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Le Bolchoï se frotte à l'œuvre de Forsythe

Un duo, homme et femme en jupes jaunes identiques, de la musique électronique et des pas vertigineux à la limite du possible: les danseurs du Bolchoï, temple du classique, relèvent le défi du chorégraphe américain William Forsythe.

Le Bolchoï s'initie à l'œuvre de Forsythe, étoile de la danse contemporaine qui a redéfini le ballet classique, avec « Herman Schmerman », créé en 1992 pour le New York City Ballet et dont la première à Moscou a eu lieu mercredi.

« Si vous avez l'intention de voir un seul ballet dans votre vie, il faut que ce soit celui-ci », s'enthousiasmait Ioulia Iakovleva, critique du magazine culturel Aficha, qualifiant l'évènement de « crucial » pour le Bolchoï.

« Nous découvrons Forsythe avec un très grand retard, mais nous sommes heureux que ce soit nous », a déclaré la danseuse Anna Okouneva en marge de la répétition générale.

« Cela permet d'atteindre des horizons impossibles dans la danse classique », a-t-elle expliqué.

Son partenaire, Denis Savine, est tout aussi enthousiaste: « le sens de ce ballet est d'éprouver du plaisir en bougeant différemment à chaque nouvelle représentation. C'est génial ».

Le ballet « Herman Schmerman » doit son nom à une phrase de la comédie noire américaine « Dead Men Don't Wear Plaid » (Les cadavres ne portent pas de costard) qui « ne veut rien dire ». Selon Forsythe, « le ballet ne veut rien dire non plus ».

Une chose inimaginable pour le Bolchoï qui n'a découvert qu'en 2007 la chorégraphie américaine, de la danse pure sans dramaturgie.

Pour Noah Gelber, ancien danseur de Forsythe qui a mis en scène Herman Schmerman à Moscou, son maître, qui apprécie l'école de la danse classique, est « heureux que son ballet soit réalisé en Russie ».

Forsythe autorise à « perdre la rigidité du torse, être expressifs grâce aux mouvements des bras et des coudes ». « C'était un défi intéressant pour les danseurs au début, maintenant ils commencent à prendre du plaisir », selon Noah Gelber.

« Nous ouvrons des portes aux danseurs, leur permettons d'explorer leurs propres capacités », ajoute-t-il.

En dépit de ce laissez-aller apparent, les danseurs doivent avoir une forme physique exceptionnelle pour ce ballet d'une demi-heure, sur la musique électronique de Thom Willems.

« C'est terriblement éprouvant », reconnaît Denis Savine. « Il montre des performances extraordinaires du corps humain », renchérit Anna Okouneva.

Herman Schmerman est donné avec deux mini-ballets de George Balanchine: « Sérénade » de Tchaïkovski déjà présenté au Bolchoï en 2007, et Rubis de Stravinski, une première.

Ce choix est justifié, Forsythe « étant l'étape suivante après Rubis », estime Sandra Jennings, ancienne danseuse du New York City Ballet qui a mis en scène le ballet de Balanchine au Bolchoï.

« Rubis est l'un des ballets les plus durs stylistiquement, une œuvre très américaine, jazzy, c'est du Broadway sophistiqué », a-t-elle expliqué pendant la répétition générale.

Là aussi il y a des nouveautés pour les danseurs du Bolchoï: bouger énergiquement des hanches et compter tout au long du spectacle, le rythme de Stravinski étant irrégulier.

En contrepartie, « on peut vraiment se déchaîner et apparaître féminine, séduisante », dit la star du Bolchoï Natalia Ossipova.

© musicologie.org


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Samedi 14 Septembre, 2024 15:56