musicologie

4 décembre 2010 ——

Quinze ans après sa conception, l'aventure musicale AfroCubism voit le jour

AfroCubism, réunion de prestigieux musiciens maliens et cubains conçue il y a quinzaine d'années et avortée pour un retard de visas, voit enfin le jour avec un disque, un concert à Paris et une tournée pour l'été 2011.

Le disque « AfroCubism » (World Circuit) est paru en novembre, un concert aura lieu à Paris (Le Bataclan) le 5 décembre, avant une tournée estivale (coup d'envoi le 2 juillet à Lyon lors des Nuits de Fourvière) pour cette formation dont Eliades Ochoa (guitare acoustique, chant) et son Grupo Patria, Ddjelimady Tounkara (guitare électrique), Toumani Diabate (kora), Bassekou Kouyate (ngoni, sorte de petite guitare) et Kasse Mady (chant) forment le noyau dur.

Mars 1996. Nick Gold, patron du label World Circuit, a réservé pour un mois les studios Egrem à La Havane afin d'y enregistrer deux disques: « Afro Cuban All Stars », avec le pianiste Ruben Gonzalez, est réalisé; le second, cette rencontre malio-cubaine, est annulé.

A la place se retrouvent en studio, autour de Ry Cooder, quelques gloires oubliées de l'âge d'or de la musique cubaine comme Ibrahim Ferrer, Omara Portuondo ou Compay Segundo: le Buena Vista Social Club est né.

De quoi aviver les regrets de Djelimady Tounkara, guitariste leader du Super Rail Band, formation phare de musique mandingue moderne.

« Nous avions dû envoyer nos passeports au Burkina, car il n'y avait pas d'ambassade de Cuba à Bamako », a raconté à l'AFP ce musicien. Frappés du fameux visa, les passeports reviennent... avec vingt jours de retard.

« Entre-temps, j'étais parti en tournée en Gambie, se souvient Djelimady Tounkara. Cela m'a fait très mal, car c'était un rêve pour moi d'aller jouer à La Havane avec des musiciens cubains ».

Mais AfroCubism n'était pas enterré pour autant. « Ce projet est toujours resté dans un coin de ma mémoire, a confié à l'AFP Nick Gold. Il restait vivant, car nous en parlions avec les musiciens concernés, avec lesquels je suis toujours resté en contact ».

« Si nous avons attendu 14 ans pour le produire, c'est parce que d'autres projets ont pris forme, que le succès du Buena Vista Social Club a nécessité beaucoup de temps et d'énergie », poursuit-il.

En 2008, une fenêtre s'ouvre: Eliades Ochoa, gardien de la flamme des musiques de Santiago de Cuba (sud-est de l'île), et Bassekou Kouyate, en tournée, se retrouvent ensemble à Madrid avec une semaine « off ».

« Nous avons décidé de passer à l'acte, explique Nick Gold. Nous pensions enregistrer une poignée de chansons lors de cette session, puis creuser le sujet lors d'enregistrements suivants, à Cuba ou au Mali. Mais ces cinq journées à Madrid furent tellement fructueuses que nous avions plus qu'il n'en fallait pour un album ».

Le disque restitue la complicité née de cette rencontre improvisée entre l'Ouest africain et l'Oriente cubain, le mandingue et le « son », les cordes de la kora, du ngoni, de la guitare électrique de Djelimady Tounkara et celles de la guitare acoustique d'inspiration espagnole d'Ochoa. Le balafon se mêle naturellement à l'ensemble.

Au delà d'allers-retours entre Mali et Cuba, une vraie fusion s'opère sur certaines chansons: « Mali Cuba », l'accord parfait, et « Nima Diyala », où le solo de Djelimady Tounkara nous replonge dans les années 60, lorsque l'Afrique noire se nourrissait abondamment de musiques afro-cubaines.

 

 

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