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Gonjasufi, musicien mystique mais star capricieuse

Auteur d'un des albums les plus remarqués et les plus inclassables de l'année, entre hip-hop et incantations chamaniques, l'Américain Gonjasufi, rescapé de la drogue et de la rue, avoue livrer une lutte permanente contre sa « violence intérieure » et son « ego ».

Pour son premier concert en France, samedi en clôture de la 32e édition des Trans Musicales de Rennes, dont il était l'un des invités les plus attendus, il a montré que ce combat n'était pas entièrement gagné.

S'il a canalisé la première dans sa musique, il a cédé au second, quittant définitivement la scène au bout de six chansons, sans un mot, face un public à la ferveur anesthésiée par un torrent de décibels qui a noyé toute subtilité.

« Je fais beaucoup de yoga, il m'aide à contrôler mon ego, mon énergie et ma personnalité très agressive », a pourtant assuré à l'AFP le chanteur, qui vit retiré avec sa famille dans le désert près de Las Vegas, dans le Nevada.

Dreadlocks et visage marqué, Sumach Ecks, né de parents d'origine éthiopienne et mexicaine, a signé quatre premiers albums sous le nom Sumach Valentine avant d'atteindre une audience internationale avec le dense et foisonnant « A sufi and a killer » (Warp). Mais il revient de loin.

Plongé dans la drogue et vivant dans une caravane à San Diego (Californie) il y a huit ans, il confie avoir été sauvé par celle qui allait devenir sa femme, une photographe rencontrée par hasard alors qu'il traînait dans la rue.

« Elle a cru en moi et m'a donné, aussi, les moyens d'acheter du bon matériel de travail », indique le chanteur, aujourd'hui père de trois enfants.

« Je suis devenu un bon père de famille. Je me couche à 04H00 du matin parce que je fais de la musique, mais à 07H00 je suis levé pour amener ma fille à l'école », assure-t-il.

« Sans ma famille, je traînerais encore avec mes potes à me droguer. Mon but est que mes enfants aient une meilleure situation que moi. Mais c'est encore dur pour moi. Tous les jours », affirme le chanteur.

Une ambivalence présente de bout en bout de « A sufi and a killer », coproduit par le DJ Gaslamp Killer, où des bribes de tendresse et d'élégie alternent avec des explosions saturées. « C'est mon album le plus complet, celui qui reflète toutes mes personnalités. Mais le meilleur reste à venir », estime Gonjasufi.

Soufisme et ganja: aux côtés du yoga, deux autres catalyseurs de ses efforts de contention, reconnaît l'artiste.

« Le soufisme est un bonne chose. Mais je ne veux pas m'y laisser enfermer. C'est pourquoi j'ai rajouté un tueur (dans le titre de l'album, ndlr), c'est une question d'équilibre, de yin et de yang », précise-t-il sans ciller.

Sur la scène de Rennes, les quelques morceaux joués semblaient augurer, pour ceux qui auront pu les entendre dans des conditions acoustiques convenables, d'une transposition réussie du gros travail de studio effectué sur l'album. Jusqu'à ce qu'un caprice de star mette fin au concert.

© musicologie.org


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Mardi 10 Septembre, 2024 12:50