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Jean-Marc Warszawski, 21 septembre 2010

Jean-Baptiste Lully :Atys

Jean-Baptiste Lully, Atys. La Simphonie, Chœur, Solistes du Marais, direction Hugo Reyne. Musique à la Chabotterie / Codaex, 2010 (605008)

Tragédie en musique de Jean-Baptiste Lully, sur un livret de Philippe Quinault, d'après les Fastes d'Ovide (1676), coffret de 3 CD.

Enregistrement les 17 et 18 août 2009 à Paris, studio Akustika.

On pouvait penser qu'Hugo Reyne et sa Simphonie du Marais avaient tout dit de Lully, avec les 10 albums parus chez Universal. Or, Atys, n'est pas un onzième album, mais le septième d'un label de qualité, « Musiques à la Chabotterie ».

À ce jour, seul les « Arts florissants », sous la direction de William Christie avaient gravé un enregistrement (en 3 CD, Harmonia Mundi 1987), après une recréation mémorable, qui marqua définitivement le mouvement de passion et d'engouement pour la musique ancienne.

Cet opéra a été créé le 10 janvier 1676 à Saint-Germain-en-Laye, avec Marie Aubry dans le rôle de Sangrien et Bernard Clédière dans celui d'Atys. Ce fut une une grande production, réunissant 60 chanteurs, des flûtes, hautbois, basson, 47 cordes, une basse continue assurée par une dizaine de musiciens, et 15 musiciens jouant sur scène.

Cet opéra rassemble tous les ressorts (les roublardises) imaginables de la tragédie classique. Le livret s'inspire librement des Fastes d'Ovide. Atys est amoureux de Sangrine la fille du dieu-fleuve Sangar. Mais elle doit épouser le roi de Phrygie qu'elle n'aime pas, et Atys inspire passion et jalousie à Cybèle, la reine des dieux. Comme on le pense, c'est la cata.

La réception fut mitigée, particulièrement dans le monde des lettres. Mais Lully savait plaire au roi, et le roi dictait le goût du temps. Les dames se pâmèrent.

Encore une fois, on se réclame de la vérité historique, ce qui n'a aucun intérêt, d'autant qu'en cette matière ce sera toujours une histoire fantasmée. Entre la cour réunie à Saint-Germain en 1676, et la platine stéréo qui tourne de CD, il y a, définitivement un monde disparu, qu'on ne peut qu'imaginer et non reconstituer.

De plus, nous aimons penser que la seule chose qui justifie une œuvre d'art, c'est l'œuvre elle-même, qui n'a aucun besoin de méta justifications, pas plus que l'artiste et ses sources d'inspiration (pourquoi aussi dans le très soigné livret accompagnant l'album, ces pages sur les coulisses ?).

Cette interprétation est très réussie (le son y est magnifique), qui accentue le « style français » du chant droit, discrètement ornementé, mettant en avant la beauté et la pureté des voix et non la vélocité des notes. On y veille à la compréhension du texte, ce qui était en effet, pour les tenants du style français contre l'italien, de la plus haute importance. Tout cela a un grand charme pour nos oreilles xxie siècle, malgré une musique assez peu variée.

Jean-Marc Warszawski
21 septembre 2010
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PS.

Dans le livret, on explique comment Louis xiv, choisissait les sujets, relisait les vers, surveillait l'élaboration. Adorable, n'est-ce pas ? Mais dès qu'on parle de Chostakovitch et de Staline, cela devient épouvantable. Allez comprendre !


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