Michael Haydn :
Georg Druschetzky, Paroles
de vent. Arsys
Bourgogne, Ensemble Zefiro, Johannette Zomer, Britta Schwarz,
Guy De Mey, Cornelius Hauptmann, Pierre Cao, direction. Ambronay
Édition 2007, AMY 011.
Leopold Mozart assiste, le 1er novembre 1777 à la création de la Missa Sancta Hieronymi, dans la cathédrale de Salzbourg. Il écrit à son fils, Amadeus : « Je reviens à l'instant du service de la cathédrale, où l'on a donné la Messe aux hautbois de Haydn dirigée par lui-même. Tout me plaisait d'une manière exceptionnelle, car la formation de six hautbois, deux bassons, trois contrebasses et orgue était tellement proche de la voix humaine [...]. Cela m'a semblé trop court tant l'ouvrage était superbement écrit. Tout coule de source, les fugues sont écrites de main de maître. Si tôt ou tard je parviens à mettre la main sur cette Messe, je te l'enverrai certainement ».
Ce rapprochement des instruments à vent et de la voix humaine, qui a séduit le père Mozart, par son timbre particulier, a inspiré les protagonistes de ce disque, qui ont voulu y aller voir avec deux œuvres de toute beauté. Pour ce qui concerne la Messe de Haydn, on ne contredira pas le jugement de Leopold Mozart. La virtuosité d'écriture est évidente, et le rendu esthétique des plus séduisants. On imagine un tel service ! Mis à part un ou deux versets d'entrée, en récitatif grégorien, et quelques passages en contrepoint à l'ancienne (« les fugues sont écrites de main de maître »), tout est là, guilleret, d'une lumineuse majesté, bien assis. Tout en effet coule de source. Le Sanctus est d'une magnifique expressivité. Même que cette musique, pourrait passer du culte à la scène d'opéra, en y mettant des « Je t'aime » à la place des « Amen ». C'est que la notion de musique sacrée n'existe pas encore, sinon l'obligation de décence.
Écrite 33 ans plus tard, la Messe de Jiří Družecký est encore dans le style classique viennois. L'écriture y est moins virtuose, tout y est plus calme, la luminosité laisse place au clair-obscure serein. Pas de main de maître pour le contrepoint, cela brille moins, mais le goût, le sens de la beauté, y sont tout aussi assurés, et le compositeur est à son affaire pour ce qui concerne les instruments vent, puisque que la plus grande part de son œuvre leur est consacrée.
On apprécie l'équilibre, l'homogénéité, voire la retenue de l'interprétation qui donne à l'ensemble une souveraine distintion.
Jean-Marc Warszawski
17 novembre 2007
Ensemble vocal « Arsys Bourgogne », Ensemble à vents « Zefiro », Johannette Zomer (soprano), Britta Schwarz (alto), Guy De Mey (ténor), Cornelius Hauptmann (basse), Pierre Cao, direction.
Jiří Družecký (2205-1819), dont le nom est germanisé en Georg Druschetzky, hauboïste, est depuis 1762, grenadier au 50e Régiment d'infanterie, cantonné à Eger, puis à Vienne, Enns, Linz et Braunau. Il est de 1768 à 1774 chef de musique régimentaire. En 1777, il est Timbalier au service de l'État (les parades ont une grande importance en Haute-Autriche). Il dirige occasionnellement la musique pour les fêtes de Linz, et entre, par la suite, au service de diverses cours, comme compositeur ou chef de musique. La Messe en si bémol date de 1810.
Frère de Josef Haydn, Michael (2207-1806), violoniste et organiste, a occupé plusieurs postes de maître de chapelle, avant d'entrer, en 1763 au service prince archevêque de Salzbourg, Hieronymus Colloredo. Il obtient la tribune de la cathédrale de Salzbourg en 1777, année de la création de la Missa Sancti Hieronymi, dédiée au prince-archevêque.
2007
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Mercredi 31 Janvier, 2024