De l'Egypte ancienne à nos jours, des ambiances graves aux plus légères, la nouvelle production de l'opéra de Haendel « Guilio Cesare », présentée à l'Opéra national de Paris avec pour vedette la soprano Natalie Dessay, navigue sur un étrange mélange des genres.
Emmanuelle Haïm assure la direction musicale de l'œuvre à la tête de son orchestre baroque du concert d'Astrée, accompagné des chœurs de l'Opéra de Paris, dans une mise en scène de Laurent Pelly.
L'action, complexe, de « Giulio Cesare » se situe en Egypte après la victoire de Jules César sur le général romain Pompée à Pharsale, en Grèce. Pompée est assassiné sur l'ordre de Ptolémée, le frère de Cléopâtre. Mais Ptolémée, de même que son général Achillas, s'enflamme pour la veuve de Pompée, Cornélie, qui, accompagnée de son fils, a juré de venger son époux.
Cléopâtre, quant à elle, s'emploie à conquérir le cœur de César dont elle finit par s'éprendre.
« Giulio Cesare », composé en 1724, est considéré pour sa richesse mélodique comme l'un des chefs d'œuvre de l'opéra baroque italien que Haendel a fait découvrir au public de Londres, où il s'était installé.
Pour décor, la remise d'un musée où s'entassent des bustes sur des étagères métalliques et où s'activent des travailleurs en costumes de toutes les époques de l'Antiquité à nos jours. Pendant les trois actes de l'opéra, ils ne cesseront d'aller et venir transportant des colonnes, des caisses, des tableaux de différentes époques, ou de gigantesques statues.
« Le tragique, l'émotion viennent surtout de la musique, du rythme aussi, mais la partie comique n'est pas négligeable », affirme le metteur en scène qui « évoque le traitement à l'eau de rose de la grande Histoire » dans cet opéra.
« La plupart des ouvrages que j'ai montés se maintenaient sur le fil entre le léger et le grave, la mélancolie et l'humour », assure-t-il.
D'emblée, le ton est donné quand les bustes installés sur les étagères du musée se mettent à chanter comme s'ils étaient des chœurs, alors qu'une tête monumentale, celle de Pompée, est apportée à César.
Une autre gigantesque statue couchée, tel un Toutankhamon, est traînée sur la scène et c'est sur elle que Cléopâtre, interprétée par une Natalie Dessay aux cheveux très courts, vêtue d'une robe en voile blanc transparent, va évoluer un temps, alliant prouesses vocales et acrobaties.
Puis, sur un diable destiné à transporter les marchandises, elle est amenée devant César, interprété par le contre-ténor américain Lawrence Zazzo, les rôles principaux masculins étant traditionnellement joués par des castrats dans ce type d'opéra.
Femme légère et aguicheuse, Cléopâtre danse, presque nue, devant les ouvriers du musée et prend des poses langoureuses sur une caisse où se lit l'inscription « fragile ».
La mise en scène a fait grincer des dents une partie du public. Mais Cléopâtre a ému par la profondeur de son chant et suscité de nombreux applaudissements.
« Giulio Cesare » est joué jusqu'au 17 février dans la salle de l'Opéra Garnier et sera retransmis en direct dans les cinémas UGC le 7 février, puis sur France 2 et la chaîne musicale Mezzo.
À propos - contact |
S'abonner au bulletin
| Biographies de musiciens | Encyclopédie musicale | Articles et études | La petite bibliothèque | Analyses musicales | Nouveaux livres | Nouveaux disques | Agenda | Petites annonces | Téléchargements | Presse internationale | Colloques & conférences | Collaborations éditoriales | Soutenir musicologie.org.
Musicologie.org, 56 rue de la Fédération, 93100 Montreuil. ☎ 06 06 61 73 41.
ISNN 2269-9910.
Dimanche 22 Septembre, 2024