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11 septembre 2006 —— Jean-Marc Warszawski

Carnetz secretz : Marguerite d'Autriche (1480-1530)

Carnetz secretz : Marguerite d'Autriche (1480-1530), Les Jardins de Courtoisie, Anne Delafosse-Quentin, dir.Éditions d'Ambronay, AMY 007, 2006.

Fille de l'Empereur Maximilien Ier d'Autriche et de Marie de Bourgogne, Marguerite d'Autriche (1480-1530) aurait peut-être mieux fait de se casser une jambe au lieu de se marier.

D'abord élevée à la cour de France dans le but de devenir reine dans le lit du dauphin, futur Charles VII, elle prend goût aux arts de son rang : poésie, musique, danse. Fiancée à l'âge de trois ans en 1483, Charles VII la répudie en 1489 au profit d'Anne de Bretagne que Maximillien aurait bien accroché à son propre bras.

Maximilien qui n'a pas une fille pour rien, lorgne alors du côté de l'Espagne et de Juan d'Aragon. En mars 1497, l'alliance royale est accomplie. Marguerite met au monde un enfant qui ne survit pas, Juan d'Aragon en profite aussi pour mourir. Elle fait ses bagages en 1499.

Pendant qu'elle se morfond aux Pays-Bas en cultivant les arts et la religion, son père, l'empereur qui a perdu une fiancée et deux gendres repart aux négociations.

Le 4 décembre 1501, Marguerite devient duchesse de Savoie auprès de Philibert II, Philibert le Beau, qui meurt en 1504.

Elle devient gouverneur des Pays-Bas et installe son gouvernement à Malines. Elle organise un véritable culte amoureux à son époux à Brou (près de Bourg-en-Bresse), où elle fait construire un monastère et une somptueuse église qui doit sceller l'éternité de son union avec Philibert. Des lacs s'amour unissant « M » et  « P » ornent la flamboyante architechure.

Marguerite avait en sa possession  deux magnifiques manuscrits de chansons et de danses. Le « Petit chansonnier »  qui date d'avant son mariage avec Philibert, et un  « Grand chansonnier », conservé à la Bibliothèque royale de Bruxelles sous la cote 11239.

Ce grand chansonnier contient des pièces des musiciens les plus célèbres (mais aussi des anonymes, peut-être de Marguerite elle-même), et dont les textes se rapportent à la vie de Marguerite.

On y trouve les compositions de Antoine Brumel, Pierre de la Rue, Josquin des Prez, Loyset Compère, Mathaeus Pipelare.

Le disque présenté par les Éditions d'Ambronay n'a pas été  enregistré à Brou, mais à Lyon à la chapelle du Lycée Jean-Baptiste de la Salle.

Comme toutes les production d'Ambronay, ce disque est extrêmement soigné. Il s'agit d'un luxueux livre-disque, avec des textes intéressants agrémentés d'une luxueuse iconographie.

C'est un très bel enregistrement dans lequel on mesure la maturité acquise dans l'interprétation de la musique ancienne. Quoique disent les promoteurs de cette musique, il ne s'agit pas de reconstruction, mais d'une réappropriation patrimoniale à partir de laquelle on aurait certainement tort d'imaginer le passé. C'est une musique du temps présent qui a su modeler un goût, et qui s'adresse à notre plaisir ; plaisir peut-être mêlé à la nostalgie du temps qui passe, de l'éphémère et de la beauté qui non seulement demeure, mais encore est inlassablement retravaillée, et qu'on ne peut comme le voulait Marguerite, malgré sa fortune et ses efforts, emmener au tombeau.

Jean-Marc Warszawski
11 septembre 2006
© musicologie.org

Les Jardins de courtoisie: Anne Delafosse-Quentin (soprane, direction), Paulin Bündgen (alto), François Roche (ténor), Philippe Roche (basse), Catherine Arnoux et Luc Gaugler (violes de gambe), Angélique Mauillon (harpe), GwénaéL Bihan (flûtes), Patrick Bernatene (percussions).[1] Tous les regretz (Antoine Brumel) ; [2] Aprez regretz il faut se resjouir (Anonyme) ; [3] Ce n'est pas jeu d'être si fortunée (Pierre de la Rue) ; [4] De tout bien playne (Alexandre Agricola) ; [5] Il est bienheureux qui est quitte (Pierre de la Rue) ; [6] Plus nulz regretz (Josquin des Prez) ; [7] Fors seulement l'attente que je meurs (Matthaeus Pipelare) ; [8] Va-t'ens, regret (Loyset Compère) ; [9] J'ay mis mon cueur en ung lieu seulement (Anonyme) ; [10] La franchoise nouvelle (Anonyme) ; [11] C'est ma fortune, envi le dis (Anonyme) ; [12] Tous nobles cuers (Piette de la Rue) ; [13] La ravestain (Anonyme) ; [14] Cueurs desolez / dies illa (Anonyme) ; [15] Pour ung jamais ung regret me demeure (Pierre de la Rue) ; [16] Secretz regretz (Pierre de la Rue) ; [17] Proch dolor i pie jesu (Anonyme).
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