romain, opus 9, « ouverture caractéristique » d'Hector Berlioz créée le 3 février 1844 à Paris, reprend deux thèmes de son opéra malchanceux Benvenuto Cellini de 1838. Après une attaque fulgurante des cordes (Vera Novakova au violon solo) en introduction de l'Allegro assai con fuoco en la majeur, aussitôt interrompu par un silence pesant, cette pièce ne laisse de surprendre l'oreille par une orchestration à la fois minutieuse à l'image des variations de l'Andante sostenuto mais aussi par l'extrême vivacité de son rythme dans le saltarello carnavalesque, cette danse endiablée du Tempo I. Allegro vivace renouant avec la tonalité initiale. Et qui se clôt par un tutti fracassant magistralement asséné à l'auditoire par la phalange niçoise et son directeur.
Cette superbe mise en bouche musicale aiguisait les attentes : sous une ovation, doublée d'une chaleur étouffante, la soprano Barbara Hendricks apparaissait sur scène pour interpréter Herminie avec les premières mesures d'une partition qui annoncent l'idée fixe et le thème récurent des cinq mouvements de la future « Fantastique ». Aux récitatifs parfois haletés et à la diction incertaine dus à la chaleur accablante dont a visiblement souffert la cantatrice, nous avons préféré son interprétation intense de la « prière finale » « Dieu des Chrétiens, toi que j'ignore » qu'elle a également offerte en « bis » au public niçois : accompagnée par une phalange jouant pianissimo, cette deuxième version encore plus fervente consacrait l'engagement de cette Ambassadrice de Bonne Volonté du Haut-Commissariat pour les Réfugiés depuis 1987. Laquelle signait cette semaine une poignante tribune dans le quotidien Libération : « L'apatridie, vivre sans exister ». Barbara Hendricks, une soprano dont la voix du cœur ne s'éteindra jamais.
Nice, le 20 septembre 2014
Jean-Luc Vannier
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Vendredi 2 Février, 2024