15 décembre 2014 — Eusébius.

À l'aise, Blaise ?

André Danican Philidor, Blaise le Savetier, Opéra-comique en un acte. Ensemble Almazis, direction musicale, Iakovos Pappas. Maguelone 2014 (MG 111.196)

Enregistrement à la villa Rose, Malakoff en septembre 2013

Le livret figure sur la partie CD-rom lisible sur l'ordinateur

Partagé entre l'amour des échecs — son Analyse du jeu des échecs demeure une référence — et la musique, André Danican Philidor attendra l'âge de 28 ans pour livrer le premier de ses 21 ouvrages lyriques¹. Le brillant succès de Blaise le savetier, imprimé la même année 1759², sera suivi de bien d'autres. La musique a besoin de défricheurs autant que de jardiniers. De la première espèce relève Iakovos Pappas, spécialiste du chant baroque et de la déclamation, qui s'attache à la résurrection d'ouvrages quelque peu tombés dans l'oubli. Après Le maréchal ferrant, du même Philidor, et L'Isle des fous, de Duni, il a rendu vie à notre opéra-comique au Festival de la Chabotterie 2013. Cet enregistrement en est le prolongement naturel.

Nous ne suivons pas forcément l'auteur du texte d'accompagnement lorsqu'il affirme que Philidor fut « le plus grand compositeur français de la seconde moitié du XVIIIe S ». C'est faire peu de cas de Grétry, Monsigny et Dalayrac…

Le livret de Sedaine est transposé d'un conte en vers de La Fontaine, Le savetier, quelque peu leste, libertin. Le bourgeois lubrique est devenu huissier dans l'opéra-comique, mais la trame reste semblable : les charmes de la jeune et belle épouse du savetier doivent permettre d'effacer les dettes de son mari…

Les interprètes des Foires parisiennes étaient comédiens et chanteurs. Ce type d'ouvrage, s'il ne requiert pas de grandes voix, exige des acteurs chevronnés. Ceux de cet enregistrement doivent l'être à en juger par le succès public. Le CD, réduit à la seule dimension musicale, souffre cependant de cette réduction.

Ouvrage sans autre prétention que de divertir agréablement, ce petit opéra-comique ne manque pas de qualités. C'est gentil, coquin, toujours aimable, jamais fade. Les mélodies sont agréablement ficelées, avec de réelles trouvailles. Les ensembles, fort nombreux, sont d'une richesse insoupçonnée pour ce genre.

Les hommes s'en tirent plutôt bien. Christophe Crapez, ténor et Paul Alex Dubois, baryton, ont fait leurs preuves, et leur aisance dans ce répertoire est manifeste. Hélas, il en va tout autrement de ces dames, sans doute comédiennes mais fort médiocres chanteuses. L'instabilité de l'émission est fréquente, les vocalises proches de la parodie chez Elisabeth Fernandez. Caroline Chassany a un beau registre medium, mais le jeu comique l'emporte trop fréquemment sur le chant.

L'orchestre, comme il se doit pour un ouvrage destiné à la Foire Saint-Germain, est réduit à sa plus simple expression (2 violons, un hautbois, un violoncelle et un basson). Son interprétation n'est pas toujours exempte d'une forme d'outrance — on est à la Foire — qui peut être prise pour de la maladresse. Philidor sait tirer le meilleur parti de cette formation réduite, avec élégance.

Même desservi par ses voix de femmes, ce CD constitue un témoignage honnête et intéressant sur un genre quelque peu méprisé, dont l'influence et la postérité furent décisives pour l'art lyrique.

Caroline Chassany ( Madame Pince), Elisabeth Fernandez (Monsieur Pince), Christophe Crapez (Blaise), Paul-Alexandre Dubois (Un record), Jérôme Gueller, Ensemble Almazis, Direction musicale, Iakovos Pappas

Eusebius
15 décembre 2014
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1. Qui se souvient qu'il écrivit une messe pour l'anniversaire de la mort de Rameau, exécutée en 1764 à l'Oratoire ?

2. un an après, Gluck nous donne, depuis Vienne, L'Ivrogne corrigé ou le Mariage du diable, dont les qualités sont d'une autre nature

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Mercredi 31 Janvier, 2024