musicologie

3 décembre 2010 ——

« La Princesse de Clèves » renaît au théâtre et conquiert le jeune public

Le pari était risqué, le public est séduit, notamment les jeunes: « La passion corsetée », au Lucernaire à Paris, adaptation de « La Princesse de Clèves » par Laurence Février et « réponse artistique à Nicolas Sarkozy », révèle avec brio un chef-d'œuvre de la littérature.

Pendant la campagne présidentielle, M. Sarkozy s'était étonné que « La Princesse de Clèves » soit au programme d'un concours d'attaché d'administration.

Une trentaine de jeunes de 19 ans, étudiants en deuxième année de classe préparatoire HEC au lycée Kerichen de Brest (Finistère), en ont fait l'expérience cette semaine, saluant par un tonnerre d'applaudissements la performance de la comédienne, seule en scène.

La plupart n'avaient pas lu l'ouvrage attribué à Madame de La Fayette, considéré comme le premier roman moderne de la littérature française.

Une performance d'autant plus impressionnante que « La Princesse de Clèves » a inspiré nombre de cinéastes mais n'a presque jamais été mise en scène au théâtre depuis l'adaptation de l'ancien administrateur de la Comédie-Française Marcel Bozonnet.

L'histoire d'une passion absolue pour un trio tragique: le duc de Nemours est épris de la princesse de Clèves, qui l'aime en retour, mais est adorée de son époux... Ce texte « nous dit le dépassement de soi, l'utopie, la démesure, la singularité, l'abnégation, l'amour fou. Entendre La Princesse de Clèves aujourd'hui c'est partager ce chef-d'œuvre de façon collective et le transmettre à des générations qui n'y ont plus accès », dit Laurence Février à l'AFP.

« On a l'impression de voir tous les personnages dont elle parvient à révéler les caractères avec le langage », commente Lucie Quéré à l'issue de la représentation.

« J'ai adoré le passage de la rencontre au bal, à la cour (entre la princesse de Clèves et le comte de Nemours) ! C'est très bien mis en valeur », ajoute Mathilde Souchu. « Elle a supprimé tout ce qui était superflu et gardé l'essentiel », dit Thomas Le Brun.

« La magnificence et la galanterie n'ont jamais paru en France avec tant d'éclat que dans les dernières années du règne de Henri second »: de ce tout début d'intrigue à la fin tragique d'une princesse qui renonce à sa passion, Laurence Février, vêtue d'une grande robe rouge baroque, dit avec force le texte « corseté par la langue et les sentiments », dont elle a choisi des passages et qui dure environ une heure.

« La polémique autour de l'œuvre m'a fait sortir de mon amour secret pour elle. J'ai voulu défendre ce patrimoine littéraire. C'est ma réponse artistique à Nicolas Sarkozy », explique-t-elle.

« La musique est très bien accordée à la langue, surtout lorsque les thèmes sont sombres », dit Ulysse Rosati. « C'est bouleversant. La leçon énorme de la princesse de Clèves à elle-même, c'est ce qui fait toute la beauté du texte, encore actuel même si la société a changé », ajoute Alexis Langlois.

« Elle finit au couvent parce qu'elle ne veut pas perdre l'absolu. On est dans le sublime, une valeur étouffée aujourd'hui », souligne Laurence Février.

« Il s'agit au fond de devoir moral, de ne pas se tromper soi-même... C'est très beau et la pièce laisse une grande place à l'imagination », conclut la jeune Léa Guitty.

« La passion corsetée », Le Lucernaire (Paris) jusqu'au 16 janvier.

© musicologie.org


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