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Dijon, 2 décembre 2011, par Eusebius

Une Création… inachevée: Emmanuelle Haïm et le Concert d'Astrée

Soyez rassuré, Haydn a bien terminé son chef-d'œuvre, et les 34 numéros ont bien été joués (avec même le magnifique chœur final donné en bis) ! Pourquoi ce sentiment d'inachèvement, donc ?

Emmanuelle Haïm, comme ses confères issus de la renaissance baroque, affirme rechercher une certaine véracité, sinon vérité, dans leur fidélité au texte et à l'esprit qui présidèrent à la création d'une œuvre. Son ensemble bien connu fait appel à des musiciens spécialisés jouant sur instruments d'époque ou des copies, avec une technique et une stylistique conformes.

De multiples témoignages authentiques relatent les premières exécutions de la Création, tant privée que publique. Un nombre exceptionnel d'interprètes (un effectif allant de 180 à plus de 400), une disposition singulière (les chœurs et les solistes au premier plan, devant l'orchestre). Ce soir, ce fut une version chambriste, ou amaigrie : si les vents étaient conformes aux exigences de Haydn (hormis 2 cors au lieu de 4), les cordes paraissaient bien grêles, en net retrait. Quels que soient le professionnalisme et l'engagement des 24 choristes, leur ensemble – virtuose – est sans commune mesure avec la taille de ceux dirigés par le compositeur.

Mais, oublions ces rappels et réserves de caractère historique pour apprécier le résultat musical de cette soirée. Des solistes hors pair (Camilla Tilling, Benjamin Hulett et le splendide Christopher Purves), des vents aux belles couleurs, un orchestre bien rodé, un continuo juste, inventif (un pianofortiste remarquable), et la gestique toujours saccadée d'Emmanuelle Haïm, heureusement sans conséquence néfaste.

Si certains numéros sont une parfaite réussite – le début avec le toujours extraordinaire « es war Licht », le magnifique trio (n°27), et le chœur final, déjà mentionné – j'avoue être très dérangé par certains tempi retenus par le chef. La plupart des andante n'avancent pas (sauf le n°24), un poco adagio allant (n°13), un presto très retenu (n°21), un adagio pris andante (n°30)… Une certaine monotonie en découle, renforcée par des nuances et des progressions amoindries, affadies.

Avec une telle phalange, Emmanuelle Haïm pouvait obtenir bien davantage au niveau de la vie, des effets, des figuralismes. Dommage, un essai insuffisamment abouti, donc, en dehors des solistes dont nous retiendrons les qualités particulières.

Eusebius
3 décembre 2011


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