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2006, par Jean-Marc Warszawski.

Malou Haine : Ernest Van Dyck, un ténor à Bayreuth

HAINE MALOU, Ernest Van Dyck, un ténor à Bayreuth. Suivi de la correspondance avec Cosima Wagner.Éditions Symétrie, Lyon 2005 [2220 p.]

Professeur à la section de musicologie de l'Université Libre de Bruxelles, directrice du beau musée des instruments de la ville de Bruxelles, directrice de collection aux éditions Mardgaga, Malou Haine est connue dans le monde de la musique. Elle a publié de nombreux ouvrages. Elle  récemment publié, chez Mardaga un livre sur la mise en musique des textes de Jean Cocteau dans lequel, après une partie rédigée substantielle,  elle offre un dense matériel documentaire raisonné.  Elle adopte ici le même principe, somme toute judicieux.

Le ténor Ernest Van Dyck est né en 1861 à Anvers dans une famille d'industriels. Après des études de droit à Louvain et à Bruxelles, et une activité amateur de chanteur, il est journaliste à Paris.  Il étudie le chant auprès de Saint-Yves Bax (1829-1897), professeur au Conservatoire national. Il prend également des cours auprès de Jules Massenet et d'Emmanuel Chabrier. Il fait ses débuts à Paris en 1883 dans la cantate Paul Vidal, «Le Gladiateur» sur un texte d'Émile Moreau qui concoure pour le Prix de Rome.

Le 3 mai 1887, à l'Eden-Théâtre de Paris, il chante en français le rôle-titre lors de la création intégrale française de Lohengrin de Wagner. C'est son vrai début qui est suivi par le succès à l'Opéra de vienne, au Metropolitan Opera de New York, au Covent Garden de Londres, à Saint-Petersbourg, Prague, Budapest etc.  Il se distingue particulièrement dans les œuvres de Massenet  et de Wagner.

L'étude de Malou Haine est circonscrite à la carrière que fait Ernest van Dyck au festival de Bayreuth dirigé par Cosima Wagner (Richard Wagner est mort en 1883).

Le 3 mai 1887, parmi les spectateurs de l'Eden-Théâtre, il y a Adolf von Gross, intendant général du Festival, accompagné de son épouse. Hermann Levi,  un des chefs d'orchestre du festival, quant à lui, assiste à la répétition générale. Le jeune Siegfried Wagner (1869-1760), séjournant à Paris, incognito en raison des manifestations anti-wagnériennes, rate la représentation pour des raisons de calendrier scolaire.

En septembre Van Dyck auditionne à Munich devant le clan Wagner, puis devant Cosima en personne. Il  fait une énorme impression, il semble être le ténor  attendu en vain depuis des années. Il est engagé pour la saison de 1888. Mais c'est à l'Opéra de Vienne, en novembre 1887 que Van Dyck chante pour la première fois Lohengrin en allemand.

Il doit parfaire sa diction en allemand et préparer le rôle de Walther von Stolzin des Meistersinger. Le chef d'orchestre Felix Mottl et le chef de Chœur Wilhelm Bopp sont chargés de diriger ce travail.

C'est le début d'une histoire d'enthousiasmes et d'admirations mutuelles, de conflits où s'opposent les impératifs des nombreux engagements du chanteur et sa disponibilité dans le lourd dispositif de préparation des spectacles de Bayreuth, mais aussi des divergences sur la conception des rôles. Il y a rupture, puis retrouvailles, et une séparation définitive avec la première guerre mondiale.

On suivra cette histoire avec plaisir par la lecture des 107 lettres échangées par Cosima Wagner et Ernest Van Dyck, publiées en seconde partie du livre et en regardant la riche iconographie, sorties des archives familiales Van Dyck. Mais à mon sens, ce livre vaut surtout par sa première partie.

Richement documentée (et préparée par plusieurs études depuis plusieurs années), cette partie nous ouvre de manière vivante le monde du festival de Bayreuth côté décideurs dès après la mort Richard Wagner. Le style de la maison, les choix esthétiques mais encore les règles disciplinaires, sa vie mondaine, l'air musical du temps.

Puisque nous sommes en l'année Mozart, laissons Ernest Van Dyck rendre un hommage à la modernité de son temps. Le 16 septembre, avant son audition devant Cosima Wagner, il se rend avec Hermann Levi à une représentation d'Idoménée de Mozart : « Vieillerie insipide, exhumation inutile mais archaiquement intéressante pour moi. Une musique cuite par Gluck et saucée par Mozart. Acteurs consciencieux mais maniérés et ridicules. Heinrich Vogl en tête et Madame Weckerlin.» [p. 13-14]

2006, par Jean-Marc Warszawski.


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