En 1508 il est clerc à la Sainte-Chapelle de Paris (document du 19 juillet 1508), puis il sert à la chapelle royale sous Louis XII (1462-1515) et François Ier (1494-1547).
Il obtient le bénéfice du prieuré de Saint-Jean de Bouguennec dans le diocèse de Nantes, et demande au pape des dispenses pour cumuler des bénéfices inconciliables.
Les documents de février et juin 1510 le désignent comme chanteur de la chapelle privée de la reine et clerc dans le diocèse de Noyon. Il entre peut être à la chapelle royale en 1514, après le décès de la reine.
Il prend part comme chanteur, aux cérémonies qui entourent les pourparlés de Paix entre le Pape et le roi de France à Bologne du 11 au 15 décembre 1515.
Le 30 janvier 1516, il reçoit des dispenses du pape Léon X (et un canonicat à Noyon). Il prend peut être part aux festivités de l'entrevue du Camp du Drap en d'Or (entre Guînes et Ardres en Flandre) en 1520, où pendant trois semaines, François Ier et Henry VIII d'Angleterre rivalisèrent de fastes et d'apparâts.
Il est chanoine de Notre-Dame-de-la-Rotonde de Rouen où il semble avoir résidé, et abandonne cette charge au profit d'une autre à Camberon (Abbeville) en 1524, puis revient à Paris en 1532 comme sous-maïtre de la chapelle royale dirigée par le cardinal de Tournon (l'éminence grise de François Ier et mécène, cardinal en 1530).
Claudin de Sermisy, Tant que vivray en âge florissant (1527), par l'Ensemble Clément-Janequin.
Il prend peut être part aux cérémonies de la seconde entrevue des rois de France et d'Angleterre à Boulogne en octobre 1532. Il a une maison à Paris, assez vaste pour recevoir les clercs chassés de Saint-Quentin par les troupes espagnoles en 1559.
Il reçoit pour sa charge de sous-maître une rémunération annuelle de 400 tournois (1533), puis de 600 (1543), puis de 700 (1547), à laquelle s'ajoutent entre autres les revenus du canonicat (il en reçut 13) et de la charge de chanoine à la Sainte-Chapelle de Paris à partir de 1533, et d'une prébende à Sainte-Catherine de Troyes en 1554.
Musicien de cour, il a mit en musique les poèmes de Clément Marot, des textes de François Ier, de François de Tournon, Claude Chappuys, Bonaventure des Périers, Antoine Héroët.. Il reçu, de son vivant l'hommage des écrivains comme Maître Mitou (Jean Daniel), Rabelais, Ronsard.
Claudin de Sermisy, La , la, la , maistre Pierre, pa la Capilla Flamenca.
Catalogue des œuvres
12 messes (11 à 4 voix, 1 à 5 ; 1532-1556) dont un Requiem (1532)
1 Kyrie à 6 voix manuscrit
1 Credo isolé en faux-bourdon (édition posthume ; 1584)
1 Amen à 4 voix (1540)
Une centaine de motets
8 Magnificat (un cycle de huit à 4 voix et une pièce isolée à 3) et 2 fragments
des Lamentations à 4 voix
une Passio Domini secundum Matthaeum (manuscrite)
4 chansons spirituelles en français (1552-1555)
169 chansons polyphoniques de 2 à 4 voix
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Discographie
Claudin
de Sermisy Leçons des ténèbres Motets
Ensemble
Clément Janequin
Dominique Visse dir.
Harmonia Mundi, HMC 901131
1984
1. Leçons de ténèbres 1- Thau ; 2. Leçons
de ténèbres 2 - Ghimel ; 3. Leçons de ténèbres
3 - Zay ; 4. Resurexis ; 5. Exsurge ; 6. Noe, noe, magnificatus
est rex pacificus ; 7. Salve regina ; 8. Deus misereatur nostri
:; 9. Inclina Domine (psaume 85)
Quelques Textes mis en musique par Sermisy
Dont vient cela, belle, je vous supply,
Que plus à moy ne vous recommandez ?
Tousjours seray de tristesse remply,
Jusques a tant qu'au vray me le mandez.
Je croy que plus d'amy ne demandez.
Ou maulvais bruyt de moy on vous revelle
Ou vostre cœur a fait amour nouvelle.
Si vous laissez d'amour le train joly,
Vostre beauté prisonniere rendez ;
Si pour autruy m'avez mis en oubly,
Dieu vous y doint le bien que pretendez
Mais si de mal en rien m'apprehendez,
Je veulx qu'autant que vous me semblez belle,
D'autant ou plus vous me soyez rebelle.
Secourez moy, ma dame par amours,
Ou autrement la mort me vient querir,
Aultre que vous ne peult donner secours
A mon las cœur, lequel (pour vous) s 'en va mourir.
Hélas, hélas, venez tost secourir
Celuy qui vit pour vous en grande tristesse,
Car de son cœur vous estes la maistresse.
Si par aymer et souffrir nuictz et jours,
L'amy dessert ce qu'il vient requerir,
Dictes pourquoy faictes si longs sejours
A me donner ce que tant veulx cherir ?
O noble cueur, laisserez vous perir
Vostre servant par faulte de liesse ?
Je croy qu'en vous n'a point tant de rudesse.
La, la, maistre Pierre, la, la, beuvons don.
En revenant de Nanterre
Je m'assis sur une pierre,
Aupres de moy le flascon.
Pour éviter le caterre,
A ce flascon fait la guerre
En mengeant d'ung gras jambon
Je ne menge point de porc.
Telle que je vois dire,
S'il a mengé cent estrons,
Il ne s'en fera que rire.
Il les tourne, il les vire,
Il leur rit et puis les mort.
Je ne menge point de porc.
Le porc s'en alloit jouant
Tout au long d'une rivière.
Il veit ung estron nouant,
Il luy print a faire chere,
Disant en ceste maniere :
"Estron nouant en riviere,
Rend toy ou tu es mort."
Je ne menge point de porc.
Puisqu'en amour a si grand passetemps,
Je veuille aimer, chanter, dancer et rire,
Pour réjouir mon cœur que deuil martire;
Voilà le point et la fin où je tends.
Se j'ai l'amour de celle ou je pretends,
Croyez qu'ennui et souci, qui est pire,
N'auront jamais puissance de me nuire,
Car je serai du nombre des contents.
Vien tost despiteux desconfort
Vien tost car je vis en tristesse.
Helas si ma douleur ne cesse,
Il m'y vauldroit mieux estre mort.
Jean-Marc Warszaski
2002
Mise à jour du miroir de page 6 septembre 2016